homélie du 15e dimanche B, 11 juillet 2021
{joomplu:162} Dieu a créé le monde, l’univers entier, par amour. Il veut que nous le sachions, il veut que nous soyons guidés vers lui, vers son cœur. Comment peut-il faire sans nous contraindre ? Comment peut-il faire pour que ce soit par amour que nous allions vers lui, et non par peur ou par opportunisme ? Il a choisi d’envoyer des prophètes, c’est-à-dire des hommes qui acceptent de le servir en disant la parole qu’il leur inspire. Des hommes qui agiront par la persuasion plutôt que par la force, ce qui est une méthode qui correspond à l’amour qu’ils sont chargés d’annoncer. Et si parfois ils annoncent des malheurs et des punitions de la part de Dieu, ce n’est pas sous forme de contrainte, mais d’avertissement. Avertissement que ce n’est pas sans frais que l’on ferme le robinet de la vie et de la vérité, que l’on se détourne de la justice pour choisir l’injustice et le profit aveugle, que l’on met de côté la raison pour se lancer dans la course aux plaisirs passagers.
Les prophètes sont généralement rejetés, comme vous venez de l’entendre pour Amos. Ils sont rejetés car l’homme souhaite fréquemment n’en faire qu’à sa tête, être son seul maître, décider comme il en a envie. Aujourd’hui, c’est tragique lorsque la démocratie fonctionne à partir de cela comme seul critère : gouverner à partir des envies des gens, en laissant de côté la question de la vérité et du bien, en considérant que la justice se résume à régler les conflits entre les libertés rivales des gens. Alors la démocratie se met à fonctionner en voulant chasser Dieu de son champ de vision, en voulant le cadrer hors de l’espace public, comme on le voit de plus en plus.
Les prophètes annonçaient l’invitation de Dieu à vivre de son amour, mais ils étaient rejetés. Alors Dieu envoie son Fils. C’est Jésus, que les gens prennent d’abord comme un prophète comme les autres, puis un prophète spécialement doué et puissant en paroles et en actes. Enfin, peu à peu, ses disciples comprendront qu’il n’est pas seulement un prophète mais qu’il est le Fils de Dieu, et que ce qu’il propose ce n’est pas seulement une parole de la part de Dieu, mais le salut, la délivrance du mal. Le voilà parmi nous, celui qui fait barrage à la puissance du mal, celui qui le contraint à battre en retraite, celui qui arrache nos vies à ses griffes et qui fait que nous ne nous perdrons pas, même dans la mort.
Jésus n’est pas seulement l’envoyé, il est aussi celui qui envoie. Il appelle les Douze et commence à les envoyer en mission deux par deux. C’est un premier exercice, de ce qui deviendra toute leur vie : annoncer l’amour de Dieu, proclamer qu’il faut se convertir à cet amour, l’accueillir, en vivre, et montrer que ce royaume est là par toute sorte de guérisons. Les apôtres ont donné leur vie pour cela, beaucoup ont été tués par haine du Seigneur Jésus et de l’Évangile, mais l’Église continue leur mission. Aujourd’hui l’amour de Dieu est à la porte de notre cœur grâce à l’Église. C’est pour cela qu’elle existe. L’Église, avec tous ses éléments : les croyants, organisés en paroisses, avec des prêtres qui assistent les évêques et le pape. Nos rassemblements chaque dimanche, pour ne pas oublier l’amour de Dieu, pour le mettre au premier plan de nos occupations, même si nous pourrions rester à la maison ou faire autre chose. Sans l’Église, sans l’engagement fidèle des chrétiens, l’amour de Dieu ne sera plus annoncé, le monde entrera peu à peu dans un grand hiver, il n’y aura plus assez de force pour s’opposer à la voracité du mal qui dévore tout ce qu’il peut. Avec une Église sans force parce que plus personne ne s’en occupe, se réalisera la parole de Jésus : « à cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira. » (Mt 24,12)
Mais vous avez reçu le Saint-Esprit. En vous l’amour de Dieu peut briller pour tous ceux qui vous entourent. Vous pouvez devenir son témoin, persévérer dans la fidélité, être le sel de la terre et la lumière du monde. Allez, le Seigneur vous envoie aujourd’hui.