homélie du 7e dimanche de Pâques, 1er juin 2014
L’évangile d’aujourd’hui nous parle de communion, il nous parle d’intimité. C’est la communion du Père avec le Fils, dans laquelle nous sommes invités à entrer. Toute la vie chrétienne est relation étroite entre les personnes : relation entre les conjoints par le mariage ; relation entre l’homme et Dieu depuis le baptême jusqu’aux différentes façons de donner sa vie à Dieu ; relation du Père avec le Fils, qui est la première de toutes, le modèle de toute relation intime et profonde.
C’est comme cela que Jésus demande à son Père de le glorifier, de révéler le poids d’être — la gloire c’est le poids, en hébreu — qui est en lui à cause de sa fidélité à son Père jusqu’au bout : « l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie ! » (Jn 17,1)
Jésus{joomplu:173} s’est employé à ce que ses disciples comprennent que tout ce qu’il avait venait du Père, que sa nourriture c’était de faire la volonté de son Père, que la vie en plénitude c’est de chercher la complicité avec le Père : « la vie éternelle, c’est de te connaître » (Jn 17,3). Jésus a voulu faire entrer ses disciples dans cette communion du cœur avec lui, avec le Père, en faisant comprendre que cette communion n’était pas seulement affective, mais que c’était une communion de volonté : « celui qui garde mes commandements, c’est celui-là qui m’aime » (Jn 14,21).
Aujourd’hui on parle beaucoup de la communion des divorcés qui se sont remariés. On en parle toujours comme si la question était de recevoir ou non l’hostie. Mais la communion est quelque chose de bien plus large ; recevoir l’hostie n’est qu’une manifestation de cette intimité avec le Christ que nous recherchons en étant fidèles à sa parole, qui est la parole que le Père lui a donnée (Jn 17,8). La personne divorcée qui s’est remariée communie bien davantage au Christ en acceptant de considérer que son premier mariage dure toujours, comme le dit Jésus dans l’Évangile. À la messe il y a une communion plus profonde, celle du cœur à la parole du Seigneur. C’est celle-là qui compte vraiment. Sans elle, l’autre ne trouve pas vraiment sa place. Cela vaut pour toutes les façons dont nous pouvons ne pas être en communion avec la parole du Christ. Dans l’histoire de l’Église on n’a jamais été communier au corps du Christ avec autant de désinvolture que maintenant. C’est un grand recul pour le Christ comme pour nous. Cela endort notre cœur et quel remède nous reste-t-il ?
Communier, à la messe comme dans la vie, c’est dire comme Jésus au Père : me voici ! C’est lui unir toute notre vie, nos aspirations, nos pensées, nos projets. C’est oser dépendre de Dieu quant à notre bonheur. C’est mettre Dieu au centre de nos préoccupations et le laisser irriguer de sa vie tout ce que nous lui présentons. Bref, communier c’est faire de soi une offrande au Père comme Jésus l’a fait. « Je prie pour ceux que tu m’as donné, disait Jésus : ils sont à toi ! » (Jn 17, 9). Cette prière rend nos vies toutes habitées et lumineuses.