conférence à Louvain-la-Neuve, 25 février 2015
Vous savez{joomplu:270} bien que la morale n’est pas première, mais qu’elle vient comme une réponse à la rencontre du Christ, à l’impression que l’amour du Christ produit en nous. En régime chrétien, la morale est «responsoriale». C’est la logique que l’on découvre par exemple dans les lettres de saint Paul, où après avoir dit dans ses premiers chapitres ce que Dieu a fait pour nous par le Christ, il dit comment se comporter en conséquence. Mais d’autre part la morale n’est pas à reléguer parmi les accessoires car elle dit comment vivre concrètement le commandement de la charité, et ce commandement est central.
1. Une vision de l’être humain
La morale ne se réduit pas à des «tu dois» ou «tu ne peux pas», mais elle repose sur une vision de l’homme. Cette vision donne le sens aux règles que l’on se donne. Elle décrit le bien que nous devons poursuivre par nos actions. Cette vision de l’homme permet aussi de dialoguer avec ceux qui ne partagent pas notre foi, parce que nous avons une humanité en commun. C’est au nom de cette humanité partagée que l’Église ne propose jamais sa morale en interne seulement, mais lance à tous une interpellation — ce qui ne manque pas d’en exaspérer un certain nombre. Il y a du sens à s’adresser à tous dans la mesure où les arguments avancés ne sont pas seulement des arguments religieux mais qu’ils peuvent être décrits par la raison. En même temps la Révélation aide la raison à aller bien plus loin que si celle-ci restait seule. C’est pourquoi ici l’Écriture aura une grande part, d’autant plus que le Concile Vatican II demandait que l’enseignement de la morale soit plus nourri de l’Écriture1.
Je tirerai des conclusions assez générales. Certaines personnes ont fait d’autres choix, parce qu’elles étaient motivées par telle ou telle difficulté particulière. Il ne s’agit pas ici de donner des bons et des mauvais points. Mais que chacun se situe devant Dieu et devant sa tendresse qui relève et invite plus loin.
La question «Pourquoi l’Église parle-t-elle de sexe» devient «quelle vision l’Église a-t-elle de l’être humain pour parler aussi de sexe?»
En un mot : il est une personne. Et chez lui corps et âme forment un tout.
2. Une personne
L’homme2 est le seul vivant à dire «je». Il possède une intériorité, et cela est propre aux personnes. Cette intériorité, la Bible nous la présente comme quelque chose qui trouve son origine en Dieu : l’homme et la femme créés à l’image de Dieu (Gn 1) / Adam interlocuteur de Dieu (Gn 2). Cette intériorité se manifeste par la liberté, une capacité d’être le vrai auteur de ses actes, des actes volontaires et réfléchis. Cette liberté est la condition de possibilité de l’amour : la vocation de la personne est l’amour, et cet amour jaillit de l’intériorité de la personne.
Tout cela fait de la personne un être infini, «presque un dieu» (Ps 8).
3. Corps et âme
Le corps a-t-il quelque chose à voir avec cela? Il y a eu des courants philosophique qui ont considéré que non. Dans le dualisme platonicien le corps est le tombeau de l’âme. C’est un corps qui n’a rien à voir avec l’âme tombée dedans mais qui est une sorte de principe inférieur, étranger à la véritable dignité humaine. Cette conception du corps avait cours aussi chez les manichéens, et fut reprise chez les cathares. Pour eux, ce qui est relatif au corps relève de l’esprit du mal, comme tout ce qui est d’ordre matériel. La vie sexuelle est vue comme mauvaise car elle ouvre à engendrer de nouveaux enfants, c’est-à-dire perpétuer l’horreur de la vie corporelle. Dans ce contexte, il ne peut rien y avoir de saint dans le mariage, qui n’est sûrement pas un sacrement, mais plutôt un mal. Le dualisme qui rejette la sexualité peut aussi conduire chez les manichéens au mépris inverse : imaginer que l’on parviendra au spirituel en exténuant le désir sexuel, en s’y livrant à corps perdu, d’autant plus perdu que ce corps ne vaut rien. Ce fut la pratique d’Augustin avant sa conversion. C’est finalement la pratique contemporaine de quête du bonheur dans la liberté sexuelle.
À cela l’Église a toujours opposé la sainteté du mariage, et même si elle ne l’a pas toujours estimé à sa juste valeur elle en a fait un sacrement : le lieu où se révèle l’alliance jamais reprise de Dieu avec l’humanité.
Si le mariage peut être un sacrement, c’est que la vie conjugale, marquée par la corporéité, est concernée par la sainteté. C’est par son corps aussi que l’homme est une personne, un être sacré, à la dignité infinie. Un homme a bien mis cela en évidence au milieu du XXe siècle : Karol Wojtyla qui s’était intéressé à la vie intime des couples qu’il accompagnait3, persuadé de la beauté de l’amour physique et de sa capacité à traduire adéquatement les plus grandes aspirations de l’amour, en raison de l’unité de la personne humaine, corps et âme dans un lien indissoluble4. Le corps n’est pas le tombeau de l’âme mais son temple. Il est le «sacrement de la personne» (Jean-Paul II).
