en{joomplu:153} guise d’encouragement pour les amis qui y partent bientôt, les notes du voyage 2009 avec Véronique, Annou et Mathieu.
Et déjà, avant de partir, Riobamba comme nous ne la verrons peut-être pas, nichée au creux des montagnes et volcans andins...
La ville compte maintenant environ 150.000 habitants et se niche à 2750m en moyenne. Elle est capitale de la province du Chimborazo (du nom du volcan qui la domine) et siège d’un diocèse.
Le diocèse compte 403.000 habitants, 67 prêtres, 52 paroisses, pour une superficie d’un cinquième de la Belgique. Autant dire que l’organisation paroissiale ne ressemble pas à la nôtre. Nous pourrons vous en dire plus bientôt...
Nous décollons mardi 30 à 19h, pour un voyage de 19h jusque Quito, en passant par Madrid et Guayaquil.
A bientôt depuis Quito ou Riobamba, pour des commentaires et des photos...
mercredi 1er juillet
Apres un voyage sans encombres, nous voici superbement accueillis dans la famille de Jacky,Meitner et leurs enfants. Du toit de leur maison on a cette vue sur Quito.
Ce matin, visite de la "chapelle de l’homme", une exposition des oeuvres du peintre equatorien Guayasamin, retracant les peines et les combats des peuples de l’Amerique latine. A l’heure ou vous avez soupe, nous allons diner... Inutile de vous le dire, il n’y a pas d’accents sur les claviers!
jeudi 2 juillet
Hier nous avons pu visiter Quito à la tombée du jour, et ce fut une excellente idée car le lendemain nous avons bien dû payer notre léger tribut au mal d’altitude... Vite remis nous voilà en route pour Riobamba (avec une nouvelle solution pour les accents...)
L’accueil par les sœurs et par l’évêque sont très chaleureux; nous sommes vraiment bien logés, en plein centre ville. Après un bon repas avec Mgr Corral et ses amis architectes (venus se concerter avec lui pour reconstruire une école détruite par le feu), après un thé ou un café à la grappa (devinez qui...) et un petit tour dans la ville déserte, il est temps de se coucher: nos cerveaux se souviennent qu’il est 5h du matin!
vendredi 3 juillet
C’est Nelson Martinez, chef de projet du diocèse, qui nous emmène à Tixan, à deux heures de route de Riobamba, visiter une coopérative agricole où nous avons finançé jadis 23 vaches... qui sont devenues une bonne septantaine aux quatre coins de la montagne.
Voici l’ingeniorito Mateo Jonard en grande conversation avec le chef de la communauté à propos du rendement des vaches.
En cette fin d’après-midi, visite de la curie diocésaine, avec les services sociaux, d’accès à la terre, de promotion du lama, la bibliothèque qui accueille notamment les étudiants indigènes, les archives Monseigneur Proaño, la radio catholique animée par des jeunes, où nous assistons à l’enregistrement d’une chanson par un jeune chanteur de 17 ans... (lien à suivre...)
Bon, il est temps d’aller souper! Hasta luego!
samedi 4 juillet
Chaque jour, au milieu du programme prévu, nous faisons un tas de rencontres providentielles. Hier un médecin allemand devenu directeur de l’hopital diocésain, aujourd’hui un facteur d’orgue venu reconstituer dans la cave de la cathédrale un orgue français du XIXºs, puis, à la maison de formation des animateurs pastoraux, des réfugiés colombiens. Ils ont fui les farcs qui voulaient enrôler de force leurs deux grands gars sous menace d’exécuter toute la famille.
La journée était consacrée à la formation, de 0 à 80 ans! Le matin, une maison d’accueil des tout-petits, garderie et école maternelle, internat avec à l’occasion l’accueil plus long d’enfants orphelins qui vivent avec les soeurs.
Puis le marché aux légumes, où les paysans indigènes viennent vendre leur production aux senteurs délicieuses.
Avant-midi encore, la casa indigena, pour les jeunes indiens qui viennent travailler à Riobamba mais ne trouvent pas de lieu sûr pour dormir. En plus du lit, on leur procure une formation humaine et on fait de la prévention de l’alcoolisme. Nous avons rencontré le padre Gaby, vieil ami de soeur Madeleine, la "soeur Emmanuel" de Riobamba. Nous vous en reparlerons...
