homélie du 18e dimanche B, Foyer de Charité de Spa
En{joomplu:45} bref : être habité de lumière et de paix, c’est à la fois un don de Dieu et le fruit d’un engagement concret, un engagement intérieur envers le Christ, source de tout. Vous savez ce qui vous reste à faire !
Saint Paul est en situation de « sortie », il s’adresse à des gens qui commencent à venir à la foi, pour souligner le changement de mentalité que cela suppose. Ce qu’il dit est utile aussi à ceux qui sont croyants depuis longtemps, toujours tentés de fonctionner comme tout le monde, de penser comme tout le monde — ou fatigués de cette dissidence dans laquelle maintenant nous nous trouvons si souvent. Et voilà ce qu’il dit : il s’agit de vous défaire d’une mentalité corrompue par les convoitises qui vous entraînent dans l’erreur ; il s’agit de vous laisser renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée, de vous laisser recréer par l’initiative de Dieu. Et nous pouvons constater que si souvent nous adaptons notre pensée à ce que nos désirs veulent, plutôt que l’adapter à la façon dont Dieu voit le monde qu’il a créé. Alors petit à petit nous nous éloignons de l’enseignement de l’Église, nous rêvons d’adaptations de sa doctrine, sans voir qu’il s’agit d’adaptation à « l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur » (Ep 4,22).
Il nous faut en savoir plus sur ce renouvellement de la pensée. Quelle vision allons-nous lui fournir pour le guider ? La parole du Christ entendue aujourd’hui va nous le montrer. Jésus constate que les gens ont couru à lui parce qu’ils ont été rassasiés de pain par lui. Nous pouvons penser à toutes les fois où nous ne voyons Dieu que par le filtre de ce qu’il pourrait nous donner : réussite de tel projet, restauration de la santé, etc. Oui, il peut faire cela et il le fait, mais il ne faut pas que nous perdions le vrai but de la vie intérieure : « travaillez pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle ! » (Jn 6,27).
Je suis frappé par ce mot « travaillez ». Vous êtes venus 5 jours en retraite pour travailler. Et constamment nous avons ce travail à faire, c’est d’ailleurs notre dignité, notre grandeur : pouvoir travailler à vivre reliés à Dieu qu’on ne voit pas mais qui tient tout l’univers dans sa main (après notre observation des planètes, vous vous rendez compte de ce que cela veut dire. Saturne est à 1,5 milliards de km de nous, mais un seul être humain, créé libre pour aimer, vaut plus que toutes les planètes, toutes les étoiles, toutes les galaxies).
C’est un travail que de maintenir ce lien à Dieu dans la foi. Le travail de notre liberté, que nous voulons conduire sur ce chemin de lumière. Nous allons travailler pour gagner le pain de vie, pour le mériter. Non pas pour mériter qu’il nous soit donné, car il nous est donné généreusement depuis que le Christ a tout donné pour nous. Mais travailler pour mériter de le recevoir, de l’accueillir. Car c’est Dieu qui donne la foi mais il a voulu que cette foi soit notre acte propre, qu’elle soit notre gloire, notre fierté. Dieu a voulu que nous puissions lui dire : moi, pécheur, moi qui ne suis pas digne de te recevoir, j’ai travaillé à ton œuvre, j’ai voulu te désirer plus que tout le reste, je t’ai voulu ne fût-ce que cette demi-journée, et je viens à toi fier de mon désir, fier d’être fait pour toi, fier parce que tu as fait en sorte que la foi que tu me donnes soit mon acte à moi.
Il y a de quoi être reconnaissant de pouvoir désirer. Oh, Seigneur, tu ne nous as pas fait comme des larves qui ne peuvent que suivre leurs penchants pour trouver leur bonheur. Tu ne nous as pas fait comme des êtres déboussolés qui ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour trouver leur bonheur. Tu nous as faits pour toi, tu nous as faits capables de désirer autre chose, un autre monde, une autre vie, une lumière plus joyeuse que ces divertissements si vite finis. « Tu nous as faits pour toi, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (saint Augustin). Tu nous as faits pour la vie éternelle, toi qui as mis en nos cœurs une soif d’infini que rien ne peut combler à part l’amour, le don total de soi dans l’accueil de Celui qui se donne totalement à nous.
Alors nous nous battrons pour désencombrer notre cœur, pour l’empêcher d’être séduit par toute sorte d’idées faciles, de façons de vivre « dans le vent » du néant. Nous travaillerons pour accueillir le pain de vie que tu donnes, pour lire l’Évangile et le mettre en pratique, pour rester dans le silence de la prière rien que pour toi, pour te prendre au sérieux ! Alors, par notre foi en toi, nous n’aurons jamais faim, jamais soif. Tu es formidable !