homélie du 3e dimanche de carême, 7 mars 2021
{joomplu:100} Nous sommes tant aimés ! Cela vaut la peine de s’arrêter parfois pour essayer de réaliser l’amour de Dieu pour nous. Prenons 30″ maintenant, pour considérer cette réalité : je suis tant aimé, je compte tant pour Dieu… Une fois que l’on essaie de s’imaginer cela, surgit une question : « mais alors, comment est-ce que je peux répondre à cet amour ? » C’est à cela que Dieu a voulu nous disposer, c’est pour cela qu’il a voulu nous sauver : nous rendre capable de répondre à son amour posé sur nous, afin que cet amour ne tourne pas dans notre âme en reproche (j’ai été tant aimé et je l’ai ignoré) ou en découragement (jamais je ne pourrai rendre l’amour que j’ai gaspillé). Oui, être tant aimés, c’est assez inquiétant pour les pécheurs que nous sommes, car comment paraître face à un Dieu que nous avons si peu pris au sérieux ?
Pour nous rendre justes, c’est-à-dire pour nous ajuster à lui, le Père nous a d’abord donné sa Loi. Nous avons entendu aujourd’hui cette Loi donnée à Moïse, le Décalogue, les « dix paroles », les dix commandements, comme nous disons couramment. Avant de les donner, Dieu dit pourquoi il les donne : il est le Dieu qui a libéré son peuple, et c’est pour que nous restions libres qu’il nous donne sa Loi. Elle est faite de 10 paroles, en écho aux 10 paroles de la création, que nous entendrons à la veillée pascale. Le décalogue est une parole de recréation, de restauration de la création devenue illisible à cause du péché de l’homme. « Dieu a écrit sur les tables de la loi ce que les hommes ne lisaient plus dans leur cœur » disait saint Augustin (Psal 57,1). Aujourd’hui on voit bien à quel point l’homme ne sait plus lire la création : il saccage l’environnement à son profit, il redéfinit le mariage, il transforme les relations de l’homme et de la femme pour en faire n’importe quoi, il imagine fabriquer des bébés, et ainsi de suite.
Il serait temps que l’homme accepte d’être recréé par Dieu qui l’aime tant. Mais c’est difficile. De tout temps cela a été difficile, mais plus encore aujourd’hui, car ces commandements qui nous libèrent nous viennent comme une contrainte à la volonté : tu feras ceci, tu ne feras pas cela. Cette contrainte est nécessaire, pour nous libérer de tout ce qui nous retient en esclavage. L’homme devient vite esclave de lui-même, de ses besoins, de ses pulsions, de ses peurs. Tant de gens aujourd’hui croient qu’ils sont libres parce qu’ils se permettent de suivre leurs pulsions. Alors qu’ils n’ont jamais été autant esclaves. Celui qui est libre, c’est celui qui peut accueillir en lui-même la parole de son Dieu, et accepter d’être recréé en devenant obéissant à son Père du ciel. Alors, quelle liberté, quelle lumière dans notre âme ! Celui qui prend ce chemin peut s’en rendre compte.
L’œuvre de restauration de notre cœur, que le Père avait entreprise par l’Ancienne Alliance, Jésus vient la poursuivre et l’achever. Il veut atteindre le cœur, en dessous de tous nos modes de vie qui nous accaparent. Alors il chasse les marchands du Temple, qui sous prétexte de dévotion avaient transformé le Temple en centre commercial. Surtout, il en profite pour dire que c’est lui le nouveau Temple, c’est en lui que l’on rencontre Dieu désormais, c’est unis à son cœur que nous pouvons espérer accueillir dignement l’amour du Père et y répondre. Certes, quand nous nous regardons honnêtement, nous ne sommes pas fier de tout ce qui est en nous. Mais si nous acceptons d’être connus à l’intérieur de nous par le regard du Christ, nous serons sauvés. Jésus, nous dit saint Jean, « n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme, il connaissait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2,25), et en nous aidant à faire la vérité il peut nous sauver. D’ailleurs, c’est le moment de penser à recevoir le sacrement de réconciliation pour se préparer à Pâques. Là nous nous dévoilons à Jésus représenté par le prêtre, et nous repartons guéris par celui qui est mort et ressuscité pour nous.