Après-midi, visite du Hogar Santa Cruz, le lieu où habitait Mgr Proaño, et de la maison de formation des animateurs pastoraux que nous avons soutenue cette année. Nous découvrons de plus en plus le personnage exceptionnel que fut Mgr Proaño. Personnellement je suis marqué par le fait qu’au départ il n’était pas du tout révolutionnaire par tempérament, mais que c’est par la rencontre, dans son coeur, de l’evangile et des gens, les indiens en l’occurence, qu’il est devenu prophète.
Mucho gusto de vous avoir retrouvé ici!
dimanche 5 juillet
Quelle journée pleine d’émotions! D’abord la visite d’une communauté indigène à 3400m d’altitude, au-delà de Sicalpa Viejo (région de Cajabamba), où nous avons aidé à un crédit pour l’achat de terres. Les indiens avaient été relégués dans les hautes terres, peu fertiles et très froides, par les créateurs de haciendas, grandes propriétés dont les indiens sont considérés comme les serfs vendus avec la terre. Grâce au diocèse, à l’occasion de la mort d’un propriétaire et du partage de ses terres entre ses héritiers, la communauté indienne a pu acheter quelques hectares et a déjà pu rembourser son prêt. Les terres achetées, un peu plus basses, sont nettement plus fertiles, et on peut laisser quelques lamas paître plus haut.
L’accueil fut tellement chaleureux, avec même un bon repas de fèves et de fromage du cru. Après les discours d’usage nous avons pu assister à une petite séance de formation économique, catéchétique et patorale "tout en un" par Mireyia, notre guide depuis trois jours, avec qui les liens deviennent muy sympaticos.
Nous avons pu visiter la garderie pour les bébés et les petits enfants, tenue par une jeune fille de 17 ans, puis nous avons dansé!
L’après-midi devait être simple détente à Guano, près de Riobamba, mais ce fut l’occasion de la rencontre la plus bouleversante: une femme qui a laissé son restaurant pour s’occuper des personnes handicapées de la ville, qu’elle accueille avec compétence mais dans une pauvreté si grande.
Ce sont une centaine de personnes handicapées, dont des enfants nécessitant une attention constante, qu’elle accueille avec du personnel quasi bénévole puisque ses six aides acceptent de travailler pour un salaire mensuel de 20$. Et elle leur procure nourriture, assitance médicale (kiné), production d’artisanat pour ceux qui le peuvent, et retour à la maison chaque jour (300$ par mois pour ces trajets). Le dîner dure de 12h à 15h, vu le nombre et l’exiguité des lieux, et on fait la vaisselle plusieurs fois durant le service!
En partant nous ne savions plus que dire devant la générosité et la puissance de vie qui rayonnait de cette femme! Elle a bien insisté que nous priions pour elle.
Bon, je dois filer... À 19h c’est la messe dominicale.
lundi 6 juillet
Aujourd’hui, journée lamas! Nous commençons par la visite d’une communauté métisse du côté de Quimiac, où on élève le lama dans les hauteurs aux herbes coriaces, le "paramo". Il faut savoir que les indiens aiment avoir un lama près de leur maison car par son attitude il les renseigne sur les intentions du visiteur. Certains disent qu’il sent les phèromones émis par les gens, d’autres parlent du magnétisme, mais de toute façon, quand lama fâché, lui toujours faire ça! Notez le magnétisme positif du padre Gaby envers ce lama de Noël!
Nos hôtes, qui nous servent un énorme plat de pommes de terre et de cuy (cuy, le cobaye, que l’on mange grillé avec des pommes de terre à l’eau: cuy con papas), habitent sur le flanc d’une colline qui menace d’ensevelir le village par une coulée de terre le jour où il pleuvra trop, comme c’est le cas lors des épisodes "el niño". Du coup ils se sont endettés pour acheter un terrain où déplacer leur village, et ils comptent bien nous accueillir là à l’avenir.
Cet après-midi sera sûrement moins passionnante: préparation d’un congrès sur le lama en novembre...