Les deux grandes sources de la théologie du corps sont Amour et responsabilité5, écrit en 1960, et les catéchèses lors des audiences générales du mercredi données entre 1979 et 1984, réunies dans le livre Homme et femme il les créa6.
4. La théologie du corps : au commencement
Lorsque les pharisiens viennent demander à Jésus si on peut divorcer, Jésus leur répond en faisant référence au projet initial de Dieu pour l’humanité, tel qu’il se trouve exprimé dans les récits de la Genèse aux chapitres 1 et 2. Il renvoie ses interlocuteurs à cette conviction : «dès l’origine de la création, Il les fit homme et femme. Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère, et les deux ne feront qu’une seule chair» (Mc 10,7-8 citant Gn 2,24). Et Jésus poursuit par son interprétation de ce projet de Dieu : «ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien! ce que Dieu a uni, l’homme ne doit point le séparer»7.
Une référence toujours valable
On pourrait se demander s’il y a encore quelque chose à tirer du récit de la Genèse puisque le péché est intervenu et brouille les pistes de Dieu dans le cœur de l’homme; ne faut-il pas se résigner à une sexualité de survie dans ce monde blessé? En se référant à Gn 2 lors de sa controverse avec les pharisiens, le Christ indique que les données de l’état de justice originelle valent encore, qu’elles peuvent encore servir de guide pour nous. Ce faisant il indique déjà que lui seul peut sauver l’amour humain et lui donner de réaliser vraiment sa vocation initiale, la communion des personnes humaines. «L’homme historique est pour ainsi dire enraciné dans sa préhistoire théologique révélée»8. Se référer aux origines, pour le Christ, n’est pas renvoyer à un état perdu mais ouvrir l’avenir par la rédemption. Nous ne sommes pas dans un «ça aurait été bien si» mais plutôt dans un «voici ce que je rends à nouveau possible».
Une solitude révélatrice
Dans un langage mythique9 révélant de façon très condensée des vérités fondamentales, le livre de la Genèse raconte que l’homme, dont le corps est façonné du sol comme les autres vivants, découvre pourtant par ce corps qu’il est «seul», alors que ce corps aurait pu le faire croire identique aux autres vivants. Il aurait pu croire qu’ayant comme eux un corps il leur était semblable. Or il se persuada qu’il était «seul», et cela l’ouvrit à l’intuition qu’il était une personne. Ce que le texte suggère en montrant que le souffle de vie qui l’anime vient de Dieu.
Une aide assortie : présence personnelle
La création définitive de l’homme a lieu lorsqu’il se réveille de son songe comme “homme et femme”» (49). Façonnée de la côte, «os de ses os et chair de sa chair», la femme est créée «sur la base de la même humanité» (50). À l’expérience d’une unité découlant de l’identité de la nature humaine s’ajoute celle d’une dualité constituée sur le caractère masculin et le caractère féminin de l’homme créé. Cette dualité s’exprime comme une valeur, une «aide» que l’homme atteste dans l’émerveillement (Gn 2,23). Jean-Paul II suggère que le terme «communion» est celui qui «indique précisément cette “aide” qui découle du fait même d’exister “à côté” d’une personne» (53). L’aide réside dans l’«existence de la personne pour la personne», cette «réciprocité dans l’existence qu’aucun autre être vivant n’aurait pu assurer» mais que peuvent assurer l’une pour l’autre les personnes douées d’intériorité. La création de l’homme est complète lorsqu’apparaît cette communion de personnes «que forment l’homme et la femme».
C’est le moment de revenir à l’expression «image de Dieu» amenée par le premier récit de la Création (Gn 1,26). Gn 2 exprime l’idée d’image divine énoncée en Gn 1. L’homme devient image de Dieu au moment de la communion (54), reflétant la communion divine des personnes dans la Trinité.
Quand l’homme découvre la femme il s’émerveille devant elle en la désignant par «Chair de ma chair et os de mes os». Cette façon de s’exprimer suggère que c’est l’homme devant la femme qui se comprend dans sa propre corporéité et humanité, et réciproquement. «Le corps révèle l’homme». Il le révèle comme personne, c’est-à-dire être semblable à Dieu (55). Ici la théologie du corps, qui médite sur la création de l’homme à l’image de Dieu, devient aussi théologie du sexe, ou plutôt théologie de la masculinité et de la féminité, qui aura à réfléchir sur l’«unité par le corps». Nous voyons ici que la différence sexuelle est à prendre du côté de la ressemblance de Dieu et non pas du côté de ce qui est animal et propre à tous les vivants10.
