Quelle fut la paix que François a répandue tout autour de lui ? Il ne s’agit pas de la coexistence indifférente que l’on imagine parfois, où chacun poursuit ses objectifs à lui sans trop déranger les autres. C’est une paix qui règne par l’intérêt de chacun pour les autres, et par la rencontre. Non pas une simple absence de conflit, mais une vraie relation.

Ainsi la paix mondiale ! Elle ne peut pas être un couvercle de non-agression posé sur les peuples dans la situation difficile où certains se trouvent. « Le développement est le nouveau nom de la paix » disait Paul VI. La paix n’est possible que dans la poursuite commune de la justice.

Ainsi la paix dans les familles ! Ce n’est pas la paix où chacun s’occupe dans son coin sans gêner les autres, mais la paix qui vient de l’encouragement et du soutien mutuel.

François a pu être artisan de paix car il avait cherché et conquis jour après jour la paix intérieure. Et s’il a trouvé la paix intérieure, c’est qu’il a choisi la pauvreté. Aux prélats romains qui s’étonnaient de la rigueur de sa règle en matière de pauvreté, François avait rétorqué : « Mes seigneurs, si nous avons des terres, il nous faudrait des armes pour les défendre. » Et François sait que ce ne sont pas seulement les terres qui se mesurent en hectares qui sont problématiques, mais tous ces territoires particuliers que nous défendons comme nous pouvons dans nos existences. François choisit d’être pauvre sur la terre, afin que sa valeur, toute la reconnaissance que chacun cherche pour subsister, que tout cela soit au ciel, soit cadeau de Dieu qui aime chacun particulièrement.

François va démasquer l’attachement à tous les biens matériels, mais il s’engagera aussi sur le chemin de la pauvreté intérieure. Cette pauvreté et cette paix qui s’acquièrent par le dépouillement de notre cher « moi », de notre volonté propre. La vie, les relations blessent l’amour propre et la volonté propre qui l’accompagne. Au lieu de nous rebiffer, François nous invite à nous laisser dépouiller, quitte à nous sentir très pauvre. C’est le chemin d’une vraie réconciliation avec soi, qui permet la paix. C’est le chemin escarpé pris par François incompris de ses frères, de frère Marc de Tibériade rejeté jadis par sa communauté, et de tant d’autres disciples de la lumière.

Au comble de la pauvreté, du dépouillement, François pourra se dire : « Dieu est, cela suffit ! » Il le dira dans cette joie parfaite dont il est le témoin pour le monde entier. Pour pouvoir vivre cela, il faut être capable de se renoncer soi-même. Se renoncer, mais n’abdiquer aucune de ses aspirations au vrai, au beau, au bon !

Enfin, François va rencontrer le sultan en s’appuyant sur sa foi vive. Soyons certains qu’entre les religions et les cultures la paix ne sera possible que par la rencontre, non par le nivellement. Le nivellement, c’est penser qu’il est indifférent d’adhérer à telle ou telle religion, qu’elles se valent toutes, qu’elles ne sont pas différentes, qu’on pourrait imaginer une religion moyenne faite du mélange de toutes les spiritualités. Cela n’a jamais été la vision de François. Cela ne peut que générer de l’insécurité intérieure et sociale, source de conflits. Mais que chacun trouve dans ses racines, dans sa foi affermie, l’énergie d’aller vers l’autre. Pour nous, ce sera le Christ, son amour pour tout homme, le don de sa vie pour tout homme.

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