Jadis, on a pu prendre la religion pour l’opium du peuple, servant à apaiser ses souffrances dues à l’injustice économique. Tout n’est pas faux là-dedans, car l’espérance en la vie éternelle permet de supporter beaucoup de difficultés. Mais si on annonce tout l’Évangile, la religion est aussi le fouet du riche. Car qui pourrait dire : « je fais ce que je veux de mes biens », après avoir entendu un évangile comme celui-ci ? Tôt ou tard, le Seigneur lui demandera : qu’as-tu fait de ton frère ? Les biens que tu as réussi à acquérir, ce n’était pas que pour toi, ce sont les biens de toute la Création. Tu y as pris une part, sans regarder que tu en lésais d’autres. Qu’as-tu fait de ta liberté, de ton cœur ? Crois-tu que ton insouciance compense ton endurcissement ?

L’instrument que Dieu nous a donné pour jouer la musique de notre vie, c’est notre cœur. C’est l’instrument le plus précieux du monde. Lorsque nous passons notre vie à nous soucier de nos intérêts, à chercher comment nous enrichir et profiter de nos biens, notre cœur se dessèche, il devient rabougri, comme la nourriture lyophilisée… et une vie éternelle avec un cœur rabougri, c’est une fameuse souffrance. C’est pourquoi Jésus a dit : heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ! Heureux ceux qui gardent un cœur disponible, aimant, attentif, toujours ouvert, assoiffé. Un cœur qui désire l’amour comprend la beauté d’une vie d’amour éternelle. Et déjà il la vit aujourd’hui. Et il rend les autres heureux. Et ce n’est pas que les autres : c’est lui aussi qui en est tout heureux dès maintenant, car il est créé pour aimer.