homélie du 33e dimanche C, 13 novembre 2016
Nous{joomplu:179} vivons dans un monde qui cherche sans cesse à prévoir ce qui va arriver. Ces derniers mois nous ont abreuvés de sondages, d’autant plus visibles qu’ils se trompent lourdement. On multiplie les enquêtes, les analyses de tendances, etc. Il y a là bien plus que la curiosité habituelle : c’est la manifestation d’une insécurité profonde. Quel sera l’avenir ? Quel signe positif pouvons-nous trouver ? Quelle assurance qu’il n’y aura plus de catastrophe ?
On peut se raccrocher à des choses : la splendeur du temple. La couverture de nos assurances. Notre épargne-pension. Comment nous sentir à l’abri ? Et voilà que l’Évangile vient nous parler de catastrophes. Le temple qui fait votre fierté ? Tout sera détruit. Il y aura des guerres, des famines, des phénomènes effrayants… Et l’Église des disciples du Christ sera détestée de tous à cause de Son nom, incomprise dans son enseignement, taxée de danger pour la société. Pourquoi Jésus vient-il jeter ainsi le trouble dans nos cœurs ?
Il parle ainsi car il veut nous donner un abri plus sûr que les sondages et les cogitations des analystes de la conjoncture. Jésus nous parle de ce qui nous inquiète pour nous libérer de la peur. Où va notre monde ? Quoi qu’il arrive il n’échappe pas à l’amour de Dieu, il ne tombe pas hors de la miséricorde. Où va notre monde ? Vers la gloire que Dieu prépare pour nous. Devant Dieu, même la ténèbre n’est pas ténèbre.
Il nous reste à apprendre à compter sur Dieu. Cela se fait à partir des petites choses, des petits choix où on prend des risques pour l’évangile. Tel prend le risque de pardonner ; tel autre de donner davantage qu’il n’avait prévu ; tel autre de venir en aide à quelqu’un qui est dans le besoin ; tel autre encore de rester fidèle malgré l’insatisfaction. De tant de manières, nous pouvons apprendre à compter sur Dieu, à miser sur lui, sur le bonheur et la paix qu’il est capable de donner à celui qui s’en remet à lui plutôt que de s’emparer avidement d’un morceau de bonheur fugitif ou de confort précaire.
Notre monde inquiet a besoin d’intrépides, qui ne cèdent pas à la peur parce qu’ils ont appris à leur cœur qu’ils avaient un Père du ciel. Ces intrépides peuvent être des poltrons par nature, mais la foi peu à peu les apaise. Et ils commencent à créer une société nouvelle et solidaire. Ils sont si peu nombreux qu’ils pourraient se décourager. Mais voilà que Jésus leur dit : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ». Persévérer : tenir bon dans la foi malgré le courant contraire de la société, malgré notre paresse, malgré les moqueries possibles — quoi que nous ne sommes pas encore « traînés devant les tribunaux », mais il peut y avoir du harcèlement. Il faut que cela arrive, dit Jésus. Mais simplement, tenez bon car c’est Dieu qui donne la vie. C’est beaucoup plus grand encore que le bonheur de l’honnête homme. C’est l’œuvre du Dieu de l’univers, qui aime ses enfants, qui veut consoler son peuple. Dieu dont le jour de justice et de paix éclatera bientôt.