Grande nouvelle, je vais essayer que les images soient cliquables, ainsi vous pourrez les voir en grand.
mardi 7 juillet
Nous avons encore rencontré un saint! (enfin, c’est Dieu qui sait...) La journée était consacrée à Penipe, une région proche du volcan en activité Tungurahua. Les habitants de la contrée souffrent davantage de maladies et handicaps mentaux, liés à des déficiences minérales (cf. le crétinisme des Alpes), au volcan et sans doute aussi la consanguinité. Un prêtre colombien, Jaime Álvarez, est arrivé ici il y a 30 ans et s’est lancé tout azimuth dans l’aide aux populations, tant au niveau santé que de l’estime de soi, la formation professionnelle, la catéchèse, et l’accueil et la mise au travail de personnes handicapées. Il voulait accueillir les enfants et les jeunes handicapés mentaux qui sont souvent délaissés, voire exploités, dans leurs familles. Et comme il ne pouvait y parvenir seul, et que les congrégations religieuses auxquelles il s’adressait lui répondaient qu’elles étaient trop vieilles, ou que ce n’était pas leur charisme, il a fondé les soeurs franciscaines de la charité, avec plein de vocations!
Nous avons étés très touchés par son attitude de père envers les 30 enfants qu’il accueille (certains sont si fragiles qu’on risque de leur rompre les os simplement en les lavant). Sur la photo vous le voyez avec un enfant de 14 ans.
Sa devise: quien no vive para servir no sirve para vivir!
L’après-midi, les femmes de Matus, une communauté de la région, nous ont accueillis pour nous expliquer le fonctionnement de la "caja communitaria", caisse de coopération qui leur permet d’investir dans de petits projets rentables. C’est une forme de micro-crédit qu’il nous a bien fallu deux jours pour comprendre!
Annou et Véronique sont très fières que le diocèse s’appuie sur les femmes pour le développement (les hommes vont souvent à la ville, voire en Europe, pour chercher du travail).
mercredi 8 juillet
Aujourd’hui, long et formidable voyage en voiture vers Pallatangua, tout à l’ouest du diocèse. C’est sur le versant de la cordillère des Andes, en descendant vers Guayaquil. Le paysage y est plus joli, la nature plus généreuse en général.
La paroisse y a soutenu un projet en 2007: l’achat de semences de frijoles, sorte de haricot géant dont les Équatoriens sont très friands et qui est une des principales ressources agricoles de la région. Des intempéries avaient détruit les semences pendant leur maturation sur les champs (enfin c’est ce que nous avons pu comprendre...)
La culture des frijoles est néanmoins de plus en plus difficile, à cause des parasites de la plante. Disons que nous nous sommes penchés sur le problème...
L’après-midi (ah oui, ce jour-là nous avons dîné deux fois, vive les patates!) nous avons visité la communauté de Bilbao Nuevo, un village de déportés à cause du volcan, qui a pu s’établir sur cette bonne terre confisquée par le gouvernement à des narco-trafiquants. Comme nous sommes véhiculés par Charito, la responsable du diocèse pour les groupements de femme et les caisses communautaires, nous rencontrons principalement le... comité des femmes.
Ici, le souci principal des habitants est de pouvoir rester sur la terre sans être expulsés par l’ancien propriétaire. Leurs premières années ont été dures pour, tout en cultivant, construire des maisons à la place des huttes de fortune qui les ont abrités à leur arrivée. Ici on cultive principalement à la main, avec une mécanisation minimale.
jeudi 9 juillet
Pour aujourd’hui il n’y a pas grand chose à raconter, nous passons notre temps à la cabine internet! Nous pouvons nous émerveiller aussi de ne pas encore avoir été rejoints par la tourista, d’être maintenant habitués au décalage horaire. Tout va super bien. Après-midi, Mgr Corral nous emmène en ballade, avec des amis états-uniens, jusque Puyo et Tena, dans l’Oriente. Nous y passerons la nuit et la journée de demain. À samedi donc! Merci de nous accompagner de votre attention et de votre prière. C’est réciproque.
vendredi 10 juillet
Grâce à Monseigneur Corral nous voilà entrés dans la phase touristique de notre voyage. Rien de moins que la forêt équatoriale!
L’Équateur nous montre une physionomie vraiment différente selon les régions. Si Quito et Riobamba se ressemblent un peu, la selva nous conduit d’étonnements en étonnements. En descendant des Andes la température augmente de 10 degrés et l’humidité ambiante nous donne l’impression de beaucoup plus. La végétation change beaucoup, de même les habitants, surtout les "natifs" (ne dites plus "indiens"!) Ici on vit du tourisme, de la banane (enfin, des bananes, tant il y en a de sortes), de la canne à sucre, de l’élevage et du pétrole.
