homélie de la fête de la Sainte-Trinité, 15 juin 2014. À mes étudiants.

Quelle{joomplu:5} image de Dieu avons-nous ? Comment a-t-elle évolué depuis le temps passé ? Jadis on présentait un Dieu juge qui demande des comptes et avec qui il faut négocier son salut. Aujourd’hui on dit que Dieu est tolérant, qu’il accueille tout le monde, qu’il nous pardonne toujours, qu’on peut le laisser quelque temps puis revenir à lui sans problème, etc.

A-t-on dans cette évolution de la perception de Dieu découvert l’essentiel de Dieu ? Pas encore, car l’idée du Dieu bon peut nous faire passer à côté du Dieu d’amour. Nous passons à côté lorsque nous nous imaginons que Dieu n’attend pas vraiment quelque chose de nous, qu’il est une sorte de source de bonté qui s’écoule sur tous les êtres sans se soucier du retour.

Mais Dieu qui est bon, n’est pas une source de bonté ou un distributeur automatique de pardon. Il est bon parce qu’il aime, et il peut aimer parce qu’il est une personne et non une source anonyme ou un service public de tolérance. Il peut aimer parce qu’il est une personne, et même trois personnes en un seul Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit qui s’aiment si étroitement qu’ils ne font qu’un. L’un donne tout et l’autre lui répond en lui donnant tout à son tour, jubilant de recevoir sans y avoir droit et de donner sans se préserver. L’amour est un échange entre des personnes, un don maximal de soi à un autre et la joie de recevoir notre essentiel de l’autre. C’est de cet amour que nous devrions aimer ; c’est de cet amour que Dieu aime. Et c’est parce que c’est un amour vrai que de temps en temps le Seigneur dit qu’il est un Dieu jaloux… Il n’aime pas nous voir nous perdre avec des riens.

Dieu ne s’est pas contenté de vivre un amour réussi en lui-même, il a choisi d’aimer l’humanité et chaque homme en particulier. Et comme nous nous perdions en nous mordant les uns les autres et qu’il nous aimait tant, il a envoyé aux hommes son Fils unique, pour que tout homme qui entre dans une relation avec lui obtienne la force, l’espérance, et la vie éternelle.

Tous nous avons fait l’expérience douloureuse d’avoir aimé quelqu’un qui n’avait que faire de notre amour et nous rejetait ou exploitait nos bonnes dispositions envers lui. C’est une grande souffrance. Eh bien Dieu endure cette souffrance tous les jours avec beaucoup d’êtres humains. « L’amour n’est pas aimé », se lamentait saint François d’Assise. Et c’est dramatique. Ainsi, d’une certaine manière nous aurons des comptes à lui rendre, non parce qu’il va nous en demander mais parce que nous serons tristes d’avoir imaginé qu’il avait un distributeur automatique à la place du cœur et d’avoir vécu ainsi notre relation avec lui. Réveillons-nous, commençons à aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit, de toutes nos forces celui qui nous aime tant.