Supposons que ce midi, à l’apéro, quelqu’un dise dans le petit groupe où il s’est glissé : « je ne vais pas bien du tout… j’ai besoin de votre aide ». Vous n’allez pas lui dire : « bon, et bien bon appétit quand-même ! Je te laisse car je dois aller allumer le barbecue… » Non, je vous connais : cette personne trouvera de l’aide, une oreille, un soutien. Eh bien, en plus de l’amitié que nous nous donnons les uns aux autres, et de façon plus disponible encore, les saints répondent à notre demande de soutien sur le chemin de la foi. Encore faut-il le demander… C’est un peu comme entre nous. On ne peut pas se mettre à souhaiter que les autres devinent notre vie.
Parmi les saints il y en a une qui a depuis l’antiquité une place très spéciale. Il s’agit de Marie, mère de Dieu. Marie est comme les autres saints une amie très bienveillante et un modèle de foi. Mais elle a eu un contact unique avec le Christ sauveur. Le Fils de Dieu qui existe depuis avant la création du monde, elle l’a conçu par l’Esprit Saint, et elle lui a donné un corps. Cette expérience a été une union transformante avec Jésus, qu’elle a poursuivie tout au long de sa vie C’est presque naturel de la trouver au pied de la croix. Et Jésus ressuscité n’a pas besoin de lui apparaître. Elle pressent intimement la résurrection. Marie a avec l’œuvre de Dieu une connexion très étroite, plus qu’aucun être humain sur la terre, et d’une façon vraiment unique. Mais où est son tombeau pour que nous fassions un pèlerinage auprès de cette sainte exceptionnelle, comme on va à Saint-Jacques de Compostelle, à Vézelay chez Marie-Madeleine, à Leuven chez le père Damien ou à Malonne près du frère Mutien-Marie ? Il n’y a pas de tombeau de la Vierge Marie. C’est pour moi la plus belle preuve du mystère que nous célébrons aujourd’hui : il n’y a pas de tombeau de Marie, ni de reliques d’elle car elle a été prise toute entière, corps et âme — pas l’âme seulement — dans la gloire du ciel auprès du Christ. L’être qui avait participé de si près à l’Incarnation de Dieu et qui avait été préservé de la méfiance originelle envers Dieu pouvait être introduit tout entier auprès de Dieu. C’est une préfiguration de ce que nous espérons tous vivre lors de la résurrection finale, au jour du jugement où Dieu dira : il n’y a plus de mal.
Marie est l’image de ce qui nous attend. Elle est aussi la femme qui combat avec nous. Sa connivence avec l’œuvre de Dieu, elle veut nous en faire profiter. Lorsqu’on passe du temps avec Marie, lorsqu’on médite les mystères du rosaire, lorsqu’on contemple l’évangile au long de quelques dizaines, on devient capable de sentir l’œuvre de Dieu. Ce que Dieu est et ce qu’il fait deviennent moins abstrait. Nous avons le cœur plus sensible à l’amour du Seigneur et à sa présence. Il y a quelque chose chez Marie qui rend simples les choses de Dieu.
Et finalement en Marie nous contemplons la victoire du Christ sur le mal et la mort, et lorsque notre cœur est menacé ou broyé par le mal nous retrouvons auprès de Marie de quoi espérer encore et accueillir la lumière quand elle se fait ténue. Avec Marie nous pouvons espérer contre toute espérance. Et c’est cela l’attitude chrétienne appropriée.