homélie de la fête de la Sainte-Famille 2018
Lorsqu’on fait un sondage{joomplu:530} sur les valeurs des gens, la famille arrive très souvent en tête. Et pourtant, rarement comme de nos jours la famille a été soumise à des épreuves qui la menacent et risquent de la faire couler. Pourquoi alors défendre la famille contre tous les dangers ? Parce que — et c’est ainsi que je résumerai les lectures de ce jour — elle nous permet ni plus ni moins que de devenir quelqu’un, devant les hommes et devant Dieu, un protagoniste de l’avenir, un habitant du ciel.
La famille est le lieu où on apprend que la vraie vie c’est de s’aimer les uns les autres, comme le Christ nous l’a commandé (1 Jn 3,23). On y est unis dans les bons comme les mauvais moments, comme Marie et Joseph souffrant ensemble dans leur recherche de l’enfant Jésus (Lc 2,48). Dans la famille, on apprend à se donner soi-même, et que le sens de la vie est de se donner. La famille est école d’amour. Et de sacrifice, le sacrifice exigé par l’amour. Dans la famille, on apprend à se consacrer à un autre : les conjoints l’un à l’autre, les parents à leurs enfants, les enfants à leurs parents, et chacun à Dieu. On y apprend à accepter les renoncements imposés par la présence de l’autre, le respect qui lui est dû, ou les renoncements imposés par les épreuves de la vie. Par tout cela, la famille est la « cellule de base de la société »1.
Par la famille, on peut apprendre à connaître Dieu et découvrir qu’on est son enfant (1 Jn 3,1). Ce n’est pas facile de connaître Dieu dans un monde aseptisé de transcendance comme le nôtre. La famille peut rendre concrète la relation avec Dieu. On peut y apprendre la prière, l’écoute du Saint-Esprit, à vivre dans la présence de Dieu, à tenir compte de lui. C’est une grande chose que de transmettre cela en famille. Quand je célèbre des baptêmes, j’insiste pour que les parents apprennent à leur enfant la prière du Notre Père en même temps que les premiers mots. Quand j’étais enfant, il me semble que nous allions à la messe comme nous allions voir nos grands-parents. Cela ne se discutait pas, cela faisait partie de l’écologie familiale. Dieu était un membre de la famille.
Les aventures de la sainte Famille au temple nous montrent aussi que la famille est le lieu où on apprend à prendre en compte la vocation de chacun devant Dieu. Chacun compte pour Dieu, chacun est unique. Il y a d’abord la mise en valeur des dons mutuels. Et l’encouragement à se dépasser, à mener le combat spirituel contre le découragement, contre la tendance au dénigrement ou à l’apitoiement sur soi-même. Il faut aussi cultiver la conviction que chacun dans la famille a un avenir immense : il est appelé à servir Dieu et ses frères. C’est bien de rappeler cela aux jeunes. Qu’en cherchant à faire ce qui nous plaît nous puissions voir plus loin et désirer ce qui sert Dieu qui nous aime tant.
La famille est aussi tout simplement le lieu où chacun vient à la vie. Parfois, c’est pour les époux une attente douloureuse de cette vie qui ne vient pas, comme pour Elcana et Anne. Heureux ceux qui ont l’audace de patienter sans s’engouffrer alors dans toute sorte de techniques médicales très lourdes ! Dieu leur montrera leur fécondité et ils deviendront source de paix, comme le roi Baudouin et la reine Fabiola, comme plusieurs parmi nous.
Je voudrais terminer cette brève homélie par la prière du pape François à la fin de sa lettre Amoris lætitia :
Jésus, Marie et Joseph
en vous, nous contemplons la splendeur de l’amour vrai,
en toute confiance nous nous adressons à vous.
Sainte Famille de Nazareth,
fais aussi de nos familles
un lieu de communion et un cénacle de prière,
d’authentiques écoles de l’Évangile
et de petites Églises domestiques.
Sainte Famille de Nazareth,
que plus jamais il n’y ait dans les familles
des scènes de violence, d’isolement et de division ;
que celui qui a été blessé ou scandalisé
soit, bientôt, consolé et guéri.
Sainte Famille de Nazareth,
fais prendre conscience à tous
du caractère sacré et inviolable de la famille,
de sa beauté dans le projet de Dieu.
Jésus, Marie et Joseph,
Écoutez, exaucez notre prière
Amen !
1Jean-Paul II, exhortation apostolique Familiaris consortio № 46, reprenant le décret Apostolicam actuositatem № 11 du Concile Vatican II.