Corps et sexualité au service de la communion des personnes
Les paroles de la Bible évoquent ensuite une union si intime qu’il s’agit de devenir «une seule chair» (Gn 2,24) dans la communion des personnes. À quelle profondeur et plénitude d’union cela renvoie-t-il? Il faut le comprendre au cœur même du mystère de la création (59). Il se joue dans cette union une sorte de visite de leur humanité créée à l’image de Dieu. L’homme et la femme s’unissant ainsi «redécouvrent, pour ainsi dire, chaque fois et de manière toute particulière, le mystère de la création et retournent ainsi à cette union dans l’humanité (“chair de ma chair et os de mes os”) qui leur permet de se reconnaître réciproquement et, comme la première fois, de s’appeler par leur nom». «Dans toute union conjugale de l’homme et de la femme se redécouvre à nouveau la conscience originelle de la signification unitive du corps en tant que masculin et féminin» (61). Plus sobrement le Catéchisme de l’Église catholique dira : «dans le mariage, l’intimité corporelle des époux devient un signe et un gage de communion spirituelle»11.
Cette union dépasse les forces instinctives de la corporéité. L’unité pour laquelle les êtres humains ont été créés en étant créés homme et femme «a dès l’origine le caractère d’une union qui découle d’un choix» : «l’homme quittera son père et sa mère et s’unira à sa femme» (Gn 2,24). C’est sur un pacte conjugal que les personnes deviennent «une seule chair». Enfin, à cette signification unitive se joindra la dimension de la procréation, qui reproduit chaque fois le mystère de la création.
«L’éthos chrétien est caractérisé par une telle transformation de la conscience et par de telles attitudes de la personne humaine, tant de l’homme que de la femme, qu’elles manifestent et réalisent la valeur du corps et du sexe, mis, selon le dessein originel du Créateur, au service de la “communion des personnes” qui est le substrat le plus profond de l’éthique et de la culture humaines.»12 C’est la signification conjugale du corps. Jean-Paul II regrette qu’une spiritualité de type manichéen ait nourri dans l’Église une pensée qui rendait d’office le corps problématique, alors que ce que Jésus visait en mettant en garde contre la convoitise n’était pas le corps sexué mais le cœur humain qui peut mal s’y rapporter.
5. La théologie du corps : après les feuilles de vigne
Car il y a eu les feuilles de vigne : le diable n’a pas supporté le projet de Dieu pour l’homme, et par jalousie il s’est ingénié à essayer de tout casser. Le péché originel n’est pas sexuel, et il a un impact sur toute la situation de l’homme dans le cosmos, mais il a des conséquences terribles sur la vie sexuelle de l’homme et de la femme. Au départ, l’homme et la femme «étaient nus, et ils n’avaient pas honte l’un devant l’autre» (Gn 2,25). Cette courte description dans la Bible renvoie à la valeur qu’avait le corps aux yeux de l’homme et de la femme, dans le cadre d’un amour qui est don de soi, où l’attrait se garde de virer à la convoitise. Pouvoir être nu l’un devant l’autre sans honte révèle le sens profond de l’homme et de la femme : ils éprouvent intimement qu’ils sont un don l’un pour l’autre13. Je me contente de citer le pape :
Seule la nudité qui fait de la femme l’«objet» pour l’homme et vice versa est source de honte. Le fait qu’ils «n’éprouvaient pas de honte», veut dire que la femme n’était pas pour l’homme un «objet» pas plus que lui ne l’était pour elle. D’une certaine manière, l’innocence intérieure comme «pureté de cœur» rendait impossible que l’un soit réduit par l’autre au niveau de simple objet. S’ils «n’éprouvaient pas de honte», cela veut dire qu’ils étaient unis par la conscience du don, qu’ils avaient réciproquement conscience de la signification conjugale de leurs corps qui exprime la liberté du don et manifeste toute la richesse intérieure de la personne en tant que sujet. Cette pénétration réciproque de l’«ego» des personnes humaines, de l’homme et de la femme, semble exclure subjectivement n’importe quelle «réduction au rang d’objet». (104)
Mais après le péché ils expérimentent que leur nudité est pénible : ils ne sont plus don l’un pour l’autre, mais proie l’un pour l’autre. Chacun sent qu’il aura à se défendre de l’autre pour ne pas être pris comme objet, objet de plaisir. Le plaisir du sexe, qui était un plaisir de communion des personnes, devient un plaisir que j’éprouve par le moyen de l’autre, où l’autre est l’occasion de mon plaisir et non plus le sujet de mon plaisir.
L’anti-sexualité
Il faut approfondir cette transformation problématique, pour imaginer le moyen de vivre pleinement la sexualité dans tout ce que Dieu y avait mis de beau. On peut découvrir ce qu’est l’anti-sexualité dans les pratiques de la masturbation, de la pornographie ou de la prostitution. Dans tous ces cas j’éprouve un plaisir sexuel par le moyen de mon propre corps ou du corps de l’autre sans qu’il y ait de rencontre de la personne. Ces pratiques et les fantasmes qui vont avec viennent polluer la capacité de relation et la vie conjugale. Car jouir dans son corps grâce au corps de l’autre, ce n’est pas encore l’amour, même si chacun a pris soin que l’autre éprouve lui-même du plaisir. Il y a des couples qui commencent à pratiquer une sexualité qui n’est plus qu’un divertissement de l’un par l’autre, une exploration des possibilités de jouissance du corps, dont on essaie de ne pas se lasser en recherchant les positions les plus originales, jusqu’à ce qu’un grand sentiment de vide s’empare de la vie sexuelle. Et que souvent on aille voir ailleurs.
