homélie du 4e dimanche de Pâques, 25 avril 2021
{joomplu:32} L’Église naissante a fait l’expérience que le nom de Jésus sauve. Pierre et Jean guérissent « au nom de Jésus Christ, le Nazaréen ». Au tout début de l’Évangile, l’ange avait précisé à saint Joseph qu’il devrait appeler l’enfant Jésus, c’est-à-dire « le Seigneur sauve », car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (Mt 1,21). Les apôtres n’agissent pas au nom des valeurs évangéliques, au nom de la fraternité ou quelque chose du genre, mais au nom de Jésus. Le nom, c’est la personne. Faire référence au nom de Jésus nous empêche de réduire le christianisme à une théorie, une théorie morale bien souvent, ou plutôt moralisatrice.
Au contraire, le chrétien trouve le sens de sa vie en suivant Jésus, en écoutant Jésus, en aimant Jésus. Le fait d’observer des règles, de vivre raisonnablement, de s’imposer des efforts, de pratiquer des rites, tout cela ne devrait avoir qu’une seule source : aimer Jésus et accueillir son amour qui nous sauve. Penser à Jésus, redire son nom dans notre tête, vouloir garder une de ses paroles chaque jour dans notre cœur, voilà de belles pratiques qui nous feront avancer.
Pourquoi le nom de Jésus a-t-il un tel pouvoir ? Le nom de Jésus a un tel pouvoir parce qu’il a donné sa vie pour ses brebis. C’est là que réside son pouvoir : donner sa vie ! Il n’a pas vécu comme quelqu’un d’invincible, mais il est devenu vainqueur en perdant sa vie, ou plutôt en la donnant — et il nous a aussi appris à donner notre vie afin de la garder.
Le nom de Jésus est le nom de notre berger qui a donné sa vie pour ses brebis, qui a acquis de cette façon le pouvoir de les guider. Parce que Jésus a donné sa vie dans son combat contre le mal, il a acquis le pouvoir sur tout ce qui est ténèbre. Tout ce qui est sombre et assiège notre vie doit battre en retraite lorsque nous donnons notre foi et notre amour à Jésus, car il a vaincu les ténèbres. À nous de lui garder notre foi pour maintenir les ténèbres à distance. Il est notre berger, soyons les brebis qui le suivent et lui font confiance.
Le berger, si nous lui tenons la main par la foi, peut nous conduire à travers des étroits chemins, des corniches dangereuses où nous sommes pris de vertige devant les peines de la vie ou les dangers. Si nous fixons notre regard sur lui plutôt que sur le vide, nous pourrons avancer.
Même le temps que nous vivons peut devenir un bon temps alors que nous avons l’impression d’être bloqué de tout côté et qu’on nous ampute notre vie. J’ai fait l’expérience que si nous nous débattons en pensant que nous sommes tout seuls, abandonnés même du ciel, il n’y a que l’amertume au rendez-vous. Et nous nous mettons à en vouloir à plein de gens. Mais si nous regardons vers le Berger, si nous nous mettons avec amour sous sa protection, nous commençons à comprendre que tout peut porter du fruit. Ce temps difficile peut être un temps où Dieu va nous « tuner », nous travailler pour nous préparer à une grande mission et à un grand bonheur. Nous ne pouvons pas faire ce chemin à la place des autres, mais nous pouvons le faire pour nous-même.
Il me revient la petite prière que le prêtre dit en secret avant de vous présenter l’hostie, au moment où il s’agenouille. Allez, je vous livre ce secret ! Le prêtre dit : « Seigneur Jésus, selon la volonté du Père et avec la puissance du Saint-Esprit tu as donné par ta mort la vie au monde ; que ton corps et ton sang me délivrent de mes péchés et de tout mal ; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi. » Tout est là ! Jésus, par la puissance de Dieu, va donner par sa mort la vie au monde, et moi je demande de ne jamais être séparé de lui. Vivons ainsi. Attachons-nous au Seigneur au milieu des tempêtes. Un jour, quand nous verrons clair, nous serons émerveillés de là où il a réussi à nous conduire. Il est le maître de l’histoire.