le grand Nazareth de la culture occidentale
homélie de la messe des étudiants, 1er février 2017
Cela{joomplu:39} m’arrive souvent de me dire : ah, si je pouvais faire des miracles comme Jésus, je ramènerais tant de gens à la foi ! Voyant tous ces signes, ils ne diraient plus : Dieu n’existe pas, ou en tout cas il ne compte pas et il est même dangereux. Mais dans l’évangile aujourd’hui (Mc 6,1-6) je constate que les miracles n’ouvrent pas les cœurs fermés. Jésus vient dans « sa patrie », et les gens disent : mais on le connaît déjà ; qu’est-ce que c’est toutes ces nouvelles choses qu’il apporte ? Nous savons bien qu’il est un homme ordinaire et qu’il n’y a rien à attendre de lui…
être disciple sans «oui, mais»
homélie de la messe des étudiants, 30 novembre 2015
Quand{joomplu:488} nous ne comprenons pas tout de l’Évangile, il y a déjà assez pour nous avec ce que nous pouvons comprendre. Devant un tel texte (Lc 9,57-62), je me rappelle cette prière de frère Aloys de Taizé, où il disait à peu près : Seigneur, nous comprenons si peu de ta Parole, mais ton Esprit nous donne de repartir avec ce qu’il nous faut de nourriture.
un combat inévitable
homélie de la messe des étudiants, 23 novembre 2011
« Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. » (Lc 21,17) Pourquoi serions-nous rejetés ? L’évangile est pourtant si bon pour l’homme ! Cet évangile nous met devant un combat, le combat de la lumière et des ténèbres, en nous et dans la société.
Ce combat, le Christ vient le mener à bras le corps. Et nous voyons dans le chœur de cette église jusqu’où cela l’a mené : souffrir sa passion, mourir et ressusciter d’entre les morts. Avant de vivre cela il précise à ses disciples : « le serviteur n’est pas plus grand que son maître ; si on m’a persécuté, on vous persécutera, vous aussi. Si on a observé ma parole, on observera aussi la vôtre. » (Jn 15,20) Nous voilà donc rendu participants au combat du Christ, en première loge :-)
Jésus, pourquoi nous fascines-tu?
(homélie sur Mc 9,38-40: celui qui n’est pas contre nous est pour nous)
{joomplu:35}Jésus, pourquoi as-tu fasciné tant de personnes avant nous, pourquoi nous attires-tu ?
C’est à cause de ton amour, si particulier, si fort. Sans nous faire de reproches tu nous invite à être meilleurs. Tu nous rejoins, tu nous souris, tu nous tends la main.
Tu n’es pas un simple ami, mais aussi le Fils de Dieu, le créateur de tout. Non pas un hybride extra-terrestre, mi-dieu mi-homme, mais 100% Dieu et 100% homme. Toi le Créateur de tout, tu me donnes par ton amour d’être partout chez moi, tu me donnes la terre entière pour demeure, et tous les hommes comme frères. Par toi, vrai homme et vrai Dieu, s’établit pour chacun la communion avec le principe de l’univers tout entier.
Ton enseignement est un remède contre le mal, contre l’injustice, et plus encore ce salut profond que tu rends possible et que tu nous proposes.
Tu viens avec un amour sans limite, sans condition, un amour qui n’a rien refusé ; c’est pourquoi nous mettons ta croix dans nos chambres, dans nos maisons, partout où nous vivons.
Persécutés? Et si c'était normal...
{joomplu:86}Les lectures (Lc 21,12ss ; Ap 13-15) évoquent la situation difficile des chrétiens dans le monde. Est-ce une fiction ? Malheureusement, pas vraiment. Rappelez-vous ce qui vient de se passer à la cathédrale de Bagdad. Et puis, vous connaissez sûrement Sakineh, cette jeune iranienne dont l’opinion publique internationale essaie d’éviter la lapidation pour adultère ; mais avez-vous entendu parlé d’Asia Bibi, cette pakistanaise chrétienne, maman de 4 enfants, faussement condamnée à mort pour blasphème ? Voyez-vous, parfois j’ai l’impression que ça n’intéresse personne le sort d’une chrétienne qui sera mise à mort...
le christianisme en public, faut oser...
Nous commençons l’année en entendant que Jésus convoque ses disciples pour les envoyer aux autres personnes des environs (Lc 9,1-6). Voilà un début d’année en fanfare, car nous pressentons bien qu’aujourd’hui encore Jésus nous convoque pour nous envoyer. Nous ne sommes pas 12, mais beaucoup plus. Nous n’allons sans doute pas passer de village en village, mais nous découvrons cette particularité de la foi chrétienne, qui nous interpelle : la foi chrétienne est quelque chose qui s’annonce, qui se dit aux autres.
Est-ce qu’aux apôtres les gens ont répondu : ne parlons pas de cela, la foi, vous le savez bien, est une affaire privée. Chacun sa religion, et changeons de sujet... (pour la forme polie de la réponse...) ? En tous cas, pour nous aujourd’hui, l’idée que notre foi est quelque chose qui doit être rendu public en rend plus d’un mal à l’aise, si pas franchement hostile.
Lynchons les pécheurs !
Jésus guérit les malades, il n’est pas venu condamner les pécheurs mais leur ouvrir le chemin du salut. Il relève aujourd’hui la belle-mère de Pierre (Lc 4,38) ; plus tard il relèvera la femme adultère, au grand scandale de ceux qui se croient purs. Il accueillera aussi un magouilleur parmi ses disciples, et toujours il sera obsédé par l’avenir des pécheurs, par leur restauration dans leur dignité.
