homélie de Noël 2016
Le cœur{joomplu:530} de chaque être humain cherche la paix. Il ne le sait pas toujours alors il s’agite, il tente de dominer, de posséder, ou de fuir dans des mondes artificiels. La plupart du mal qui se fait est causé par la recherche d’un bien. Cela peut arriver de vouloir faire le mal parce que c’est le mal, mais c’est assez rare. Les guerres dans les familles, toutes les guerres dans le monde sont allumées par des gens qui cherchent la paix et le bonheur à travers des biens trompeurs.
Noël nous parle d’une paix qui se reçoit parce que l’on accueille une visite. C’est la visite de Dieu lui-même, la visite de l’auteur de la paix, de l’auteur de nos cœurs. Cette visite, il nous revient de dire qu’elle a lieu aujourd’hui. Dimanche passé, lors de l’opération « Une église où quelqu’un t’attend… », des centaines de personnes ont quitté un moment le marché de Noël pour venir allumer une bougie dans l’église Saint-Martin, pour venir passer un moment près du Christ exposé sur l’autel dans l’eucharistie, pour se laisser visiter par lui. C’était très émouvant de voir le Seigneur s’occuper ainsi de ses enfants, et de le faire un peu par nous. L’Église existe pour que les gens sachent aujourd’hui que Dieu les aime, les visite, les sauve.
Cette visite de Dieu a lieu par un enfant. Dans nos détresses, lorsque nous crions vers Dieu nous attendons spontanément un sauveur tout fait, en parfait état de marche. Pour notre monde, pour notre pays, nous espérerions un sauveur accompli, qui n’a plus qu’à prendre les rênes du pouvoir. Dieu vient en enfant, un embryon, un fœtus, qui doit naître, grandir, se développer, et d’abord être accueilli dans un monde qui acceptera de lui faire une place. La visite de Dieu est sous forme d’une espérance, sous forme de quelque chose qui est en train de s’accomplir. C’est ainsi dans nos vies aussi. La paix que Dieu donne ne vient pas comme un cadeau qu’il n’y a qu’à déballer et utiliser. On ne voit pas le produit tout fait de l’action de Dieu en nous, mais c’est plutôt une histoire progressive que Dieu tisse en nous au fur et à mesure des pas que nous faisons avec lui. La paix de Dieu germe et grandit en nous au fur et à mesure de notre marche avec lui.
Pour faire place à cette paix, il y a une victoire à remporter. La paix que les grands de ce monde parviennent à remporter est une paix fragile, car ils n’ont pu faire qu’une chose : être plus forts que les autres. La paix de Noël est une paix que l’on remporte en cherchant plutôt à se vaincre soi-même, à être plus fort que ce « moi » qui gémit, qui revendique ou qui refuse de s’émerveiller. C’est pourquoi saint Paul n’hésitait pas à nous dire que la grâce de Dieu qui donne le salut « nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde » (Tite 2,12). Il y a en nous une solidarité avec les ténèbres qu’il faut démasquer et à laquelle il faut tourner le dos pour accueillir le Christ et le laisser illuminer notre vie.
Et si nous nous sentons indignes d’accueillir le Christ dans la crèche de notre cœur, parce qu’elle est délabrée ou infestée de mauvaises intentions, rappelons-nous que le Christ n’a pas attendu que nous soyons des personnes convenables pour venir à nous. Il n’attend pas le feu vert, son amour le brûle de venir au devant de nous, de venir lui-même purifier la crèche de notre cœur et en faire un lieu de fête. Laissons-nous toucher, restaurer par le Fils de Dieu. Agenouillons-nous simplement devant lui. C’est Noël.