{joomplu:159}En 1997 le Conseil Pontifical « Justice et paix » a publié un important document sur la réforme agraire. On peut le trouver sur le site du Vatican. Le document invite à une meilleure distribution des terres, notamment dans les pays du Tiers-Monde. Il refuse l’expropriation des terres des populations indigènes, souvent faite avec violence et la complicité de l’élite et des grandes entreprises. Il rappelle que la terre est à Dieu qui la donne à tous ses enfants.
« Selon le Magistère de l’Église, le droit à la propriété privée n’est pas inconditionnel mais, au contraire, caractérisé par des liens bien précis. (...) Le droit à la propriété privée, en soi valable et nécessaire, doit donc être circonscrit à l’intérieur des limites d’une fonction sociale substantielle de la propriété. Aussi tout propriétaire doit-il constamment être conscient de l’hypothèque sociale qui pèse sur la propriété privée : « C’est pourquoi l’homme, dans l’usage qu’il en fait, ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes : en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui, mais aussi aux autres »
« Se basant sur le principe de la subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens, la doctrine sociale de l’Église analyse les modalités d’exercice du droit de propriété de la terre comme espace cultivable et condamne le latifundium [grande propriété] comme étant intrinsèquement illégitime.
« Car la grande propriété terrienne est souvent mal cultivée ou, pire, tenue en réserve sans être cultivée pour des raisons dictées par la spéculation, alors qu’elle devrait augmenter la production agricole pour satisfaire la demande croissante de nourriture de la majeure partie de la population, dépourvue de terres cultivables ou disposant de terres trop limitées.
« Pour la doctrine sociale de l’Église, le latifundium contraste nettement avec le principe selon lequel « la terre est donnée à tout le monde, et pas seulement aux riches », de sorte que « nul n’est fondé à réserver à son usage exclusif ce qui passe son besoin, quand les autres manquent du nécessaire ». (§ 30 & 32)
Le Saint-Siège intervient souvent dans ce sens, bien que ce ne soit pas mis en évidence par les médias comme d'autres interventions, laissant une nouvelle fois croire que Rome ne s'intéresse qu'à la vie intime, pour ne pas dire autre chose... On peut par exemple relever plus récemment l'intervention du Vatican à la FAO (Organisation de l'ONU pour l'Alimentation et l'Agriculture) en 2008: il s’agit de « tenir compte de la situation des petits agriculteurs » et « des communautés indigènes », y compris de leurs « traditions » qui, parfois, « s’opposent aux cadres institutionnels » et aux « critères productifs actuels » ; sans oublier que « La production de biocarburants menace le droit à l’alimentation ».