homélie du 25e dimanche A, 20 septembre 2020
{joomplu:34} Les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées, elles sont élevées par rapport à nos pensées comme le ciel au-dessus de la terre. Pourtant nous passons du temps à essayer de décrypter ses pensées : nous nous demandons pourquoi telle ou telle chose arrive, pourquoi Dieu « permet-il » ceci ou cela, et nous espérons qu’il veut en découdre autant que nous avec ceux qui volent, tuent ou font des excès de vitesse… Le monde devient tout autre lorsqu’au lieu de discuter sur les pensées de Dieu nous nous mettons à les accueillir. C’est-à-dire à regarder le monde comme lui le regarde. Aujourd’hui la parole de Dieu nous apprend qu’il regarde le méchant comme quelqu’un à inviter à retourner au Seigneur, sans nous décourager sur sa situation et encore moins sur ce qu’il est. Tout homme, même pervers, reste un invité de Dieu. Souvent l’invitation ne lui arrive pas, et nous ne pensons même pas à la transmettre. Mais « le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent » (Ps 144,17).
Quand Dieu regarde le monde il ne se met pas à faire le compte de nos bonnes actions, mais il veut donner à tous ceux qui sont venus même une heure à sa vigne. La vie chrétienne nous demande bien des efforts. Garder la foi, éviter le mal comme Dieu nous le montre, pratiquer une joyeuse et affectueuse charité, prier, tout cela nous coûte autant que de travailler toute la journée dans la vigne sous le soleil. Pendant ce temps il y a plein de gens qui ne font pas d’effort pour aimer, qui sont affalés devant la télé,ou qui passent un temps bête à des divertissements complètement stupides. Nous pensons souvent que chacun doit avoir ce qu’il mérite, et rien de plus. Mais quand Dieu regarde le monde, sa tendresse le pousse à donner bien au-delà de nos mérites. Le bon larron, à la croix, malgré tout ce qu’il avait fait de mal, il lui a suffit d’aller travailler 30 secondes à la vigne du Seigneur, et encore, c’était pour admettre qu’il avait mal agi, reconnaître Jésus comme roi et lui mendier un peu d’amour. Dieu attend le moindre signe du pécheur pour le combler de son amour. La seule chose qui le blesse et le paralyse serait de lui répondre : je n’en ai rien à faire, de ton amour ! Ou bien que nous nous mettions à compter devant lui qui ne compte pas, à dire : bon je me permets une vie égoïste jusqu’à tel âge et il sera bien temps alors pour me convertir.
Enfin, quand Dieu regarde notre vie, il voit qu’elle ne va pas dans le vide mais vers la vie éternelle. Saint Paul le sentait intensément, au point de dire : « pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. » (Ph 1,21-22) Celui qui regarde sa vie comme toute dirigée vers la vie éternelle cesse de paniquer pour toutes sortes de choses. Même s’il n’est pas assez aimé cela ne le crispe pas parce qu’il sait que son tour viendra et qu’il peut se donner maintenant généreusement, sans assurer ses arrières. Notre destinée éternelle illumine notre vie présente et vient chasser toute peur. C’est avec reconnaissance que nous regardons notre vie comme Dieu la voit. Car tout amour donné ici rend notre cœur sensible aux flots de joie qui jailliront en nous dans le paradis.
Ainsi, accueillons dans la foi les pensées de Dieu, ses pensées de miséricorde, ses pensées de générosité, ses pensées de vie éternelle.