Qu’est-ce qui se passe? La recherche du plaisir que Dieu avait mis en nous comme moteur de la rencontre et du don de soi subit un terrible court-circuit qui me ramène à moi-même. Or je ne suis pas fait pour ce court-circuit, et la preuve en est l’insatisfaction, la tristesse, la lassitude qui s’empare de celui qui pratique ces formes d’anti-sexualité. La société actuelle imagine que la parade réside dans le toujours plus, et on voit fleurir toutes sortes de pratiques sodomiques, sado-maso, échangistes, bisexuelles, etc. qui montrent qu’on tourne en rond, qu’on ne trouve que du vide alors qu’on cherche ce qui nourrit vraiment tout l’être.
La vraie jouissance
Que faire alors? S’arrêter! Et regarder sa propre dignité et celle de l’autre, sa valeur infinie de personne humaine, créée corps et âme à l’image de Dieu. Dieu n’a pas de corps, mais notre corps est créé à son image car il est fait pour vivre l’amour, le véritable amour, l’amour comme don total de soi à l’être aimé, don total et réciproque. Le propre de la personne n’est pas d’éprouver tel ou tel plaisir passager, mais d’éprouver l’intense jouissance de se donner soi-même totalement. C’est ce que fait Dieu, entre le Père et le Fils. C’est la capacité divine que Dieu a mise en nous.
La jouissance de l’amour ne provient pas du contentement des organes sexuels, fût-il simultané, mais de l’union qui a fait des époux une seule chair. C’est la jouissance d’être tout uni à celui ou celle que j’aime et que je veux aimer passionnément. Cette joie vient du fait que ce ne sont pas des corps qui s’unissent mais des «personnes», des êtres infinis abritant un mystère profond et une dignité qu’il faut vénérer.
Dans le don total l’un à l’autre : le cadre du mariage
Du coup on comprend que la vraie vie sexuelle se passe dans le mariage : il n’y a que dans le mariage que l’homme et la femme se sont donnés totalement l’un à l’autre : ils se sont donné totalement car ils se sont donnés pour la vie. Quand les personnes font l’amour, elles se donnent toutes entières, corps et âme. Ce don n’est possible que quand le contexte où on vit correspond à ce don. Si on n’est pas pleinement engagé l’un envers l’autre, si on se garde la possibilité de reprendre ses billes pour aller faire sa vie avec quelqu’un d’autre, alors le don total que l’on vit en faisant l’amour devient un mensonge14, et un jour on s’en rend compte et on constate qu’on s’est blessé, fait du mal. Le véritable don de soi s’accomplit dans le mariage. Et il s’accomplit en accueillant aussi la fécondité liée à l’exercice de la sexualité. Car quand on se donne totalement on découvre que l’on est fécond comme Dieu, qu’on a le pouvoir de donner la vie. Pas seulement une vie animale, mais la vie d’un nouvel être spirituel, à l’image de Dieu. La fécondité n’est pas un inconvénient mais un don qui éclaire nos pratiques. Dans cette perspective de l’union des personnes, l’Église ne trouve rien de bon aux méthodes contraceptives; pas parce qu’elles ne sont pas naturelles, mais parce qu’elles amputent le don que les personnes se font l’une de l’autre et qu’elles y introduisent un nouveau mensonge : je veux m’unir à tout ce que tu es… sauf cette foutue fécondité que je te demande d’écarter : fais tarir en toi les sources de la vie pour que je puisse te rencontrer! Il ne se passe pas la même chose dans la régulation naturelle des naissances, car là on accueille l’autre avec cette source de la vie en lui, et on s’abstient du don total quand il ne pourrait pas être total.
de la satisfaction sexuelle à la joie de l’union
Tous ont à convertir leur désir. Ici je vais parler comme représentant de la moitié masculine de l’humanité, puisque c’est l’expérience que j’en ai. Les filles voudront bien transposer… En même temps cela les intéresse pour savoir comment elles sont considérées, et aussi parce que la société actuelle tend à masculiniser le désir de la femme, à pousser les femmes à désirer comme un homme — rêve de bien des hommes d’ailleurs!
Quand l’homme regarde une femme il est d’abord touché par les valeurs sexuelles de la personne. Il pourrait même penser qu’aimer c’est être attiré. Or ce désir premier fait rapidement de l’autre un objet, un objet qu’on décore pour le rendre encore plus attirant : regardez comment la mode actuelle met en évidence les valeurs sexuelles du corps, et comment fleurissent les love-store qui vendent de la décoration pour renforcer les éléments corporels sexuellement excitants.
Pour aimer, le défi va être de faire décoller l’attrait pour les valeurs sexuelles du corps vers un attrait pour les valeurs de la personne15. La force du désir ne soit pas être écartée, mais poussée plus loin, plus haut, pour chercher à saisir l’être profond de la personne, pour tendre vers lui, vouloir s’unir à lui. Le désir de saisir le corps doit devenir un désir de saisir la personne et son mystère infini. Et c’est seulement comme ça qu’on ne se lassera pas, qu’on ira vers des expériences toujours plus intimes et profondes. Car notre cœur est fait pour l’infini et notre corps peut le lui offrir s’il est vu comme temple de la personne et pas seulement comme corps animal capable de jouir et de faire jouir.
