homélie du 33e dimanche de l’année A

On peut regarder{joomplu:100} le monde de plusieurs façons. Un monde en petits lotissements où je cherche à me faire une petite place, un monde dur et hostile où j’essaie de me protéger et d’assurer mon avenir, un monde où j’essaie de conquérir la part la plus grande possible, un monde que je n’aime pas et que je veux fuir, etc. Dieu nous propose une autre vision  : un monde où je suis son partenaire, un monde que nous construisons ensemble.

Dans ce monde, Dieu fait des dons à chacun. C’est d’abord le don de la vie et le don d’un cœur pour aimer, le don d’un environnement et d’un tissu de relations possibles, le don de l’un ou l’autre talent. Ces dons sont répartis de manière très inégale, comme on le constate tout les jours. Mais un don ne manque à personne, celui de la liberté. Chacun a la possibilité de choisir  : choisir d’être reconnaissant pour le don irremplaçable de la vie ou de maugréer sur la vie ; choisir de se donner soi-même ou choisir de s’économiser ; choisir de rendre le monde meilleur ou choisir d’augmenter son confort, etc.

La parabole de Jésus ne nous laisse pas de doute  : aucun choix ne laisse Dieu indifférent. Il attend que nous choisissions la vie, que nous entrions dans la reconnaissance et dans le courage de faire fructifier les dons reçus. Vouloir se retirer de cette logique du Royaume, aller enterrer le don reçu pour pouvoir vivre sa vie comme prévu, se replier sur des projets qui n’ont que nous comme bénéficiaires, c’est choisir contre la vie, c’est se préparer à être vide, dépouillé, seul. Dieu nous laisse libre, mais nos choix ne sont pas indifférents. Dans la parabole, il n’y a pas d’intermédiaire entre gagner d’autres talents ou les enfouir stérilement dans la terre. Pour nous, il n’y a pas de milieu entre porter du fruit et gâcher sa vie, il n’y a pas de solution intermédiaire entre le don de soi et la perte de soi. Parfois nous avons l’illusion que nous pouvons simplement profiter de la vie, mais c’est une apparence. Nous sommes déjà en train de la perdre.

En réalité, il semble y avoir un troisième choix dans la parabole  : mettre l’argent à la banque, pour qu’il rapporte des intérêts. Je me dis que c’est peut-être l’image de celui qui reconnaît sa grande difficulté à porter du fruit mais qui compte sur la grâce de Dieu pour multiplier ses maigres résultats. Et dans la conjoncture divine ce moyen est le plus sûr car Dieu offre bien 500 ou 1000% d’intérêt. Nous ne sommes pas seuls, nous ne devons pas être angoissés par l’appel à porter du fruit. Il suffit de s’y mettre.