homélie du 19e dimanche A, 10 août 2014

Il nous arrive{joomplu:81} de crier vers Dieu dans la détresse, soit à cause d’une épreuve, soit à cause d’un état d’âme douloureux. La démarche que font Élie au mont Sinaï et les apôtres au milieu du lac de Tibériade nous instruit sur la rencontre de Dieu dans ces moments-là.

Élie, qui avait connu une manifestation éclatante de Dieu en sa faveur, arrive à l’Horeb avec une grande plainte au cœur. Les apôtres, quant à eux, sont aux milieu des difficultés de la mer démontée, ils ne pensent plus à Jésus resté sans barque sur le rivage qu’ils ont quitté. Élie comme les apôtres ont perdu le contact avec la réalité de ce que Dieu a déjà fait pour eux.

L’épreuve nous centre sur nous-mêmes et nous fait perdre contact avec la réalité du monde et de la présence de Dieu. Spontanément, nous accordons une importance démesurée à nos problèmes. Nous ne voyons plus que notre mal ; nous serions près de dire  : qu’importe si le reste du monde continue à tourner, puisque je me sens mal, puisque je souffre.

Élie comme les apôtres devront vivre un décentrement d’eux-mêmes, il devront accepter de tourner leur regard vers Dieu, vers Dieu qui ne vient pas comme ils l’avaient prévu. Élie, le spécialiste en manifestations grandioses de Dieu, devra accepter que Dieu ne soit pas dans l’ouragan qui fendait les montagnes, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais dans le bruit d’un souffle léger. Élie accepte cela, en sortant de sa caverne, en se tenant enfin devant le Seigneur.

Les apôtres ont encore plus de mal, car ils sont tellement concentrés sur eux-mêmes que lorsque Jésus vient, ils le prennent pour un fantôme, une réalité ennemie, à qui il est hors de question d’ouvrir son cœur. Jésus devra les apprivoiser, d’abord par sa parole  : confiance, c’est moi ! Puis par son appel  : viens à ma rencontre ! Puis en saisissant Pierre qui se met à couler.

Au long de ces récits, nous voyons les pas que Dieu fait vers chacun, et qui doivent être accompagnés du pas que chacun fait vers Dieu, de l’effort pour s’ouvrir à Dieu. Dieu ne peut pas faire ce pas à notre place. Comme on dit parfois  : la porte de notre cœur ne s’ouvre que de l’intérieur.

Et il faut encore dire que Dieu n’attend pas que nous soyons tout ouvert à lui pour nous sauver, mais il tire parti du moindre mouvement vers lui. Ainsi ce premier mouvement de Pierre vers Jésus, même s’il est un peu raté du côté de Pierre, lui vaut de sentir le salut de Jésus. Ce qui est important c’est que nous choisissions de ne plus nous regarder nous-mêmes et ce qui nous pèse, et que nous choisissions de fixer notre regard vers cette réalité bien plus grande  : le Dieu qui a créé le monde est là, à la porte de mon cœur, et il m’invite. Il n’est pas en notre pouvoir d’arriver à la paix intérieure mais nous pouvons choisir de la demander à Dieu puis de l’accueillir de lui.

Ainsi, pas à pas, nous apprenons à vivre avec Dieu. La douceur propre à la vie éternelle, à la vie sous le soleil de Dieu, devient notre vie, et notre cœur apprend à être à l’aise près du cœur de son Dieu. Plus rien ne nous fait peur et nous pouvons donner beaucoup d’amour, un amour qui ne craint rien, pas même la mort, parce qu’il sait qu’il y a un Dieu qui aime et qui donne la vie.