homélie du 2e dimanche de carême, 21 février 2016
Dans{joomplu:181} l’épreuve on crie vers le ciel : Dieu, où es-tu ? Car si tu étais là tout cela ne m’arriverait pas ! Ce n’est pas insensé, car vivre dans la compagnie de Dieu qui est bon rend la vie bonne. Et spontanément nous pensons qu’une vie bonne est une vie sans épreuves. C’est sûrement parce que nous pensons déjà au paradis. Dans la Bible, on est plus réaliste. Le croyant est en butte aux épreuves de la vie. Abraham et Sarah ne parviennent pas à avoir d’enfant. Les apôtres viennent d’entendre de la bouche de Jésus qu’il lui faudra souffrir beaucoup et être rejeté, même mis à mort. Que peut-on attendre de Dieu dans ces situations ?
Abraham reçoit une nouvelle fois la promesse. Et au lieu de hausser les épaules il a foi dans le Seigneur. Alors, dit l’Écriture, « le Seigneur estima qu’il était juste » (Gn 15,6). Qu’il était ajusté à lui, qu’il pouvait dans ces dispositions communier à son cœur et à son projet. Et en offrant un sacrifice au Seigneur, en se dépensant pour lui, Abraham vit une visite de son Dieu : Dieu est là, il passe dans son offrande, il passe dans sa vie.
Les apôtres ne comprennent pas que Jésus leur annonce une passion à vivre. Cela n’entre pas dans leurs cases : si Dieu est là, on ne doit pas vivre l’échec ! Il leur faudra faire tout un chemin intérieur, lentement, pour accepter cela et entrer dans la lumière de la résurrection. Pour les aider, Jésus prend avec lui quelques éclaireurs : Pierre, Jean et Jacques. Ils vont vivre un avant-goût de la résurrection et voir Jésus transfigurer. Ils vont voir Élie et Moïse, qui viennent donner la clef de ce qui se passe : ce que Jésus a annoncé n’est pas une invention personnelle, une situation qui échappe à ce que Dieu avait promis, mais tous les siècles de l’Alliance aboutissent à ce que Jésus va faire. Tous les préparatifs depuis Abraham, l’Exode, l’histoire de David et de tous les rois et tous les prophètes, tout cela mène à Jésus le Fils de Dieu. Et comment on va avancer alors, dans cette situation difficile et inquiétante ? Eh bien en écoutant Jésus : « Celui-ci, dit Dieu, est mon Fils bien-aimé, mon Choisi. Écoutez-le ! » (Lc 9,35)
Dans ce récit je pense aussi aux autres apôtres, qui n’ont pas vécu cette manifestation, qui n’auront pas l’appui de cette expérience pour affronter l’apparente victoire du mal dans la passion de Jésus. Que leur reste-t-il ? À suivre le mouvement de ceux qui ont été mis comme des éclaireurs, à emboîter le pas à Pierre, Jacques et Jean pour arriver dans le monde de la résurrection.
Si les choses sont difficiles dans notre vie, n’allons pas croire que Dieu est loin, qu’il nous a abandonné. L’épreuve survient couramment dans la vie du croyant ; Dieu ne nous l’épargne pas, mais il propose d’en faire un chemin, si nous ne disons pas « non ». Un chemin vers plus de lumière en nous, une simplification de notre être qui nous rend capable de vibrer à son amour et de connaître sa joie sans mesure.
Allons-nous vivre une expérience encourageante comme Pierre, Jean et Jacques sur la montagne ? Peut-être. C’est alors que nous avons une mission spéciale pour affermir nos frères dans la foi. Et si nous ne la vivons pas, faisons comme les autres apôtres, avançons quand-même, en nous appuyant sur ceux qui ont vu. Et qui a vu ? Les saints ! Appuyons-nous sur le témoignage des saints. En ce carême, lisez une vie de saint. Saint Jean-Paul II, saint Vincent de Paul, saint père Damien, le bienheureux Paul VI, sainte Edith Stein, saint Augustin, sainte Faustine ou tant d’autres. Que le Seigneur nous donne la grâce d’avancer dans la foi et le don généreux de nous-mêmes !