homélie pour la fête de la Sainte-Famille 2021
{joomplu:375} Aujourd’hui l’Écriture nous montre l’importance sociale et historique de quelques familles qui se confient à Dieu. Il y a d’abord la famille d’Elcana et de ses deux épouses, Peninna et Anne. Avec Peninna, Elcana a de nombreux enfants, mais avec Anne aucun. Cette grande épreuve pour Anne la conduit à prier Dieu avec persévérance, et finalement naît un petit gars qui s’avérera être le grand prophète Samuel. La famille d’Elcana et Anne est bien consciente qu’on ne produit pas soi-même le don de la vie, comme on s’est mis à le faire de nos jours. Bien sûr, la vie humaine est toujours digne, quelles que soient ses origines. Mais Elcana et Anne apprennent la grandeur de s’ouvrir à Dieu et de compter sur lui et, finalement, de pouvoir lui consacrer leur enfant qui depuis toujours n’est pas leur enfant mais qui appartient à Dieu. C’est ainsi qu’il faudrait regarder tout enfant, et même évaluer tout projet d’enfant. Ah, quel bonheur pour les enfants d’aujourd’hui si on les regardait comme appartenant à Dieu ! Ils ne risqueraient plus de devenir des enfants-rois ni des enfants au service de nos désirs d’adultes. Ils apprendraient à être des fils de Dieu.
À ce sujet, comment ne pas être surpris par la liberté intérieure dans laquelle Marie et Joseph ont éduqué l’enfant Jésus. Quelle liberté cet enfant manifeste-t-il en effet, lorsqu’il est capable de juger qu’il lui vaut mieux rester dans le temple discuter avec les grands théologiens de l’époque, les docteurs de la Loi de Jérusalem ! Jésus, lui aussi, a été éduqué comme un fils de Dieu, et maintenant il le manifeste à Marie et Joseph avec une intensité qui surprend leur façon de le regarder.
Pour l’Église, la famille est la cellule de base de la société. La famille peut prendre beaucoup de formes différentes, tant qu’on n’entre pas dans des manipulations de la paternité, mais bien sûr le socle souhaitable est le mariage dans lequel le don de soi que se font l’homme et la femme dans l’amour forme le terreau de la vie. Je voudrais citer longuement un texte récent du pape François qui parle de la famille comme lieu où on apprend à aimer : « je veux souligner l’importance centrale de la famille, parce qu’“elle est le lieu où la vie, don de Dieu, peut être convenablement accueillie et protégée contre les nombreuses attaques auxquelles elle est exposée, le lieu où elle peut se développer suivant les exigences d’une croissance humaine authentique. Contre ce qu’on appelle la culture de la mort, la famille constitue le lieu de la culture de la vie”.(citation de Jean-Paul II, encyclique Centesimus annus № 39.) Dans la famille, on cultive les premiers réflexes d’amour et de préservation de la vie, comme par exemple l’utilisation correcte des choses, l’ordre et la propreté, le respect pour l’écosystème local et la protection de tous les êtres créés. La famille est le lieu de la formation intégrale, où se déroulent les différents aspects, intimement reliés entre eux, de la maturation personnelle. Dans la famille, on apprend à demander une permission avec respect, à dire “merci” comme expression d’une juste évaluation des choses qu’on reçoit, à dominer l’agressivité ou la voracité, et à demander pardon quand on cause un dommage. Ces petits gestes de sincère courtoisie aident à construire une culture de la vie partagée et du respect pour ce qui nous entoure. » (Laudato’si № 213).
La famille est le lieu où on apprend à aimer et à être l’adulte qui sera vraiment créatif et responsable dans la société de demain. À ce sujet je voudrais encore faire une citation, car le discours du Roi pour ce Noël m’a beaucoup impressionné par l’appel qu’il contenait pour chacun, et que je voudrais relayer encore une fois :
« Nous vivons une période qui nous interpelle profondément et qui nous fragilise dans nos certitudes.
Nous prenons conscience que beaucoup nous échappe. Cela nous a permis de réapprendre à faire confiance à notre intuition et d’être plus agiles dans notre manière de penser et d’agir.
Nous n’en sortirons pas en voulant tout contrôler, tout maîtriser.
Nous n’en sortirons pas non plus en nous méfiant des autres, en étant divisés. Nous en sortirons en nous montrant dignes de confiance, par des actes responsables que nous posons dans la durée et avec constance.
Ainsi nous construisons une société qui montre qu’elle sait tirer le meilleur de chacun et chacune, quelles que soient les circonstances. Et nous surmonterons nos difficultés actuelles ensemble, grâce aux liens humains dont nous avons redécouvert la valeur.
N’ayons pas peur de l’avenir. Abordons-le avec confiance. »
Vivons cette sagesse, afin d’échapper à la désintégration de notre société.