homélie du 3e dimanche A, 26 janvier 2013
{joomplu:38} Quand on me parle d’une nouvelle idée, j’aime bien savoir comment elle a germé dans l’esprit de celui qui la porte. Pour connaître un nouveau mouvement, c’est utile de savoir dans quelles conditions il a commencé. Pour l’annonce de l’Évangile, nous avons la chance de savoir un petit peu cela : elle a commencé quand Jésus apprit l’arrestation de Jean Baptiste, arrêté par Hérode parce que celui-ci n’appréciait pas les reproches qu’il lui faisait sur son inconduite conjugale. C’est le drame d’une injustice, de la domination despotique des puissants, qui est le point de départ de l’évangélisation. L’Évangile n’est donc pas un message irréaliste, qui ne tient pas compte des limites humaines, des contraintes du monde : il est né dans un contexte violent, dans un contexte pourri, si j’ose dire.
Quand Jésus apprend cette arrestation de Jean il part en Galilée et il commence à prêcher. Et que dit-il : convertissez-vous ! Changez, changez votre cœur, tournez votre regard vers ce qui est vraiment important : le Royaume des cieux qui est tout proche. On peut comprendre cela dans deux sens : puisque le Royaume vient il faut changer. Et aussi : pour voir le Royaume qui vient, pour ne pas rester dans ce « à quoi bon » résigné qui remplit le cœur de beaucoup, il faut changer.
Puisque le Royaume vient, il faut changer : le chrétien fait des efforts, il ne suit pas le grand mouvement de laisser-aller que nous suggère la culture médiatique. Mais s’il fait tout cela, c’est parce que a lui-même fait des efforts : Dieu est venu vers nous, Dieu nous a lancé une invitation, alors nous, le regard fixé sur lui, nous disons : ok, je viens, je me mets en route vers toi qui t’es mis en route vers moi. C’est cela la morale chrétienne : pas des idées de bien-pensants mais le mouvement de ceux qui reconnaissent que Dieu s’est approché et qui veulent l’accueillir et lui faire de la place. Dans nos actions, dans nos choix, nous pouvons adhérer à ce que Dieu fait, et c’est notre grand bonheur.
Vous voyez, ce n’est pas un « convertissez-vous » volontariste, comme si on disait : je fais venir le Royaume, je prépare le retour du Christ par tout ce que je fais… Mais cela part d’une conviction de foi : puisque Dieu nous visite, nous nous convertissons afin de ne pas manquer le temps de sa visite. Jadis il y avait dans les écoles un grand œil qui était là comme pour dire : Dieu te regarde ! Derrière ce qu’il y a de malsain et d’oppressant dans ce gadget, il peut y avoir quelque chose de motivant : Dieu m’a visité par son regard d’amour, alors je peux agir avec audace contre le mal en moi et autour de moi.
Pour voir le Royaume, il faut changer : cela aussi est vrai. Il y a des styles de vie égoïstes, accaparés par tout ce qui est matériel, qui empêchent de voir le Royaume, de sentir quelque chose de la visite de Dieu. Beaucoup de contemporains de Jésus sont passés à côté de cette visite, même parmi ceux qui s’étaient emballés au début. Aujourd’hui tant de gens vivent sans se soucier le moins du monde de la visite de Dieu. C’est qu’ils n’ont jamais compris que pour sentir cette proximité de Dieu il faut la chercher. Si je ne fais pas d’efforts pour Dieu, je ne le trouve pas, car il ne se vend pas dans les vitrines des magasins, il ne se donne pas à voir sur les affiches. Il se rencontre dans le cœur qui s’arrête pour lui, qui se bat pour lui, qui tient bon pour lui.
Seigneur, aide-nous à répandre cette nouvelle encourageante : le Royaume de Dieu s’est approché. Aide-nous à ne pas nous laisser dérouter par le mal dans le monde, l’injustice, la maladie, la mort. Aide-nous à agir dans la société en étant convaincu que tu nous y précèdes déjà. Tu veux attirer à toi tant d’hommes et de femmes !