homélie pour le 5e dimanche de Pâques
Dans{joomplu:389} cet évangile de la vigne, nous entendons l’appel à porter du fruit, pour ne pas être un sarment stérile, un rameau qui épuise inutilement la vigne. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il faudrait être bourré de qualités et de capacités à faire de grandes choses ? Ce n’est pas inutile d’avoir des talents, mais le chemin du Christ est tout autre. Ce chemin se résume ainsi : de même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.
Ce n’est pas que l’on ne peut rien faire de bon sans le Christ. Il y a plein d’exemple de belles choses faites par des gens qui ne pensent pas au Christ. Mais nous devons agir dans un monde où nous avons nos points faibles et où le mal agit et tend à fatiguer ce que nous entreprenons et à renverser ce que nous construisons. Celui qui veut porter du fruit doit affronter à l’intérieur le découragement et les doutes sur soi-même et ce qu’il vaut, et à l’extérieur il butte sur la jalousie et tant d’autres figures du mal.
Quand il faut agir dans de telles circonstances, on pourrait se raidir, s’aigrir, s’enorgueillir ou devenir cynique. C’est ici que nous percevons la nécessité de demeurer sur la vigne, dans le cœur de Dieu. L’attachement au Christ nous fait produire un fruit doux et bon à manger en toute circonstance, parce que ce n’est pas notre sève seulement, mais la vie de Dieu qui coule en nous et transparaît sur notre visage.
Et cette vie de Dieu prend une tournure spéciale en nous : c’est le désir de se donner soi-même, de se trouver en se perdant, en se perdant dans le don de soi par amour. On croit perdre, et Dieu fait qu’on se trouve. Et au fond c’est la logique de la vie.