homélie du 2e dimanche de l’Avent B, 10 décembre 2017
Pour une fois{joomplu:526} nous lisons le commencement d’un Évangile, nous pouvons nous retrouver près de l’évangéliste, chercher à comprendre son intention. Dans l’Église naissante, de plus en plus de gens sont touchés par la personne de Jésus, par son amour qui le fait rejoindre le plus humble, le plus pauvre et qui nous sauve des ténèbres du péché. Au moment où les témoins oculaires commencent à disparaître, il faut garder la trace de tout ce qui est dit de Jésus et y mettre le prix — le papyrus est très coûteux. C’est dans ce contexte que Marc commence à rédiger. Il appelle son livre Évangile : « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. » (Mc 1,1)
D’emblée il affirme sa foi : le Jésus dont je vais vous parler, nous avons reconnu qu’il est le Christ, et même davantage : tout ce qu’il a été se résume dans cette découverte : il est le Fils de Dieu.
Ce n’est pas une découverte que l’on fait en un jour. Il faut tout un chemin. Alors Marc prend son lecteur par la main pour faire le chemin avec lui à travers tout ce qu’il nous révèle de Jésus. Cela aboutit à la fin de l’histoire, quand devant Jésus qui vient de mourir en croix un centurion romain s’exclame : vraiment, cet homme était fils de Dieu ! (Mc 15,39) Et finalement, les lueurs de la résurrection font penser que c’est vrai.
En cet Avent, nous ne sommes qu’au début de l’Évangile, et nous lisons : « il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. » (Mc 1,2) C’est un chemin qui doit s’ouvrir dans le cœur de chaque homme. La foi ne naît pas seulement d’un fait — il y a eu un certain Jésus, qui a fait ceci, qui est mort, dont on a retrouvé le tombeau vide, etc. — mais de l’ouverture du cœur devant ce fait : dire du fond de soi-même : Jésus, tu es le Christ, tu es le Fils de Dieu, tu es le Sauveur de l’humanité et je t’aime.
Que veut dire Marc lorsqu’il dit que Jésus le Christ est le Fils de Dieu ? Il affirme que Jésus n’est pas venu comme un envoyé de Dieu qui nous dirait des paroles sages de sa part, des indications utiles pour mener une vie bonne. Les apôtres n’ont pas seulement reconnu un sage mais Dieu lui-même qui venait à nous. Avec Jésus, nous est offerte l’intimité avec le grand Dieu de l’univers, avec l’auteur de tout, avec le créateur de la lumière, de l’amour et de la joie. Avec Jésus nous l’appelons « notre Père ». Avec Jésus nous pouvons être unis à celui qui nous remplit d’une joie devant laquelle nos jouissances les plus extrêmes sont de pâles reflets.
Comment ce chemin de la foi et de l’union à Dieu va-t-il s’ouvrir dans le cœur de chaque homme ? Ce n’est pas par l’accumulation de connaissance, mais, nous dit l’évangéliste, par un mouvement de conversion, par la reconnaissance de nos péchés. (Mc 1,4-5) Tu veux connaître que Jésus est le Fils de Dieu ? Tu veux expérimenter sa puissance dans ta vie ? Convertis-toi ! Ose reconnaître ce qui n’est pas pur et généreux dans ta vie, ose aller au fond de tes ténèbres, et crois au pardon que tu demandes ! L’annonce de l’Évangile n’a pas commencé par des actes retentissants qui emportaient l’adhésion des gens distraits et accaparés par mille préoccupations. Elle a commencé par l’appel à la conversion. Que chacun rentre en lui-même et se demande devant Dieu : Seigneur, où est mon cœur ? À quoi est-ce que je me consacre vraiment ?