homélie du 2e dimanche de carême 2013, Ath – Saint-Martin
{joomplu:7}Dieu fait à Abraham une belle promesse, et lui, de façon très réaliste, demande : comment vais-je savoir que c’est ainsi ? Alors Dieu lui propose de passer la nuit avec lui et de lui offrir un sacrifice, à partir de ce qu’il possède. C’est le moyen pour entrer en relation : je me dépossède de quelque chose pour toi. On pourrait rester focalisé sur le quelque chose, mais ce qui compte c’est le pour toi.
Lorsque nous parlons de l’amour de Dieu à quelqu’un, du regard de tendresse que le Seigneur pose sur lui, de l’émerveillement avec lequel il le voit, il nous dit parfois : comment puis-je le savoir ? Et nous-mêmes, cela nous arrive de réagir ainsi devant la bonne nouvelle que Jésus nous montre : est-ce pour moi, maintenant ? Comment aller au-delà de ce doute ? Allons-nous attendre une apparition ?
Notre chemin sera le même que celui d’Abraham. La promesse d’amour de Dieu deviendra une plénitude d’amour, une histoire où notre cœur sera comblé et débordant seulement dans la vie éternelle. Mais nous pouvons en voir dès maintenant les fruits. Dès maintenant cet amour devient vivant en nous et illumine nos cœurs lorsque nous nous engageons dans la relation avec Dieu, lorsque nous sacrifions ce qui est à nous en lui disant : c’est pour toi !
Et qu’est-ce que nous pouvons sacrifier ? Notre temps, sûrement. Ce temps passé aux loisirs : facebook, l’internet, la télévision, les jeux vidéo, tout ce temps d’écran qui n’est pas nécessaire. Voilà du temps pour la prière, pour allumer une bougie dans le secret de notre chambre, ouvrir l’Évangile, méditer en nous laissant rencontrer par Dieu. Prier, en se disant : ce qui compte c’est que je suis avec toi, que je donne ce temps pour t’aimer. Et puis nous pouvons donner d’autres choses pour entrer dans la relation avec l’auteur de la vie : de nos biens matériels. Il ne faut pas penser que ce que nous possédons est à nous ; cela pourrait bien être aussi à quelqu’un d’autre s’il en a plus besoin que nous. Dans la doctrine de l’Église on dit que nul ne peut posséder légitimement un bien de la terre en privant les autres de ce qui leur est nécessaire. Car la terre a été donnée à tous par Dieu, pour le besoin de tous. Je ne peux pas jouir tranquillement de mes biens si d’autres sont dans le besoin.
Enfin je vais aussi sacrifier une part de la nourriture dont je dispose si facilement, jeûner, sauf le dimanche, pour mieux partager et pour que dans cette situation de manque je puisse dire au Seigneur : ce manque de mon corps me rappelle que je veux que tu me manques, que je veux ne pas être comblé des bien de ce monde tant que je ne suis pas avec toi qui m’aime tant.
Voilà le moyen d’imiter aujourd’hui Abraham, le père des croyants. En le faisant, je verrai Dieu passer dans ma vie comme une lumière joyeuse et purifiante. Ce sera une lumière telle qu’on n’en trouve pas dans le monde. Une joie d’une qualité très rare, très limpide, qui coulera dans mon cœur. Je deviendrai capable de relever les défis du monde et de ma vie. De surmonter les détresses, les échecs, les offenses et mes propres limites. Tout cela dans la paix, la joie, le rayonnement d’un amour où les autres trouvent toujours une place.