Ce n’est pas comme ça qu’on réfléchit avec les pécheurs dans notre société. Ceux qui sont de graves pécheurs doivent payer, et c’est la seule chose qu’on leur souhaite ; qu’ils soient rejetés à la mesure du mal qu’ils ont fait, ainsi que ceux qui les ont traités avec humanité.
«Je suis venu accomplir la Loi»
homélie de la messe des étudiants du 9 juin 2010, sur Matthieu 5,17-20
Jésus a un enseignement bouleversant, révolutionnaire. Dans quelle ligne s’inscrit-il ? Va-t-il prôner une nouvelle religion, en complète rupture avec la foi juive ? Vient-il abolir la Loi, les prophètes, c’est-à-dire, non les règles, mais la façon de s’attacher à Dieu, de compter avec lui dans la vie quotidienne, que la méditation de la « Loi du Seigneur » avait distillée dans le peuple hébreu tout au long de son histoire ?
Bientôt il va dire : vous avez appris qu’il a été dit... eh bien moi je vous dit... (Mt 5,21ss) Est-il donc venu changer le chemin que Dieu a proposé à son peuple ? Ou plus fort encore, est-il venu fonder une religion « horizontale », basée uniquement sur la solidarité et le partage ? Certains de ses propos le laissent croire. D’ailleurs, c’est ainsi que beaucoup de gens ont interprété l’évangile par la suite : simplement comme une règle de vie entre les hommes. Tout ce qui avait trait à la relation avec Dieu relevait alors de la mythologie surajoutée par l’Église, un élément facultatif.
vivre en disciples de l'Envoyé
homélie de l’Ascension
{joomplu:97}La fête d’aujourd’hui a un aspect douloureux à première vue : nous fêtons le départ du Christ vers le Père et donc aussi son absence parmi nous. Et si on nous dit : montrez-nous votre Christ en qui vous croyez. Nous devons bien répondre : il est venu du Père et il est retourné à lui ! A première vue nous avons l’air un peu bête de ne pas pouvoir fournir davantage de preuves, mais au fond il y a une réelle bonne nouvelle. Nous commençons à le pressentir lorsque nous voyons les apôtres rentrer à Jérusalem « remplis de joie » alors que Jésus vient de les bénir et les quitter (Lc 24,51).
L’ascension est un événement très cohérent avec l’identité du Christ, son mystère. Car Jésus, bien que vrai homme, n’est pas seulement un grand prophète, un réformateur audacieux, un sage exceptionnel ou un humaniste inspiré. Il est l’Envoyé qui vient du Père, comme nous le fêtons à l’Annonciation, et qui retourne à lui. Il est celui qui nous dit les paroles de son Père tout au long de sa vie, celui qui vient rendre à nouveau possible le lien des hommes avec son Père par sa passion, celui qui se laisse glorifier par son Père dans sa résurrection, et qui maintenant retourne à lui pour partager sa gloire.
le contraire de la foi, c'est le «une fois pour toutes»
Encore une homélie sur la foi : messe des étudiants, 21 avril 2010, sur Jn 6
{joomplu:47}Jésus se trouve devant des gens qui ont vu un signe extraordinaire : il a nourri une foule de 5000 hommes avec 5 pains et 2 poissons. Ils ont vu un signe, mais ne croient pas (Jn 6,36). L’insistance sur la non foi nous touche : même eux qui voyaient ne croyaient pas toujours ! Aujourd’hui, dans le monde, c’est difficile de croire, et tout ce qui se passe dans l’Église n’arrange rien. Mais en ce temps-là déjà Jésus a montré plein de signes et on ne croyait pas.
Les signes n’emportent pas la décision à eux seuls. Cela donne un défi à l’homme, à sa liberté sollicitée pour se décider. C’est là que le Père intervient : la foi n’est pas d’abord mon propre choix de Dieu, mais il y a un don de la foi : « ceux que le Père me donne », dit Jésus (v.37). Qui le Père donne-t-il ? En grec c’est un pluriel neutre, invitation à ne pas distinguer telle personne de telle personne. Le Père donne tous ceux qui veulent bien... Celui qui vient à lui, Jésus « ne va pas le jeter dehors ». La foi s’obtient en la demandant, en acceptant de demander au Père.
Jésus à genoux devant ma liberté
homélie du Mercredi Saint, sur Mt 26,14-26
Une surprise nous attend dans cet évangile, lorsque Jésus déclare « l’un de vous va me livrer...{joomplu:6} Celui qui vient de se servir en même temps que moi » (Mt 26,21.23), désignant ainsi Judas. Ne dirait-on pas ainsi que Jésus donne à Judas sa mission ? Judas serait-il alors simplement la bonne personne au mauvais moment ? Serait-il un élément piloté pour l’accomplissement du dessein de Jésus ? Pour comprendre, regardons ce qui se passe, et revenons d’abord deux versets en arrière dans l’évangile : “14 Alors, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, alla trouver les chefs des prêtres 15 et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui proposèrent trente pièces d’argent. 16 Dès lors, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.”
Nous voyons que bien avant la parole du Christ, le projet de le livrer était né et avait fait son chemin dans le cœur de Judas. C’est bien de lui-même qu’il fait cela. Comment alors expliquer l’attitude de Jésus ? Il commence par dire : « l’un de vous va me livrer ». Il déclare qu’en quelque sorte il consent à ce fait d’être livré, qu’il n’est pas pris par surprise. Et d’être livré par un des Douze. Cela rend bien compte de la réalité blessée du monde, où on est parfois trahi par des amis.