(homélie de la messe des étudiants)

Que nous soyons croyants depuis longtemps ou fraîchement venus au Seigneur, il nous arrive de nous demander : mais finalement, qui est Dieu pour que je me fie ainsi à lui ? Ou bien : Dieu est-il assez fiable et est-ce que je le connais assez pour lui donner ma confiance et le droit de me guider ?

Alors les lectures d’aujourd’hui nous font du bien. Dans l’évangile, nous voyons Jean-Baptiste aux prises avec des questions semblables. Il devait s’attendre à une venue plutôt fracassante du règne de Dieu, et il voit Jésus agir avec douceur et persuasion plus qu’avec une force qui contraint. Alors, Jésus est-il celui qui doit venir, ou faut-il en attendre un autre, quelqu’un qui agirait autrement, qui manifesterait plus clairement le règne de Dieu ?

De temps en temps, nous nous demandons aussi : Dieu est-il bien celui que je crois, ou bien me suis-je fait des illusions ?

Ce qui est beau c’est que Jean envoie des messagers pour le demander à Jésus, il ne reste pas silencieusement à se laisser ronger par les questions. Et Jésus répond, par des faits : il accomplit le règne de Dieu et envoie les messagers raconter à Jean ce qu’ils ont vu, tout en employant des phrases tirées directement du prophète Isaïe. Comme pour dire : regarde, je fais ce qu’Isaïe dit du Messie qui doit venir.

Nous aussi, lorsque nous sommes décontenancés par l’attitude de Dieu dans notre vie, n’hésitons pas à le lui dire : Seigneur, tu es différent du Dieu auquel je pensais !

Une fois qu’on a dit cela, il y a plusieurs réactions possibles. Soit on dit : tu es différent du Dieu auquel je pensais et cela ne me plaît pas, on arrête là les frais, je me fais ton juge et je prends mes distances avec toi... Soit on dit : tu es différent du Dieu auquel je pensais mais je te choisis quand-même car je veux t’aimer coûte que coûte et c’est toi qui m’intéresse, davantage que mes idées sur toi. Soit encore on dit : tu es différent du Dieu auquel je pensais et je ne parviens plus à me décider, je suis dans le noir, viens à mon secours et aide-moi à t’accueillir...

Alors Dieu nous dira sûrement : ouvre les yeux, regarde autour de toi, fais attention à ce qui n’avait encore jamais attiré ton regard : l’amour de tes cokoteurs, de tes proches, la beauté de la création, la solidité de l’enseignement de l’Église, l’exemple des saints... Il nous dirait sûrement : saisis toutes les occasions où tu détourneras ton regard de toi-même pour le tourner vers moi, vers ce que je fais. Ce qui est une autre façon de dire : « Je suis le Seigneur, il n’y en a pas d’autre ; un Dieu juste et sauveur, il n’y en a pas en dehors de moi. Tournez-vous vers moi pour être sauvés, habitants de la terre entière ! » (Is 45,21-22)

Allez, Seigneur, c’est bien juste après tout : à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle, nous l’avons déjà bien entrevu dans les meilleurs moments de notre vie. Et tu nous dit aussi : heureux qui ne tombera pas à cause de moi ! Alors, même si parfois tu es difficile à comprendre, en avant ! Je marche à ta suite. C’est l’Avent et tu viens à nous !