La façon de faire entrer le désir sexuel dans les vues de l’amour, cela s’appelle la chasteté. En ce sens, la chasteté est pour tous, et d’abord dans le mariage. Elle n’a que partiellement à voir avec la continence, qui est le fait de renoncer temporairement ou longuement à vivre des actes sexuels.
La chasteté est la façon de se rapporter à la personne de l’autre sexe en la considérant toujours comme une personne, jamais comme une source de plaisir sexuel. Chez tous, célibataires comme mariés, il y a une pulsion sexuelle qui existe et qui est à transformer en amour, à réorienter pour forcer à partir à la rencontre de la personne. C’est la grandeur de l’homme de pouvoir transformer une matière puissante mais « brute » en vie spirituelle. Dieu s’est plu à créer l’être humain de telle façon qu’il puisse vivre dans le corps un sentiment spirituel. C’est une très grande chose, et elle a un prix. Ce prix est différent pour les personnes mariées et pour les célibataires mais il est de toute façon élevé et nécessite le dépassement de soi, pour un réel bonheur. Le bonheur d’être chaste, c’est le bonheur d’être uni à quelqu’un sans le posséder. Il n’y en a pas de plus grand.
La chasteté s’oppose aussi à la tendance à chosifier l’autre, à le réduire à telle ou telle chose ou ensemble de choses qui m’intéressent en lui. La mode vestimentaire actuelle favorise cette réduction. Il me revient en mémoire ce texte d’une psychanalyste : « le désir masculin envers une femme vient en général s’accrocher sur un trait de celle-ci : pour les uns les jambes ou les fesses, ou tel brillant dans le regard ou sur la chevelure, le galbe d’un sein, ou encore telle tenue vestimentaire. Pour d’autres ce sera une certaine façon de s’asseoir, de s’habiller, une certaine modulation de la voix. C’est cet objet , qui peut se découper de son corps à elle, qui cause son désir à lui. Je parle ici de désir et non pas d’amour, ce dernier concerne l’être tout entier. Il y a bien sûr quelques féministes pour dénoncer ce qu’elles appellent la réduction des femme en objet. Mais beaucoup, tout en n’en étant pas dupes, s’y prêtent volontiers voire même jouent de cet objet qui cause le désir du partenaire. Elles savent quel pouvoir elle détiennent là. » (Le complexe de Jocaste, Marie-Christine Laznik, Revue française de psychanalyse, Volume 69 2005/4)
On le voit, il y a plusieurs niveaux auxquels hommes et femmes doivent rechercher la chasteté s’ils veulent connaître la vraie joie de l’amour.