homélie de la Pentecôte, 12 juin 2011
{joomplu:176}Ce matin je suis tout étonné de voir le don de l’Esprit Saint en lien direct avec le pardon des péchés. Qu’est-ce que cela veut dire ? Pour comprendre, je suis remonté jusqu’à Noël, pour assister de nouveau à cet événement extraordinaire, qu’aucune religion ne relate : Dieu l’auteur de tout se fait une de ses créatures, l’être humain, celui qu’il a créé capable de dialoguer avec lui.
L’histoire de Dieu sur la terre que nous pouvons lire au long des évangiles révèle la situation dramatique où l’homme est tombé : l’être humain ne veut pas être frère de tous, il ne veut pas aimer son semblable plus que l’argent, l’honneur ou le confort. Les rapports difficiles entre Jésus et les autorités juives ou romaines, les pharisiens et autres possédants nous le montrent.
Mais des hommes et des femmes se sont laissé toucher par le Christ, ils sont devenus ses disciples. Oh, pas des disciples irréprochables... A la croix, au moment où les hommes refusent Dieu de la façon la plus totale, ils ne sont pas là, sauf Marie, quelques amies et Jean.
Ce ne sont pas des disciples irréprochables, mais Dieu ne dira pas : « puisque c’est ainsi il n’y a rien à faire avec vous ! » Il n’était pas venu sur la terre seulement pour contempler un coucher de soleil, humer le parfum des fleurs ou goûter le fromage de brebis fait par son ami qui en avait cent ! S’il était venu, c’était par amour, pour initier l’homme à une vie nouvelle, la vie d’amitié avec Dieu, la vie où on cesse d’errer comme un orphelin pour recevoir Dieu pour Père. « La vie éternelle, c’est de te connaître et de connaître celui que tu as envoyé », avait-il dit à son Père (Jn 17,3). Aux disciples il va rappeler que ce qui compte ce n’est pas d’être sans reproche mais d’aimer maintenant — à Pierre il demande trois fois : m’aime-tu ?
Avec Jésus s’ouvre tout un nouveau monde de relations. tandis que beaucoup de nouvelles spiritualités tendent à replier l’homme sur lui-même et à l’isoler, le christianisme est une religion hautement relationnelle (cf. Caritas in veritate 55). Par le Christ, les relations entre les hommes sont renouvelées, parce qu’elles peuvent se nourrir à nouveau à la source de tout amour : l’amour de Dieu. Quand Jésus vient sur la terre, il agit pour nous, et cette action s’appelle le salut. Nous qui avons été blessés parce que nous n’avons pas été aimés comme nous le méritions ; nous qui avons blessé les autres parce que nous ne les avons pas aimés comme ils le méritaient, nous sommes sauvés, introduit dans un monde où l’amour est roi, où l’amour est restauré. Cela nous arrive parce que le Christ nous a aimés jusqu’au bout, jusqu’à la croix, et que cet événement n’est pas un événement du passé mais du présent, grâce à l’Esprit Saint.
C’est l’Esprit qui ouvre ce nouveau monde de relations. Il commence à le faire par le pardon des péchés, qui est le pardon de toutes ces ruptures ou refroidissements d’amour que nous avons causés. Et il continue de le faire en étant le feu d’amour qui vient brûler en nous.
C’est par l’Esprit Saint que Dieu agit pour moi maintenant. Par lui, Dieu n’est plus lointain mais son amour me touche le cœur. Par lui, la force me vient pour surmonter les obstacles, pour dépasser mon égoïsme et mes peurs, pour espérer en ceux que je considère comme perdus, pour détecter les forces de discorde et les dominer, pour changer ce monde et le rendre juste. Par lui, je me sens aimé et j’ai le désir d’aimer à mon tour, très concrètement.
Viens, Esprit Saint, amour du Père et du Fils, viens en nos cœurs, répands en nous l’amour lumineux du Père ! Au-delà des apparences qui parfois nous enivrent, donne-nous de croire à l’amour ! Remplis-nous de la joie du ciel !