homélie du dimanche de la miséricorde
Après sa résurrection, Jésus donne mission à ses apôtres de continuer son œuvre de libération : remettre les péchés, ouvrir un avenir à ceux qui sont condamnés par la société, par leurs proches, par eux-mêmes. La société doit faire régner l’ordre public en punissant les coupables. Cela permet aussi d’objectiver la faute, de faire sentir à la victime que ce qu’elle a subi est injuste. Mais chez les victimes un désir de vengeance peut s’infiltrer, comme on le voit à son sommet lorsque des personnes veulent assister à la mise à mort de leur agresseur dans les pays où la peine de mort est encore d’application. Lorsque la victime cherche à se venger, elle barre l’avenir de celui qui est coupable. Tandis que le Christ nous invitait à faire des reproches à celui qui a des torts envers nous (Lc 17,3), il nous conviait aussi au pardon, à imiter sa miséricorde. Tout au long de sa vie terrestre il a pardonné aux pécheurs, jusqu’à la croix où il fit retentir sa dernière parole : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font... (Lc 23,34) Maintenant Jésus s’assure que son œuvre continuera. Il donne donc pouvoir à ses apôtres de remettre les dettes, de pardonner les péchés. Ils peuvent le faire en ayant reçu l’Esprit Saint (Jn 20,23). {joomplu:9}C’est dans l’Esprit Saint qu’ils plongent ceux qui viennent à eux pour être libérés de leurs péchés. C’est l’Esprit Saint que doivent rechercher ceux qui viennent à eux, afin de vivre, d’adhérer plus pleinement au Royaume, de repartir avec la force du Christ ; en effet, ce n’est pas tant en faveur d’un passé que d’un avenir que nous venons recevoir la libération par le pardon de nos péchés.
Ainsi le Christ ouvre un avenir, même aux coupables de crimes, même aux coupables d’abus. Ce n’est pas un avenir facile, ce n’est pas un avenir sans responsabilités, mais c’est un vrai avenir, où une vie nouvelle est promise. J’ai envie de vous lire à ce sujet un extrait de la lettre de Benoît XVI aux catholiques d’Irlande, un extrait où il s’adresse aux religieux fautifs. Je vous la partage car j’apprécie beaucoup l’équilibre qui y est fait entre responsabilité et espérance. « Vous avez trahi la confiance placée en vous par de jeunes innocents et par leurs parents. Vous devez répondre de cela devant Dieu tout-puissant, ainsi que devant les tribunaux constitués à cet effet. (...) Je vous exhorte à examiner votre conscience, à assumer la responsabilité des péchés que vous avez commis et à exprimer avec humilité votre regret. Le repentir sincère ouvre la porte au pardon de Dieu et à la grâce du véritable rachat. En offrant des prières et des pénitences pour ceux que vous avez offensés, vous devez chercher à faire personnellement amende pour vos actions. Le sacrifice rédempteur du Christ a le pouvoir de pardonner même le plus grave des péchés et de tirer le bien également du plus terrible des maux. Dans le même temps, la justice de Dieu exige que nous rendions compte de nos actions sans rien cacher. Reconnaissez ouvertement vos fautes, soumettez-vous aux exigences de la justice, mais ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. »
Pour nous tous également, quel que soit notre péché, ces exigences de la justice et de la miséricorde se rencontrent. Le pardon de Dieu ne nous exonère pas des responsabilités, mais il nous ouvre un avenir de vie, où nous pourrons donner de plus en plus d’amour.