homélie des confirmations, Hautrage, 20 novembre 2016
Est-ce qu’il y a un Dieu{joomplu:176} qui prend soin de l’humanité, de nos vies ? Quand notre vie est confrontée à des difficultés, nous serions tentés de dire : il n’y a pas de Dieu qui veille sur moi… Et devant le cours de l’histoire du monde, tous les drames qui ont lieu ici et là, nous nous demandons : où est le règne de Dieu ? Y a-t-il un Dieu ? Et si quand-même oui, n’est-il pas impuissant ?
À ces questions, des contemporains de Jésus ont répondu : « non ! » Devant Jésus crucifié, les chefs des prêtres disent : « il n’est pas le Messie, l’envoyé de Dieu ». Et les soldats se moquent de sa royauté : « qu’il se sauve lui-même et on croira ! » Les gens qui disent aujourd’hui : « quand je regarde la force du mal je me dis qu’il n’y a pas de Dieu », ces gens ont des ancêtres connus de l’évangile : les chefs, les soldats, et un des malfaiteurs crucifiés avec Jésus.
Il y en a un, un seul qui est capable de comprendre que quelque chose de vraiment nouveau est en train de se passer. C’est le deuxième malfaiteur, qui dit : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». À quoi Jésus répond : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Cet homme a compris que le règne du Christ arrive, et que c’est un règne désirable, même pour lui qui en a gros sur la conscience. Ce grand coupable a détecté qu’il y a un règne d’espérance qui vient, qui vient pour lui aussi, car c’est un règne de miséricorde, de pardon, le règne de la joie qui naît de la réconciliation. Un jour, ce règne aura saisi toute l’humanité ; c’est le jour de la fin du temps, quand le monde entier entrera dans la création nouvelle.
Comment ce règne vient-il aujourd’hui ? Il cherche des cœurs pour y faire escale. Dans vos lettres à l’évêque, vous avez dit que vous aimeriez apporter votre contribution à ce règne, en apportant la paix, la joie, en grandissant dans la maîtrise de vous-mêmes. Je me réjouis de ces dispositions, qui sont si importantes pour construire un monde meilleur. Vous êtes les concepteurs du monde de demain, et c’est avec l’amour, la joie, la paix, la maîtrise de soi, que l’on va y parvenir. L’Esprit Saint vous apporte cela quand il vient régner en vous. Pour nous les chrétiens, la grande question est : comment laisser l’Esprit Saint agir en moi, comment ne pas mettre plein d’obstacles à son action ? Car beaucoup le font, entraver son action en eux, et ils finissent par dire que l’Esprit Saint c’est de la gnognotte, mais c’est parce qu’ils l’ont jeté pieds et poings liés au fond de la cale de leur cœur.
De quoi le Saint-Esprit a-t-il besoin ? Il a besoin d’un cœur ouvert. Un cœur ouvert, c’est celui qui, lorsqu’il a péché, cherche la réconciliation — et il y a un sacrement pour cela. C’est un cœur qui détecte les mouvements de repli sur soi, et qui y renonce autant qu’il peut. Et puis c’est un cœur qui déploie ses antennes pour capter le réseau de son Dieu. La façon de déployer ses antennes, c’est la prière. L’idéal, c’est d’avoir un cœur constamment connecté à Dieu. Cela n’est envisageable que par des moments de connexion privilégiés, quand on s’arrête pour le Seigneur. Vous allez recevoir le don du Saint-Esprit ; faites-lui une place par la prière chaque jour. Et qu’est-ce que prier ? C’est s’installer quelque part où on est tranquille, pour être avec Dieu. Prier c’est s’installer un moment avec Dieu, pour penser à lui en l’aimant. On peut dire des choses, lire un passage de l’évangile, mais l’essentiel est de passer du temps à penser à lui en l’aimant. Combien de temps ? Si vous voulez vraiment voir l’effet, je dirais : un quart d’heure. S’isoler chaque jour un quart d’heure pour être avec le Seigneur. C’est difficile dans ce monde speedé et excité. Mais c’est pourtant la vraie activité qui changera le monde, qui fera venir le règne du Christ pour le bonheur de tous. C’est ainsi que vous téléchargerez la mise à jour quotidienne de votre cœur. Alors courage, prenez un quart d’heure et votre évangile, installez-vous où vous serez tranquille et soyez les relais du Saint-Esprit, cela donne une joie si grande !
Tout à l’heure je vous ai parlé de télécharger chaque jour la mise à jour de votre cœur dans la prière. J’ai oublié quelque chose. La foi chrétienne ne se vit pas seulement entre moi et mon Dieu. Car Dieu a voulu rassembler un grand peuple sur toute la terre. Ce rassemblement, c’est le dimanche à la messe qu’il a lieu. Aujourd’hui, ce n’est pas votre première communion, mais c’est une eucharistie spéciale, prélude à beaucoup d’autres. Parfois on s’ennuie à la messe. Ça arrive que le prêtre soit spécialement ennuyant. Mais souvent la première cause c’est qu’on n’est pas venu avec son cœur. Quand le cœur n’est pas ouvert, on s’ennuie à 100 à l’heure. Mais si le cœur guette, cherche le Christ, attend l’occasion de lui dire : je t’aime…, alors on ne va pas s’ennuyer, même quand l’homélie est trop longue, même quand les prières sont pleines de mots qu’on ne comprend pas. L’essentiel, dans la messe, ce n’est pas d’aller communier, mais de dire à Dieu avec les autres son amour et sa résolution à vivre sur ses chemins. Il y a toujours un « tu es mon ami, je t’aime » à dire. C’est ce que nous allons faire maintenant. La prière eucharistique est un grand « je t’aime » dit sur tous les tons.