homélie de la fête de saint Pierre et saint Paul, Institut de théologie, juin 2017
Il n’y a pas{joomplu:204} de disciples que l’on fête avec cette intensité de la fête d’aujourd’hui, hormis la Vierge Marie et saint Jean-Baptiste. Pierre et Paul ont été témoins du Christ, de toute son œuvre, de l’offrande qu’il a faite de sa vie, de sa résurrection par le Père. Ils ont été propagateurs de son règne, afin que de proche en proche tous les hommes puissent avoir accès à lui, le connaître, l’aimer, accueillir son salut.
En matière de salut, ils en savaient quelque chose. Ils ont fait l’expérience que Dieu ne veut pas avoir affaire à des gens irréprochables, ça ne l’intéresse pas. Mais à des gens qui se laissent relever, tirer vers la lumière.
Ils étaient très différents, au point que nous pressentons qu’ils n’auraient pas pu longtemps travailler ensemble sur le même terrain. Mais nous les fêtons ensemble car ils ont donné leur vie au même endroit à quelques années de distance, à Rome dans les années 60. Ils sont martyrs, eux qui comme le Christ répondaient pas la douceur et la bénédiction aux violents qui les supprimaient de l’existence d’ici bas. Ils ont accepté ce dépouillement total car ils savaient intérieurement qu’ils vivraient pour toujours avec le Christ, leur ami et leur Seigneur, dans la vie éternelle.
Cette vie éternelle n’était pas pour eux une vague hypothèse. Ils avaient ressenti au fond d’eux-mêmes la paix, la joie, la lumière que procure l’attachement à Dieu dans la prière et dans l’annonce de l’évangile. Pour eux, la vie éternelle était déjà commencée. Et cette lumière de l’amour de Dieu les a tellement enthousiasmés qu’ils n’ont plus jamais voulu se taire. Même quand on les a menacés de mort, ils n’ont pas accepté de dissimuler cette foi qui dérangeait la société où ils vivaient.
Voilà 20 ans que je suis prêtre, et assez souvent j’ai ressenti une opposition à la foi, au Christ, à l’Église, ou la tentation de réduire l’évangile à un petit morceau non dérangeant acceptable par tous. Mais je ne veux pas m’arrêter à cela. Car plus encore j’ai ressenti de la soif pour l’amour de Dieu, pour la vérité du Christ. Des jeunes et des moins jeunes, qui à un tournant de leur vie sentaient que tout ce qu’ils avaient pu réaliser ou accumuler jusqu’alors ne leur donnait pas la paix, ou que tout ce qu’ils avaient vécu de difficile avait besoin d’une guérison qui vienne d’au-delà de l’homme. Ces gens, quand ils ont rencontré le Christ — ça n’est pas automatique, et dans notre culture occidentale on pense souvent que la dernière chose qui nous aiderait dans ce cas c’est la foi chrétienne, alors on fait le tour des croyances du monde — quand ils ont rencontré le Christ et qu’ils ont fait le pas de l’aimer, de s’attacher à lui, ils ont senti qu’une vie nouvelle commençait pour eux, un avenir à la fois très simple et très riche.
Aujourd’hui je bénis le Seigneur pour son Église, qui donne l’occasion de rencontrer le Christ, par les sacrements, par la prédication, par les guides spirituels qu’elle suscite. Dans la culture où nous vivons, l’Église passe par une dure épreuve de rapetissement, une sorte de porte très étroite, mais elle a déjà connu pas mal d’épreuves depuis saint Pierre et saint Paul, et l’Évangile est vrai, il traverse toutes les cultures, il illuminera encore bien des cœurs. Vous qui êtes diplômés aujourd’hui, vous avez pris un peu de temps pour découvrir la révélation que Dieu a patiemment faite de lui-même. Pendant ce temps, votre cœur a pu être touché, ou pas. Mais s’il l’a été, vous aurez beaucoup de joie à montrer aux autres le chemin par lequel ils pourront marcher pour aller à la rencontre de Dieu qui les cherche depuis toujours. Vous aurez cette joie malgré les difficultés, parce qu’en même temps que vous chercherez et parlerez, l’Esprit Saint vous visitera, comme il a visité Pierre et Paul.