Nous apprenons que les missionnaires parcourent la forêt en pirogue et à pied (exceptionnellement, en petit avion), avec un courage qui force l’admiration de Monseigneur Corral.
Notre voyage nous a donné l’occasion de découvrir cet homme de l’intérieur et d’apprécier sa simplicité, sa cordialité en même temps que son tempérament décidé. Christophe est même devenu son chauffeur pour quelques heures!
Samedi 11 juillet
Aujourd’hui, un peu de repos tranquille à Riobamba. Nous flânerons dans la ville pour goûter l’atmosphère en ce jour de marché où les gens descendent de la montagne pour vendre leurs produits. Hier soir en rentrant nous avons eu un avant-goût de cette descente vers la ville: un tas de vieux camions sans phare descendaient à 30km/h les fortes pentes de la panaméricaine, et les montaient tout aussi rapidement dans un nuage de gaz d’échappement extraordinaire.
Demain matin, Mgr Corral nous emmène sur les pentes du Chimborazo. À 19h, quand vous dormirez déjà, nous célébrerons la messe radio-diffusée.
Recevez le salut de tous ici!
dimanche 12 juillet
Le Chimborazo, avec le groupe de jeunes de Monseigneur, restera une expérience inoubliable.
Luiz, Gabriel et leurs amis nous ont accompagné sur les sommets qu’ils visitent parfois avec Mgr Corral. Nous découvrons ce groupe de jeunes que l’évêque réunit régulièrement et qui l’entoure aussi pour des célébrations à la cathédrale. Monseigneur, qui me fait de plus en plus penser à Jean-Paul II, n’a pas pu nous accompagner, pour cause de confirmations, mais nous l’avons retrouvé à la messe du soir où il a chaleureusement salué l’amitié entre Louvain-la-Neuve et le diocèse.
Le temps était magnifique, et nos guides étaient aussi ravis que nous: ils n’avaient jamais connu autre chose là-haut que la pluie et le brouillard.
Grimper à 5200m (à peu près: notre altimètre faisait une dépression!), c’est plutôt grisant. Heureusement que depuis 10 jours nous nous sommes habitués à l’altitude en vivant à 2800m sinon nous aurions été franchement malades.
Le soir, nous partageons le repas avec Monseigneur Fausto, l’évêque auxilliaire, qui nous amuse beaucoup par son regard malicieux. Nous tenons de lui cet aphorisme sur le peuple équatorien:
Les Équatoriens sont des gens étranges:
ils dorment tranquillement à l’ombre des volcans,
ils font des chansons tristes et cela les réjouit,
ils vivent pauvrement, assis sur des sacs d’or.
(allusion aux grandes richesses du pays: climat, sol, pétrole...)
lundi 13 juillet
Nous aurons bien besoin d’un jour et demi pour dire au revoir à tous ceux qui nous ont accueillis et guidés si chaleureusement. Ce sera un peu difficile de partir... Mardi nous rentrons à Quito, et l’avant-garde de notre ambassade paroissiale décolera mercredi en fin de journée. Le prochain salut sera donc sûrement de Belgique. Puis il nous faudra attendre patiemment l’occasion de vous partager davantage notre voyage en projetant un montage avec tout ceux que nous avons photographiés et filmés. Sans doute en septembre ou en octobre... Les nouvelles suivront sur cette page.
Mardi 14 juillet
Les adieux, c’est l’occasion de visiter Gabriel dans son studio au sous-sol de la curie diocésaine.
Gabriel est responsable de la radio diocésaine, qui vise spécialement à toucher les jeunes. Le diocèse de Riobamba se lance, avec toute l’Église d’Équateur, dans quatre années pour la Mission. L’an prochain ce sera spécialement pour les jeunes; alors Gabriel prépare un CD avec des chants qui portent le témoignage rendu à l’évangile. Vous pouvez écouter la radio sur catolicariobamba.listen2myradio.com
jeudi 16 juillet
Et voilà, après 20h de voyage le premier vol Quito-Bruxelles est bien arrivé à destination avec Mathieu et Christophe. Reste à attendre Véronique et Annou qui continuent leur visite de ce si beau pays.