homélie du 28e dimanche C, 13 octobre 2013
{joomplu:42}Vous avez sûrement été tous surpris par la dernière phrase du récit, la répartie de Jésus à celui qui seul était venu rendre grâce à Dieu : « relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Dix lépreux ont été guéris, mais un seul s’entend dire que sa foi l’a sauvé. De là à conclure que les dix ont été guéris mais qu’un seul a en plus été sauvé, il n’y a qu’un pas, que je franchis allègrement. Être guéri, pour un lépreux, c’est très bien mais ce n’est pas encore le salut. Et pour nous non plus, le salut ne prend pas la forme de la suppression de nos souffrances, de nos infirmités. Je ne dis pas que Dieu ne veut pas nous faire du bien et nous montrer ainsi sa tendresse, mais ce n’est pas encore le salut.
Qu’est-ce donc que le salut alors ? C’est quelque chose qui s’obtient par la foi... Et qu’est-ce que la foi ? Ce n’est pas croire que Dieu me donnera ce que je demande, car si c’est cela, les 10 lépreux ont la foi : ils croient que ça va marcher, que ça vaut la peine de venir crier en face de Jésus : « Jésus, maître, prends pitié de nous ! ». La foi, ce n’est pas croire que ça va marcher...
La foi, c’est vivre branché sur Dieu, et par là le voir agissant dans ma vie. Je ne vis plus seul, ce qui m’arrive ne me laisse pas isolé, je vis avec Dieu ; au point que je peux souvent lui rendre grâce, lui dire ma reconnaissance. Pour le lépreux qui revient, la relation à Dieu et la reconnaissance envers Jésus étaient aussi importantes que le fait d’être guéri : si Dieu est si bon, je veux vivre avec lui !
Beaucoup de croyants ne pensent à Dieu que dans le besoin. C’est une triste attitude, qui fait penser à ceux qui nous regardent que nous sommes croyants par peur d’affronter courageusement les difficultés de la vie, que nous sommes croyants parce que pour marcher nous avons besoin d’une béquille, parce que pour nous lancer dans le voyage de la vie nous avons besoin d’un Dieu-Touring-Secours. Ou bien d’autres peuvent avoir l’impression que si nous croyons en Dieu c’est tout simplement pour qu’il nous aide à arriver à nos fins, à réaliser nos buts. Alors nous sommes comme les neuf lépreux qui attendent seulement de Jésus une guérison.
Dieu, quant à lui, attend ceux qui s’engageront dans une relation personnelle avec lui. Et cette relation ne vit qu’en étant toujours renouvelée ; avez-vous remarqué que ce sont des étrangers qui sont capables de cette relation : Naaman le Syrien et le lépreux samaritain ; tandis que ceux qui sont tombés dedans quand ils étaient petits risque de ne pas renouveler leur vieille relation à Dieu ; Dieu devient comme une vieille grande tante, qu’on ne voit que tous les 10 ans. Le vrai croyant vit avec son Dieu du matin au soir et du soir au matin ; il se plaint à lui quand ça ne va pas, mais surtout il lui dit sa reconnaissance tout au long du jour, et il cherche sa présence dans tout ce qu’il voit, dans tout ce qu’il fait. La foi, c’est être attentif à Dieu dans sa vie. Et c’est cela qui sauve, car nous sommes faits pour cette relation. Et cette relation ouvre en nous des possibilités d’amour et de joie inouïes.
Et si nous prions, ce n’est pas d’abord pour demander des choses, mais pour être unis à Dieu, pour passer du temps avec lui, pour l’aimer. Vous me direz : je n’arrive pas à me rendre compte que Dieu est présent et qu’il m’aime... D’une certaine façon tant mieux, cela prouve que nous ne produisons pas nous-mêmes l’impression de la présence de Dieu ou de son amour, que ce n’est pas par la persuasion que nous nous disons que Dieu est là. Mais prenez du temps pour la rencontre de Dieu, pour rester dans le silence, pour lire sa Parole, et vous verrez bien s’il n’y rien qui se passe... Je vous le dis : vous serez sauvés, vous découvrirez la joie d’aimer Dieu et d’être aimés de lui.
Je vous donne encore un truc : faites comme le curé d’Ars, ne demandez pas trop à Dieu de vous faire sentir son amour, demandez plutôt à Dieu de sentir que vous l’aimez. Tout le reste viendra par lui-même.