Lorsque nous sommes ordonnés diacres en vue du presbytérat, l’évêque nous demande : « Vous êtes prêt à vous engager au célibat. Voulez-vous, pour signifier le don de vous-même au Christ Seigneur, garder toujours cet engagement à cause du Royaume des cieux, en vous mettant au service de Dieu et de votre prochain ? » (Rituel de l’ordination)
Le célibat est un projecteur pointé vers le Royaume de Dieu. Une des preuves que Dieu existe est que, malgré nos aspirations à la vie de famille, nous puissions rester célibataire. Et c’est sans doute pour cela que le célibat est si attaqué.
Le célibat sacerdotal n’est pas d’abord fait pour les hommes qui en auraient envie, à qui le mariage ne paraît pas très attirant. Il est surtout fait pour des hommes qui acceptent de témoigner de la grandeur de Dieu dans leur vie, qui estiment que l’amour de Dieu est quelque chose de réel, de consistant, sur lequel ils peuvent baser leur vie, même s’ils savent qu’ils devront aussi souffrir pour cela. Non pas que Dieu exige cette souffrance, mais c’est une souffrance particulière liée à la vie de foi. Témoigner de ce qu’on ne voit pas, et le témoigner dans sa chair même, c’est très beau, c’est très grand, et cela fait aussi souffrir. Cette souffrance, qui peut paraître à certains moments absurde, est en fait la douleur d’un enfantement : la naissance en nous de l’homme intérieur, de l’homme de Dieu.
Parfois on a pu dire que c’est suspect de parler du prêtre en terme d’homme de Dieu. Ça serait suspect si on pensait que plus le prêtre est homme de Dieu moins les autres hommes et femmes le sont... Or dans ma paroisse il y a des paroissiens qui sont davantage homme et femme de Dieu que moi, et parfois ils ne sont pas célibataires pour le Seigneur... Mais le prêtre doit être un homme de Dieu, et il le sera d’autant plus sûrement qu’il est célibataire pour Dieu. Notre monde a tant besoin de véritables hommes et femmes de Dieu.
Ce n’est pas aux autres seulement que le prêtre témoigne de Dieu par son célibat. C’est aussi à lui-même qu’il rappelle sans cesse par ce moyen l’irruption de Dieu dans sa vie présente. J’aime redire ici ce mot de saint Augustin à propos de la vie consacrée, qui convient au prêtre aussi : « la virginité est la méditation perpétuelle, dans la chair périssable, de l’immortalité ».