homélie d’une profession de foi
Vous allez{joomplu:175} faire votre profession de foi. Dire que l’on croit, et même le savoir dans son cœur, dans le monde actuel où Dieu est si combattu, c’est un fameux exercice. Je voudrais vous y aider un peu. D’abord en vous faisant sentir que ce n’est pas fou de croire qu’il y a un Dieu. Pas mal de gens disent que c’est le hasard et la sélection naturelle qui font que le monde est comme il est. Mais quand on regarde le merveilleux réglage de l’univers, tout ce qu’il faut comme coïncidences impossibles pour obtenir des êtres vivants qui pensent, qui inventent, qui créent, qui aiment… On se dit que ce n’est pas très raisonnable de croire au hasard. Le hasard « n’écrit pas de messages » comme le dit une BD que je vous recommande.
D’autres croient aux multivers, à une infinité d’univers, pour expliquer pourquoi notre univers semble réglé d’une façon incroyablement fine ; le hasard aurait eu une infinité de chances, et dans notre monde à nous il a réussi… Mais c’est une croyance et rien dans la science ne permet de soutenir ces théories, même si elles sont exprimées avec des mots de la physique comme « trou noir » ou « théorie des cordes ». La science ne prouve pas Dieu non plus, mais elle empêche de répondre facilement : c’est le hasard. Nous sommes devant la question : pourquoi y a-t-il un monde si organisé, et que nous pouvons comprendre par notre intelligence ? Le plus plausible est de répondre à cette question : parce qu’il y a un être intelligent et hors du temps qui l’a voulu, et qui nous a voulus aussi, et nous participons à son intelligence.
Bon, ce n’est pas parce qu’on se doute qu’il y a un dieu que c’est le Dieu dont parlent les chrétiens, un Dieu qui s’intéresse à l’homme, qui veut le sauver du mal qu’il se fait. Bien des choses nous font douter de ce Dieu-là. Spécialement la question de la souffrance et de la prière non exaucée. Mon Dieu, je t’ai demandé cette chose avec insistance, et tu ne me l’as pas donnée… Tu me promettais ceci et tu ne me l’as pas donné… Alors, ou bien tu es impuissant ou bien tu es sadique, et de toute façon je te laisse !
Ce point de découragement nous guette, nous risquerions d’y tomber (voir aussi ici). L’évangile d’aujourd’hui (Lc 24) nous présente justement des gens découragés, qui disent : on espérait qu’avec ce Jésus Dieu allait agir et pourtant maintenant tout est foutu, il est mort, le pouvoir est toujours aux mains des Romains et nous avec nos difficultés. Il n’y a pas que ces disciples d’Emmaüs. Partout dans la Bible il y a des croyants éprouvés, qui ne comprennent plus, qui se découragent, et que Dieu exhorte à garder le cap. Cela commence avec Abraham, qui pendant 25 ans ne voit pas venir le fruit de la promesse qui Dieu lui fait. Abraham, le père des croyants, qui perd pied de temps en temps (Gn 16,2; Gn 17,18; Gn 22). À l’époque de Jésus, le peuple juif est sous l’oppresseur depuis 300 ans. Beaucoup pouvaient se dire : à quoi ça sert de croire ? Le peuple de Dieu a passé plus de temps dans les difficultés que dans la tranquillité, et pourtant il dit : « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour » (Ps 33,18).
Qu’est-ce qui arrive avec ces disciples découragés ? Ils se rendent compte que Jésus est près d’eux, qu’ils ne sont pas seuls, qu’une grande joie leur est offerte. Ils étaient dans une impasse, ils ne voyaient que du noir, et voilà qu’un chemin de vie s’ouvre devant eux. La vie est possible, Dieu est là ! Et comment se rendent-ils compte de ce changement possible ? Parce qu’ils se sont intéressés au Seigneur et ont voulu le garder avec eux : « reste avec nous ! » Voilà ce que je vous souhaite : de vouloir garder le Seigneur avec vous, dans votre cœur, dans votre emploi du temps, dans vos pensées. Je ne dois pas vous persuader qu’il peut vous faire du bien : il vous le montrera lui-même. Je dois juste vous dire : faites-lui une place, parce qu’il ne s’impose pas, il est timide, il ne veut pas forcer les portes de votre cœur. Mais quand on le perd, on ne perd pas un accessoire de la vie, on perd tout, on perd le chemin de la vie.