Il y a tout un travail pour passer de la satisfaction sexuelle à la joie de l’union. Ce sera surtout le travail de l’attention, qui permettra de rehausser l’attrait premier, qui soutiendra cette focalisation au niveau de la personne. Il me semble que cela exclut d’office toute une série de pratiques et de positions où on ne voit pas comment la focalisation de l’attention peut encore se faire sur la personne plutôt que sur telle ou telle partie sensible du corps exclusivement.
Plus généralement il s’agit de voir dans l’union physique «non pas une jouissance sexuelle mutuelle où l’un abandonne son corps à l’autre afin que tous les deux éprouvent le maximum de volupté sensuelle, mais précisément un don réciproque et une appartenance réciproque des personnes.»16C’est ainsi qu’est constitué l’amour des époux, où la personne «veut se donner à une autre, à celle qu’elle aime; elle désire cesser de s’appartenir exclusivement, pour appartenir aussi à autrui»17. «C’est comme une loi d’extase : sortir de soi-même pour trouver en autrui un accroissement d’être.» «Dans la conception contraire, l’amour est par avance annulé au profit de la jouissance (dans les deux sens du terme). Or, il ne peut être réduit à la seule jouissance, soit-elle mutuelle et simultanée. Par contre, il trouve son expression normale dans l’union des personnes»18.
rôle de la chasteté
Ça demande du courage, le courage d’être chaste19. Ça demande de progresser dans la maîtrise de soi. Dans un contexte culturel très difficile, pas porteur du tout, c’est une vraie lutte pour promouvoir la grandeur de l’humain. C’est dans ce cadre qu’intervient la chasteté, qui n’est rien d’autre que la promotion des valeurs de la personne au-dessus des valeurs sexuelles de la personne. Ceci parce qu’on ne veut pas que l’attitude de jouissance vienne détourner les énergies de l’amour. La chasteté est un oui à l’amour, elle est d’abord un oui dont ensuite résultent des non, non à tout ce qui menace l’amour véritable20. La chasteté se vit différemment selon qu’on est célibataire (continence), engagé avec quelqu’un (amour retenu, qui permet d’explorer l’amour comme don) ou marié (chasteté des époux dans leur attitude l’un envers l’autre). Mais de toute façon elle va chercher à canaliser toutes les pulsions sexuelles vers une quête authentiquement humaine : la quête de la personne.
Ne pas hésiter à employer les grands moyens spirituels. La prière, car c’est Dieu qui nous rend chaste. Le jeûne, qui nous aide à prendre distance par rapport à l’exigence intérieure d’être satisfait. Dans toutes les grandes religions on jeûne. Au milieu d’une société tyrannique quand à l’exigence de satisfaire immédiatement ses désirs, serions-nous les seuls spirituels à ne pas jeûner?
6. Une éducation mutuelle, entre gens blessés
Personne n’est capable de vivre et de faire vivre un bel amour physique sans un cheminement intérieur. Ceci parce que nous sommes tous blessés à ce niveau, les uns par un a priori négatif sur la sexualité qui leur paraît toujours un peu vulgaire malgré leurs efforts pour passer au-dessus de cette impression; les autres à cause d’un désir sexuel habité par des images où l’autre est regardé comme un objet de jouissance. Il faut ajouter la prétention despotique d’un désir sexuel qui s’affirme comme un besoin qu’il faut contenter (la banalisation de la masturbation a dû jouer un rôle dans cette exigence d’être satisfait sexuellement, bien que sa répression à outrance n’était pas non plus une solution).
Souvent ces blessures sont réparties différemment chez l’homme et la femme. Pour un homme, la sexualité peut être pratiquée sans amour, et il devra veiller à élever son désir au niveau de l’amour, afin que sa femme ne se sente pas traitée comme un objet. La femme, qui est très sensible à l’amour, pourra l’y aider en lui apprenant à voir ce qui peut relever de l’amour de ce qui lui est étranger. Pour une femme, l’amour peut être déconnecté de la sexualité dans l’autre sens : vouloir vivre un amour seulement au niveau des sentiments. Son mari devient alors le mendiant perpétuel d’une union sexuelle considérée comme superflue. L’homme pourra aider sa femme à s’abandonner à la jouissance physique comme une façon de vivre l’amour dans l’union de personnes.
De toute façon, on se blesse l’un l’autre, c’est inévitable. Il faut savoir se demander pardon, et éviter de mépriser celui qui nous apparaît soudain comme si étranger. Chacun aura à se contraindre avec douceur, pour évoluer vers un don de soi toujours plus généreux. Cet aspect de don de soi, est plus évident pour une femme; il réside dans la physiologie même. Par la façon dont elle imagine ou vit déjà l’union sexuelle, la femme se rend bien compte qu’elle y est donnée à l’homme. Pour un homme, le don de soi doit être cultivé plus consciemment, pour que l’action envers l’autre ne devienne pas possession de l’autre et mise à sa propre disposition. Car l’action de l’homme relève davantage de la conquête et, pour devenir amour véritable, elle doit être enrichie par un engagement de soi vécu consciemment.
