homélie de la veillée pascale
Nous{joomplu:387} avons assisté à la saga de Dieu avec son peuple. Depuis le début du monde Dieu qui est amour veut se révéler. Comment peut-il le faire ? Un amour, ça ne s’annonce pas comme une théorie scientifique, ça ne s’observe pas comme un phénomène naturel. Dieu doit pouvoir tisser une relation pour avoir l’occasion de dire son amour.
C’est pourquoi Dieu commence un chemin avec Abraham (Gn 22) et sa descendance, le peuple hébreu qu’il libère d’Égypte (Ex 14). Il tisse une relation avec un peuple. C’est dans cette relation qu’il pourra révéler son amour.
Ce peuple s’appelle alors peuple « choisi », « élu », pour vivre l’alliance. Et Dieu dit : « vous, vous serez mon peuple, et moi je serai votre Dieu » (Éz 36,28). Cette expérience de l’alliance n’est pas une expérience privée : depuis Isaïe nous savons que tous les peuples seront appelés à la partager (Is 55,5).
Tout cela est vraiment beau, mais… il y a un mais !
Qu’est-ce qui se passe dès le début dans le cœur de l’homme en face de la proposition de Dieu ? Voilà la réponse : « on ne veut pas vivre l’alliance, on veut n’en faire qu’à notre tête ! Marcher selon ta justice, faire attention à toi… Non ! Nous on suit nos envies, et c’est nos envies qui décideront ce qui est bon et ce qui est mauvais » (Gn 3 et toute la suite).
Au début ça semble plus gai de vivre sans Dieu qu’avec lui ; on se dit qu’on est libre… Mais assez vite on voit qu’on produit surtout un monde cassé, fatigué de vivre. Ce sont les conséquences du péché. Nous les voyons tous les jours, et pas seulement cette semaine.
Dieu voit cela aussi. Dans la Trinité, ils se demandent comment faire, puisque la proposition d’amour ne fonctionne pas, les prophètes s’épuisent en vain. Alors le Fils dit : je vais aller au milieu d’eux, je vais aller leur parler au cœur, et par mon cœur branché sur vous, Père et Saint-Esprit, je vais ramener les hommes dans notre amour : je pars racheter les pécheurs !
Et Jésus vient. Et nous lui avons fait les pires ennuis. Sa mort révèle l’ampleur du péché, la gravité de la maladie. Nous en voyons encore une réplique dans la barbarie des attentats.
De ce qui lui arrive, Jésus fait quelque chose. Il ne donne pas seulement un exemple de patience, de pardon, de courage. « Ma vie, personne ne la prend, mais c’est moi qui la donne » dit-il, en nous donnant le secret de son cœur. Se glisser dans la souffrance et la mort, non pas à reculons mais en se donnant soi-même, c’est la clef que le Fils de Dieu emploie pour détruire la mort. Et le Père rend ce don fécond. Quand Jésus le Fils de Dieu passe par l’agonie et la mort, c’est la mort qui explose, ce sont ses verrous qui sont soufflés.
Le Christ a donné sa vie et ce n’est pas une histoire du passé : il n’est plus au tombeau, son tombeau est vide, il vit près du Père et il agit maintenant dans nos vies. C’est comme ça que nous sommes ici ce soir, parce que nous voulons mieux comprendre qu’il a donné sa vie pour nous, nous voulons que cela vienne toucher notre cœur, nous voulons repartir avec la lumière de l’amour actif de Dieu en nous.
Christ est ressuscité. Son amour n’est pas une vue de l’esprit. Il est là au milieu de nous, comme dans chaque assemblée ce soir, et dans le cœur de ceux qui l’invoquent du fond de leur cellule de prison ou de leur lit d’hôpital. Ce n’est pas une présence vague, son cœur est pleinement à la porte de notre cœur, il a franchi tous les obstacles pour être là et nous appeler : ouvre-moi ton cœur ! Laisse-toi restaurer par mon amour, et va, va annoncer mon Royaume de paix et de vie ! Et quand viendra l’heure de ta mort, avant même la résurrection générale je t’appelle à la vie éternelle et t’introduis auprès de moi !