homélie du 2e dimanche C, 17 janvier 2016
Tous ces dimanches{joomplu:37} nous participons à l’inauguration de la mission du Christ. Cela nous donne les bases pour comprendre son action. Quelques grands textes nous guident. Dimanche prochain nous entendrons cet évangile de Jésus envoyé porter l’Évangile aux pauvres et libérer les opprimés. Aujourd’hui nous voyons le Fils de Dieu à des noces. Lorsqu’on ne baigne pas dans une culture de l’Ancien Testament cela peut paraître anodin. C’est comme si on disait que Jésus était allé à la ducasse (quoi qu’à Ath il y a des noces dans la Ducasse…), à la fête du village ou à la soirée du Collège. Mais quand on connaît Isaïe et qu’on entend que Jésus inaugure sa mission à un mariage, on se rappelle aussitôt : « le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra “L’Épousée”. Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. » (Is 62,5)
La Bible utilise souvent cette image du Dieu époux qui vient conquérir sa belle, l’humanité qu’il aime et qu’il veut unir à son cœur. Et quand l’humanité lui tourne le dos, cela est comparé à un adultère, une infidélité qui brise le cœur de Dieu. Et Dieu alors redouble d’imagination pour faire revenir à lui sa bien-aimée. Quand Jésus vient et commence sa mission à un mariage, il enfile le vêtement de l’époux. Il est l’époux qui vient à la rencontre de son épouse en offrant le meilleur vin qui soit. Et sûrement que saint Jean, en écrivant son évangile et en repensant à cet épisode du vin excellent, voit alors le vin de l’eucharistie, le sang du Christ, la vie que l’époux a donné pour purifier son épouse et la rendre toute belle. En tout cas saint Jean insiste beaucoup sur cet épisode. Vous avez entendu la conclusion de l’évangile : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. » (Jn 2,11) Ce n’est pas à cause du tour de force de changer 600 litres d’eau en vin que ses disciples ont vu sa gloire, même si ça n’est pas une petite chose. C’est parce qu’il a fait cela à un mariage, lui qui est Dieu venu dans le monde pour épouser l’humanité.
Une autre chose encore peut faire que Jean attire notre attention sur ce signe inaugural. C’est le fait que Jésus, l’Époux, remplit de vin les cuves d’eau destinées aux ablutions rituelles prescrites par l’ancienne loi. Jésus vient inaugurer une alliance — des épousailles — bien meilleure que ce que pouvait offrir l’ancienne alliance. Il accomplit l’Écriture, dit-on parfois. Il apporte le vin nouveau qu’il faut mettre dans des outres neuves. Cette nouveauté, nous avons toujours à nous y adapter. Elle ne s’impose pas à nous comme un nouveau smartphone ou une nouvelle télévision écran large. Elle se désire par le plus profond, ce qui n’est possible que lorsqu’on lui fait une place. C’est ce que vous êtes venus faire aujourd’hui : vous rendre capable d’être touchés par la bonté du vin que le Christ vous offre. Dans un moment de silence présentons à Dieu notre vie. Montrons-lui ces moments où nous manquons de vin, où nous sommes tristes, insatisfaits, découragés. Disons-lui : viens, Seigneur, renouvelle ton alliance en moi ! Viens habiter ma vie, je te fais de la place ! Rends-moi sensible à ta présence, apprends-moi à la chercher ! Relance-moi sur le chemin de ton Évangile !