homélie du 18e dimanche A, 3 août 2014

« Pourquoi{joomplu:198} dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc  : mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses ! » (Is 55,2) Avec Dieu, c’est « sans rien payer ». Il n’y a pas de donnant-donnant comme cela fonctionnait dans les anciennes religions où il fallait offrir un sacrifice d’autant plus gros qu’on attendait un bénéfice important de la part de la divinité — jusqu’à devoir passer aux sacrifices humains. Il n’y a pas de donnant-donnant, au contraire de ce que le païen qui vit en nous imagine parfois quand il s’imagine puni d’en-haut devant les difficultés de sa vie, ou qu’il pense devoir être préservé à cause de sa bonne conduite.

Chez Dieu, ce qui est à l’œuvre, c’est la joie de donner, à qui veut bien recevoir. Cette joie de donner commence dans la Trinité, entre le Père et le Fils, et elle s’adresse à nous aussi depuis l’avènement de l’humanité. Dieu souhaite donner, sa joie est d’être généreux envers l’homme.

De quel don s’agit-il ? Un don qu’il est impossible de saisir comme une proie, comme un bienfait que nous pourrions goûter dans la tanière de nos projets individuels, même légitimes. C’est un don qui existe dans la relation, c’est un don qui brille dans l’amour échangé. Exactement le don dont nous avons besoin, nous qui sommes faits pour vivre dans l’amour. La première forme de ce don, ce n’est pas une chose, c’est notre vie, lorsque nous apprenons à la regarder comme le fruit de l’amour de Dieu. Toute vie est le fruit de l’amour de Dieu, même la vie abîmée — il suffit de voir la joie de vivre d’une personne handicapée lorsqu’elle est aimée1. Voir sa vie comme un don d’amour chasse la peur et rend créatif. C’est ainsi que Jésus fera de toute sa vie un don, jusqu’à dire « prenez, c’est mon corps », en retour du don qu’il a accueilli du Père à son baptême  : « tu es mon Fils bien-aimé ».

Devant le don de Dieu, la question n’est pas pour nous de mériter mais de désirer, de faire une large place, généreuse, à ce Dieu qui aime et cherche comment être donné. Toute la discipline chrétienne, l’ascèse, les efforts moraux, le temps passé à la prière, tout cela vise à faire place au don de la vie et de l’amour, dans une mesure bien plus grande que celle que nous sommes spontanément prêts à vivre. Aimer plus fort, plus fidèlement, se donner soi-même toujours plus joyeusement, voilà le chemin qui monte vers la vie éternelle et y resplendira d’un bonheur sans fin.