homélie du 14e dimanche A, 9 juillet 2017
Jésus{joomplu:542} a-t-il ouvert une agence de vacances, quand il dit : venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos ? (Mt 11,28) Nous savons bien que non, mais il reste en nous un danger de croire que la foi, la prière sont une assurance contre toutes les peines et difficultés. Quand je lis « le Seigneur redresse tous les accablés » (Ps 144,14) j’en conclus un peu vite que je ne devrais plus être accablé. Et finalement je sors de la foi chrétienne, car celle-ci n’est pas une croyance en un Dieu magicien qui empêche que quelque chose de fâcheux nous arrive.
Nous sommes heureux de croire en un Dieu qui nous aime, qui voit quand nous sommes accablés et qui ne veut pas nous laisser dans cette situation. Oui, Dieu nous aime et il voit notre vie et il agit pour nous. Il n’est pas un Dieu lointain qui nous regarde nous dépatouiller sans rien faire pour nous. Pour bien le comprendre, regardons le genre de vie que le Christ a vécue, pour ne pas risquer de nous tromper sur la paix et le repos qu’il promet, pour ne pas croire que la prière est inutile lorsqu’elle ne « fonctionne » pas comme nous l’espérions. Quelle paix désirer, et comment nous est-elle donnée ?
Si nous disons : « Seigneur, j’ai attendu de toi l’absence de souffrance, la réussite et un certain confort raisonnable dans ma vie, de ne pas avoir d’ennemis, etc. », il nous dira : « excuse-moi, nous avons dû mal nous comprendre, car je n’ai pas vécu cela non plus. » Il ajoutera peut-être : « je n’ai pas donné ma vie pour que vous ne souffriez pas, mais pour que vous se soyez pas perdus dans l’épreuve ; pour que vous sachiez que Dieu est avec vous, et pour faire en sorte que la mort conduise à la vie. » Saint Paul l’a magnifiquement résumé en écrivant aux Corinthiens : « À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés ; nous sommes désorientés, mais non pas désemparés ; nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés ; terrassés, mais non pas anéantis. Partout et toujours, nous subissons dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. » (2 Co 4,8-10)
Le repos du Christ est celui de l’âme qui sait où elle est malgré la tempête : qu’elle est dans le cœur de Dieu qui révèle son amour aux tout-petits, cet amour que les savants ne peuvent pas deviner. Les tout-petits, ce sont ceux qui aiment Dieu sans discuter. Les sages et les savants, eux, ils demandent à Dieu son passeport et ses empreintes digitales, ils le manipulent avec toute sorte de tests et d’hypothèses, mais sans lui ouvrir leur cœur ; ils disent : cela j’admets, cela je rejette, je crois à ma manière, pas à celle de l’Église. Or, la douceur et le bonheur que Dieu promet est un bonheur de « tout-petits », accessible à ceux qui l’aiment sans condition.
Sa douceur n’est pas d’abord une « douceur de vivre » mais la douceur de son cœur, la douceur de vivre près de lui, uni à lui dans l’amour, c’est-à-dire non pas dans des sentiments mais dans les efforts intérieurs que nous ferons pour lui être fidèle, pour penser à lui, pour vivre comme il nous le demande, pour prier. Le soulagement, le repos se trouve en se rapprochant du Christ, en devenant son ami inconditionnel. Il nous a expliqué les dimanches passés comment venir à lui et prendre sur nous son joug : c’est se déclarer pour lui devant les hommes et ne pas craindre le qu’en-dira-t-on (25 juin), c’est prendre notre croix sans murmurer et le suivre, au point d’avoir l’impression de perdre notre vie pour lui (2 juillet). Celui qui prend de tels chemins est sûrement un peu inquiet au début, car ce n’est pas ainsi qu’on cherche spontanément la paix. Mais rapidement il se trouve visité par le Saint-Esprit et se rend bien compte que le Seigneur s’occupe de lui et lui donne un bonheur inaccessible aux humains. Il est rempli d’une paix ineffable, la paix de l’amour du Tout-puissant, notre Créateur qui nous aime et nous conduit à la vie éternelle.