Un moyen à cultiver : retrouver le lien entre union et procréation
Dans la théologie du corps, Jean-Paul II prend distance avec une théologie qui pensait qu’il fallait excuser l’acte sexuel et que ce qui l’excusait était la nécessité de procréer. Tout ce qui a été dit sur la communion des personnes fait comprendre qu’une page a été tournée pour de bon. Toutefois Jean-Paul II veut proposer à nouveau l’enseignement d’Humanae vitae, qui n’est pas l’opposition à la pilule mais la perception de l’importance du lien constant entre union et procréation. Ce lien est important car ce sont des personnes fécondes qui se donnent l’une à l’autre.
L’invention de la pilule et du préservatif a fait penser qu’on libérait enfin l’amour d’un grand poids : la crainte de faire trop d’enfants. Vivre des rapports sexuels dans la crainte n’a jamais fait grandir l’amour. Mais délier le plaisir sexuel du pouvoir de vie qu’il cache conduit sur les chemins de l’insatisfaction assurée. Je me demande combien de couples ont échoué parce que les conjoints sont devenus étrangers l’un à l’autre alors qu’il croyaient vivre un amour physique sans barrière et se sont écrasés sur une falaise de lassitude.
Comme je l’ai suggéré plus haut, lorsqu’on attend que l’autre prenne la pilule ou le préservatif on induit l’idée que l’on ne veut pas s’unir à tout ce qu’il est, bien qu’on attende qu’il nous donne le plus intime de lui. À première vue il n’y a pas de problème, on s’entend bien quand-même. Mais une blessure s’installe et s’infecte, éloignant toujours plus ceux qui croient se rapprocher. Le lien entre l’union et la puissance de vie de l’amour ne peut pas être brisé par la contraception, sinon on entre sans le voir dans une transformation fatale de l’amour.
Mais alors, va-t-on devoir accueillir tous les enfants qu’une vie amoureuse intense nous donnera? Il y a un moyen, exigeant mais efficace, de vénérer l’autre aussi comme source de la vie sans pour autant concevoir un enfant : l’observation de la période inféconde du cycle féminin, appelée souvent méthode naturelle de régulation des naissances. L’idéologie contraceptive répand la légende qu’elles sont inefficaces, ce qui n’est plus vrai depuis au moins 30 ans. Il y en a plusieurs, et il est bon de se former avec une monitrice pour comprendre le cycle avec sa variabilité. Pour la première fois de sa vie, l’homme peut découvrir de façon très proche de lui la vie d’un être soumis à un cycle biologique. Cela permet une nouvelle compréhension mutuelle. À cause de l’abstinence périodique, cette méthode est exigeante pour les deux conjoints, elle demande beaucoup de maîtrise de soi et c’est parfois seulement progressivement qu’on y parvient. Il y a des choses frustrantes dans cette manière de faire. Mais de toute façon dans la vie sexuelle il n’y a pas que la satisfaction, il y a aussi la frustration. C’est illusoire de rêver que ce soit autrement. Mais la régulation naturelle des naissances renouvelle aussi l’amour car elle fait retrouver l’union physique sous un jour neuf après chaque période d’abstinence. Et ces périodes elles-mêmes sont l’occasion de se témoigner de l’amour dans une tendresse dépourvue d’arrière pensée. Au contraire, la tendresse disparaît souvent au seul bénéfice du sexe lorsque les conjoints sont toujours accessibles l’un à l’autre pour faire l’amour.
On pourrait se dire : quelle différence y a-t-il entre une contraception et le recours aux périodes infécondes puisque le résultat est le même : on ne souhaite pas d’enfant? Je répondrais : la même différence qu’entre tarir une source ou simplement ne pas y boire. Mais cette réponse rapide est à tester dans le vécu d’amour de chaque couple…
7. Des cas particuliers
Le célibat consacré
Encore deux mots, sur la valeur du célibat consacré. Étant donné toutes ces belles perspectives, celui qui s’y engage perd-il quelque chose? D’un côté oui, car l’amour humain est une grande richesse. De l’autre non, car le célibat consacré est une autre façon d’accomplir la vocation de la personne : se donner tout entière. Pour être un consacré, il faut être prêt à se donner tout entier dans le mariage.
