homélie du 6e dimanche C, 13 février 2022
{joomplu:150} L’Écriture aujourd’hui nous met devant la liberté que Dieu nous a donnée en nous créant à son image. Nous voyons tant d’attitudes diverses autour de nous, tant de façons de vivre, tant de réalisations différentes, qui nous réjouissent ou nous attristent. À la base de cela, il y a tout ce qui est de l’ordre des attirances, des désirs, qui nous suggère intérieurement de faire ceci ou de rechercher cela ; ces désirs en nous vont dans tous les sens, tantôt bons, tantôt mauvais ; nous verrons très bientôt en quoi on peut parler d’un sens bon ou mauvais. Ce domaine des désirs n’est pas proprement humain. Les animaux ont aussi des désirs. Ce qui est le propre de l’homme est de pouvoir prendre distance par rapport à ces désirs et décider de faire ceci ou cela, dans le sens de ses désirs ou dans le sens contraire. Nous possédons la liberté, nous ne sommes pas le jouet de nos passions (bien des gens présentent le fait de succomber à ses passions comme la manifestation de notre liberté, mais en réalité c’est l’inverse : c’est la capitulation de la liberté, sa soumission à ce qui monte spontanément en nous). Bref, nous possédons la liberté, par laquelle nous nous dirigeons en suivant tel désir plutôt que tel autre.
Ce que je vais faire de cette liberté est une grande question qui se pose à tout homme. Nos choix nous emmènent sur des chemins très différents. Ce sont toujours des choix de bonheur, car personne ne choisit d’être malheureux, malade… même si nos choix nous conduisent parfois à faire notre propre malheur, ou à abîmer notre santé.
Nous voyons un premier don de Dieu dans ce désir d’être heureux qui est en tout homme. Dieu a mis en nous une « tête chercheuse » du paradis en déposant au fond de notre cœur le désir d’être heureux. En même temps que ce désir d’être heureux, Dieu nous a fait le don de la liberté pour le réaliser. C’est un don de Dieu car Dieu a voulu que nous soyons capables de nous déterminer par nous-mêmes, capables de choisir le bien par nous-mêmes, pour y adhérer du plus intime de nous, pour que le bien que nous faisons soit vraiment notre bien propre. Il n’a pas voulu nous orienter vers le bien en nous dressant comme des animaux domestiques, comme un petit chien bien élevé. Parfois nous émettons le souhait que Dieu ait traité l’homme en le domestiquant pour s’assurer qu’il se conduise bien ; nous le faisons lorsque, devant le mal que l’homme fait, nous disons « que fait Dieu ? »
Eh bien non, Dieu ne suspend jamais notre liberté, quel que soit le prix de cette option divine pour lui et pour nous. Ce que Dieu fait d’abord, c’est appeler l’homme. Le Seigneur n’a pas voulu nous laisser à la croisée des chemins, en disant quelque chose comme « débrouille-toi, suis tes envies et tu verras… » Depuis les débuts de la première alliance il appelle l’homme en lui enseignant sa justice. Il l’avertit, il lui fait remarquer qu’il peut être l’homme qui se tient au conseil des méchants ou l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur (Ps 1) ; qu’il peut être celui qui cherche à mener une vie simple, une vie d’amour, même si elle comprend le risque de manque de quelque chose, de pleurer, d’être moqué ; ou qu’il peut être celui qui met son espoir dans ses richesses, dans sa puissance et ses plaisirs (Lc 6). Ces deux chemins sont devant chacun de nous. Qu’est-ce que notre cœur choisira ? Comment allons-nous chercher à réaliser notre bonheur ? Dieu nous a parlé, il nous a montré le chemin du bonheur qui s’épanouit en vie éternelle, et il nous a mis en garde contre le chemin du bonheur éphémère, qui va toujours en diminuant jusqu’à s’éteindre à notre mort. Heureux celui qui cherche à accomplir la volonté de Dieu ! Sa joie ira toujours croissant.