homélie de l’Ascension 2018
Nous souffrons{joomplu:162} parfois de ne pas pouvoir montrer Celui en qui nous croyons. Le montrer à ceux qui pensent que notre foi c’est une crédulité qui nous fait gober des choses absurdes. Le montrer à notre cœur aussi, lorsqu’il doute ou est découragé. Cette fête de l’Ascension vient nous fortifier : c’est dans notre intérêt qu’Il est parti, notre Christ bien-aimé. Il n’a pas quitté cette Terre pour nous compliquer la vie, mais pour nous permettre de vivre de l’Esprit Saint. « Il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. » (Jn 16,7)
Il nous faut alors nous rendre compte que vivre de l’Esprit est plus avantageux que côtoyer le Christ en chair et en os. Il nous faut cesser de « regarder vers le ciel », c’est-à-dire attendre une relation par une présence physique, pour vivre de l’Esprit. Vivre de l’Esprit Saint, cela agrandit notre cœur d’une façon unique, cela fait de nous un être qui a ses racines à la fois dans la terre et dans le ciel : dans le solide et dans l’infini, dans le concret et dans ce qui nous dépasse et nous tire en avant, vers l’accomplissement de notre vie. Cet accomplissement n’a pas lieu en accumulant des connaissances ou des voyages, mais par tous les mouvements intérieurs d’attachement personnel au Christ, par tous les choix de lui que nous faisons dans la pénombre de nos vies, par ces sourires qui traversent le voile de l’apparente absence. Tout cela fait de nous un être différent, dont la solidité ne vient pas de lui-même mais de Celui qui est bien plus grand. Cela fait de nous un être capable d’accueillir et d’écouter sans se perdre dans le relativisme et le découragement. Un être capable de viser haut malgré toutes les limites de la vie. Nos enfants, nos amis, ont besoin de personnes façonnées par leur attachement au Christ, qui savent qu’il existe des réalités d’En-Haut, qui laissent couler l’Esprit Saint dans leur vie, qui prient pour être avec Dieu.
Jésus disait que « celui qui croira et sera baptisé sera sauvé » (Mc 16,16). Il a trouvé son berger pour le conduire aux sources de la vie. Il reste attaché à la vigne dont il reçoit la sève. Il demeure dans l’amour du Père et du Fils. À cause de ce contact avec Dieu, le croyant vit une confiance nouvelle, une espérance nouvelle, un amour nouveau. Il relève avec art les défis de la vie. Son cœur est un abri pour beaucoup. Il n’est pas soumis aux idéologies contemporaines qui entretiennent la culture du déchet. Il ne voit pas la vie comme un problème mais comme une lumière.
Jésus disait aussi : « celui qui refusera de croire sera condamné ». Cette parole nous révèle notre dépendance envers Dieu. Elle ne dit pas que Dieu se plairait à rejeter. Mais elle dit que refuser la source de la vie, estimer qu’on peut mener sa vie sans jamais penser à Dieu ni dépendre de lui, cela conduit à s’isoler de la vie de Dieu, à avoir un cœur qui n’est plus irrigué, qui se dessèche, qui se révolte, qui se durcit, qui finalement meurt. Ce n’est pas parce que Dieu est dur. C’est parce qu’il est la source de la vie et que nous dépendons de lui. Il faut aussi se méfier car il y a des gens qui passent pour de bons chrétiens mais qui sont en fait dans cet état intérieur, parce qu’ils n’ont pas encore appris à compter sur Dieu.
En quittant le monde, le Christ dépose sa vie dans le cœur de son Église. C’est pourquoi vous êtes venus à la messe. Pour recueillir la vie que le Christ a confiée à son Église. Cette vie qu’on accueille par notre fidélité, par notre rejet du péché, par l’ouverture de notre cœur. Aimons l’Église, qui est sainte non par elle-même, mais par cette vie que son Époux lui donne ! Qu’Il nous permette de le voir travailler avec nous, « confirmant la Parole par les signes qui l’accompagnent » (Mc 16,20) ! Que nous puissions nous rendre compte à nouveau que nos sacrements regorgent de force ! Le Christ est là avec nous.