Les personnes attirées par celles du même sexe
Et sur la situation des personnes qui ont une attirance pour les personnes de même sexe. Cette attirance peut conduire à de belles amitiés très profondes, comme on en voit dans l’histoire de l’Église. La difficulté commence lorsque les personnes espèrent qu’elles vont pouvoir traduire leur attrait dans un amour physique. On va le comprendre en reprenant ce qui a été dit sur la vocation de la vie sexuelle à l’union des personnes. Dans le cas d’une relation homosexuelle, les corps ont bien la capacité de jouir mutuellement, mais pas de s’unir. On cherche alors une union des personnes dans des corps qui ne peuvent que se satisfaire mutuellement sans traduire adéquatement cette union. À première vue il n’y a là qu’une nuance. Mais l’être humain qui est indivisiblement corps et esprit est marqué en profondeur par cette contradiction. Il y a une impasse dans cette non-union de la chair, un inaccomplissement, qui est souvent douloureux et pousse entre autre à ne pas se satisfaire d’un seul partenaire21. S’y ajoute la stérilité des pratiques sexuelles homosexuelles. Se découvrir attiré par des personnes de même sexe sera toujours une épreuve, qui n’est pas due à l’homophobie mais aux limites constitutives des relations homosexuelles. Mais des personnes homosexuelles chrétiennes cherchent à progresser avec leurs faiblesses, et parfois elles le font au long de plusieurs étapes, qui les font passer par une liaison stable, vers une liaison chaste22.
8. Petite bibliographie
Benedict Groeschel, Le courage d’être chaste, éd. des Béatidudes, 2004
Daniel-Ange, Ton corps fait pour l’amour, éd. du Jubilé, 1988
Karol Wojtyla, Amour et responsabilité, Parole et silence, 2014.
Karol Wojtyla, La boutique de l’orfèvre, Cerf, 2000 — DVD aux éd. de l’Emmanuel
Karol Wojtyla, Rayonnement de la paternité, Cerf, 2014
Jean-Paul II, Homme et femme il les créa — Une spiritualité du corps, Paris : Cerf, 2004
Yves Semen, La sexualité selon Jean-Paul II — Nouvelle édition revue et augmentée, Presses de la Renaissance,
Christopher West, La théologie du corps pour les débutants, éd. de l’Emmanuel, 2014
Olivier Florant, Ne gâchez pas votre plaisir, il est sacré, Presses de la Renaissance, 2006
Guy Bedouelle, Jean-Louis Bruguès, Philippe Becquart, L’Église et la sexualité — repères historiques et regards actuels, Cerf, 2006
Philippe Ariño, L’homosexualité en vérité, éd. Frédéric Aimard, 2012
Carl Anderson, José Granados, La beauté de l’amour et la splendeur du corps: à l’école de Jean-Paul II, éd. de l’Emmanuel, 2014
1Décret sur la formation des prêtres Optatam Totius 16 : «On s’appliquera, avec un soin spécial, à perfectionner la théologie morale dont la présentation scientifique, plus nourrie de la doctrine de la Sainte Écriture, mettra en lumière la grandeur de la vocation des fidèles dans le Christ et leur obligation de porter du fruit dans la charité pour la vie du monde.»
2Dans ce texte, «homme» est pris en son sens générique lorsqu’il n’est pas associé au terme «femme».
3«Je sentais comme une force intérieure qui me poussait : il faut préparer les jeunes au mariage, il faut leur parler de l’amour. L’amour ne s’apprend pas, et pourtant il n’existe rien au monde qu’un jeune ait autant besoin d’apprendre! and j’étais un jeune prêtre, j’ai appris à aimer l’amour humain. C’était un des thèmes sur lesquels j’ai axé tout mon sacerdoce, mon ministère dans la prédication, au confessionnal et à travers ce que j’écrivais. Si l’on aime vraiment l’amour humain, on ressent le besoin urgent de s’engager de toutes ses forces en faveur du “grand amour”» (Jean-Paul II, Entrez dans l’Espérance, p.192).
4«L’homme devient vraiment lui-même, quand le corps et l’âme se trouvent dans une profonde unité; le défi de l’eros est vraiment surmonté lorsque cette unification est réussie. Si l’homme aspire à être seulement esprit et qu’il veuille refuser la chair comme étant un héritage simplement animal, alors l’esprit et le corps perdent leur dignité. Et si, d’autre part, il renie l’esprit et considère donc la matière, le corps, comme la réalité exclusive, il perd également sa grandeur. L’épicurien Gassendi s’adressait en plaisantant à Descartes par le salut : “Ô Âme!”. Et Descartes répliquait en disant : “Ô Chair!”. Mais ce n’est pas seulement l’esprit ou le corps qui aime : c’est l’homme, la personne, qui aime comme créature unifiée, dont font partie le corps et l’âme. C’est seulement lorsque les deux se fondent véritablement en une unité que l’homme devient pleinement lui-même. C’est uniquement de cette façon que l’amour — l’eros — peut mûrir, jusqu’à parvenir à sa vraie grandeur.» (Benoît XVI, encyclique Deus caritas est № 5.)
Voir encore «...la vocation à l’amour est ce qui fait de l’homme l’authentique image de Dieu : il devient semblable à Dieu dans la mesure où il devient quelqu’un qui aime. De ce lien fondamental entre Dieu et l’homme en découle un autre : le lien indissoluble entre esprit et corps. L’homme est en effet une âme qui s’exprime dans le corps et un corps qui est vivifié par un esprit immortel. Le corps de l’homme et de la femme revêt donc également, pour ainsi dire, un caractère théologique, ce n’est pas uniquement un corps, et ce qui est biologique chez l’homme n’est pas seulement biologique, mais est l’expression et la réalisation de notre humanité. De même, la sexualité humaine n’est pas séparée de notre nature de personne, mais lui appartient. Ce n’est que lorsque la sexualité est intégrée dans la personne qu’elle réussit à acquérir un sens.» (Benoît XVI, discours à l’ouverture du congrès ecclésial diocésain, basilique Saint-Jean-de-Latran, 6 juin 2005)
5Karol Wojtyla, Amour et responsabilité, Parole et silence, 2014.
