homélie de Noël, messe de la veille
Nous{joomplu:525} entendons parfois parler de quelqu’un qui a fait de grandes choses. Il se retrouve sous les feux des projecteurs et on l’acclame comme il se doit. Voici qu’on nous parle de celui qui a tout fait : « C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. » (Jn 1) Cet être exceptionnel possède en outre une caractéristique tout à fait unique : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ».
Partout on allume plein de lumières. C’est un essai — quelque peu muet — pour traduire cette belle réalité : la vie est la lumière des hommes. Nous faisons la fête entourés de lumières que nous avons allumées nous-mêmes. Mais aujourd’hui nous entendons cette nouvelle : la lumière des hommes, c’est la vie que possède un être merveilleux qui vient à nous. Il n’y a pas que nos lumières, ce que produit notre société moderne, il y a surtout une lumière qui vient et qui fait qu’il y a un avenir, même dans les situations sombres ou décourageantes.
Il y a un avenir parce que Dieu a pris le parti de l’humanité. Lui qui connaît le cœur de chacun, qui voit les mesquineries les plus cachées, il aurait eu des milliards de raisons d’être découragé de l’humanité qui recommence chaque fois ses guerres, qui multiplie les formes d’exploitation, qui trouve les stratagèmes les plus raffinés pour que les riches s’enrichissent sans trêve tandis que les pauvres paient la note. Oui, Dieu aurait eu tant de raisons de nous ignorer et de rester dans son monde de paix, mais au contraire il a voulu si faire homme alors qu’il voyait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. Alors qu’il pouvait prévoir la passion il a voulu naître à Bethléem.
Parce que Dieu s’est fait enfant pour nous, il y a une espérance. Parce qu’il est là à nous tendre les bras, nous pouvons sourire, nous redresser, nous tendre la main les uns aux autres, même à ceux pour qui on se demande ce qu’on pourrait faire. Il y a cela de spécifique à l’amour chrétien qu’il ne se désespère devant aucune situation, même les impasses qui nous font peur. Il ne doit pas préconiser l’avortement, ni l’euthanasie, ni le refoulement des exilés, car même s’il ne sait pas résoudre les problèmes que ces fausses solutions prétendre résoudre, il sait que l’amour est plein d’espérance, qu’il porte en lui sa victoire, qui est la victoire de Dieu. Nous ne sommes plus jamais seuls.
Dieu vient comme un petit enfant et nous découvrons alors sa miséricorde, si douce, si tendre, si souriante. Notre cœur fond lorsque nous nous approchons de Dieu qui s’est fait enfant, et nous sentons monter le désir de lui répondre, de mieux lui consacrer nos vies, de nous convertir. En même temps, notre cœur est impressionné par la vulnérabilité de Dieu. Il s’est rendu si petit qu’on peut lui tourner le dos, le rejeter, et même, comme Hérode, chercher à l’éliminer. Notre liberté est devenue capable de le refuser. C’est le côté terrible de notre liberté, qui peut s’enfermer en elle-même, choisir de ne pas s’ouvrir au Dieu qui vient. Toi le Dieu d’amour, garde-nous de la tentation, garde-nous de l’indifférence à ton amour, garde-nous de céder aux apparences, afin que tu ne restes pas méconnu dans une étable lointaine mais que tu deviennes le roi de nos cœurs, pour y mettre ta paix.