6Cerf, 2014.
7Mc 10,8-9; on trouve également ce récit en Mt 19.
8Jean-Paul II, Homme et femme il les créa — Une spiritualité du corps, Paris : Cerf, 2004, audience du 26 septembre 1979, p. 26.
9C’est-à-dire non pas fabuleux mais «une façon archaïque d’exprimer un contenu plus profond» (p. 46; voir les notes de l’audience du 19 septembre 1979 pour une description précise de comment le XXe siècle est sorti du rationalisme du siècle précédent grâce aux travaux de C.G. Jung, M. Eliade, P. Tillich, H. Schlier, P. Ricœur) : «Si dans le langage du rationalisme du XIXe siècle le terme mythe indiquait ce qui n’entrait pas dans la réalité, le produit de l’imagination (Wundt) ou ce qui est irrationnel (Lévy-Bruhl), le XXe siècle a modifié la manière de concevoir le mythe. L. Walk voit dans le mythe la philosophie naturelle, primitive et a-religieuse; R. Otto le considère comme un instrument de connaissance religieuse; pour C.G. Jung, par contre , le mythe est une manifestation des archétypes et l’expression de l’“inconscient collectif”, symbole des processus intérieurs. M. Eliade découvre dans le mythe la structure de la réalité qui est inaccessible à l’enquête rationnelle, empirique : le mythe transforme, en effet, l’événement en catégorie et rend capable de percevoir la réalité transcendante; il n’est pas seulement un symbole des processus intérieurs, comme l’affirme Jung, mais un acte autonome de l’esprit humain au moyen duquel se réalise la révélation (cf. Traité d’histoire des religions, Paris, 1949, p.363; Images et Symboles, Paris, 1952, pp.199-235.) Selon P. Tillich le mythe est un symbole, constitué par les éléments de la réalité, qui sert à représenter l’absolu et la transcendance de l’être auxquels tend l’acte religieux. H. Schlier souligne que le mythe ne connaît pas les facteurs historiques et n’en a pas besoin en ce sens qu’il décrit ce qui est destin cosmique de l’homme qui est toujours tel quel. Le mythe, enfin, tend à connaître ce qui est inconnaissable. Selon P. Ricœur : “le mythe est autre chose qu’une explication du monde, de l’histoire et de la destinée; il exprime, en terme de monde, voire d’outre-monde ou de second monde, la compréhension que l’homme prend de lui-même par rapport au fondement et à la limite de son existence. […] Il exprime dans un langage objectif le sens que l’homme prend de sa dépendance à l’égard de cela qui se tient à la limite et à l’origine de son monde” (P. Ricœur, Le conflit des interprétations, Paris, Seuil, 1969, p.383.)» (p.19). Suit un extrait de Finitude et culpabilité décrivant une origine radicale du mal distincte de l’origine plus originaire de l’être-bon des choses.
10Yves Semen, La sexualité selon Jean-Paul II — Nouvelle édition revue et augmentée, Presses de la Renaissance, 2004, p. 81.
11CEC 2360.
12Jean-Paul II, Homme et femme il les créa, p.249
13p.178 et p.103.
14«La donation physique totale serait un mensonge si elle n’était pas le signe et le fruit d’une donation personnelle totale, dans laquelle toute la personne, jusqu’en sa dimension temporelle, est présente. Si on se réserve quoi que ce soit, ou la possibilité d’en décider autrement pour l’avenir, cela cesse déjà d’être un don total.» (Jean-Paul II, exhortation post-synodale Familiaris consortio, № 11)
15Il faut que «la réaction sensuelle et affective à l’être humain de sexe opposé soit rehaussée au niveau de la personne.» (Karol Wojtyla, p. 112)
16Karol Wojtyła (Jean-Paul II), Amour et responsabilité, p.116
17Karol Wojtyła, p.115
18Karol Wojtyła, p.116
19Benedict Groeschel, Le courage d’être chaste, éd. Béatitudes, 2004.
20Karol Wojtyla, Amour et responsabilité, Paris : Stock, 1978, p.108. Réédité chez Parole et Silence, 2014.
21Voir par exemple l’étude de Hugues Lagrange, «Le nombre de partenaires sexuels: les hommes en ont-ils plus que les femmes?» in Population, 46e année, No 2, 1991, 249-277, en Rhône-Alpes en 1989. 16,4% des personnes interrogées disent avoir eu plus d’un partenaire sexuel dans l’année écoulée, mais ce chiffre monte à 71,9% pour les hommes homosexuels.
22Lire par exemple Philippe Ariño sur le sujet.