homélie du 5e dimanche de Pâques, 14 mai 2017
Quand{joomplu:535} un enfant se fait un bobo, quel est le remède le plus puissant ? Un câlin, sentir qu’on est proche, abrité, qu’on compte pour quelqu’un… Plus tard, on ne voudra plus de câlin, mais on cherche toujours à être aimé, et une grande question de l’adolescence devient : qui m’aimera ?
Pourquoi avons-nous ce grand besoin ? Parce que nous sommes créés à l’image de Dieu (Gn 1,26), or Dieu vit un grand amour en lui-même, une grande intimité, au point que Jésus peut dire : « je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14,11) — ce qui ne fonctionne que par l’amour le plus grand : essayez autrement d’être dans ce que vous contenez ! Même en physique quantique, ça ne marche pas.
Dans notre vie, il y a tant d’amours blessées. Les pères et les mères ne s’aiment pas toujours entre eux comme leurs enfants l’auraient souhaité. Nos parents ne nous ont pas toujours aimé comme il aurait fallu. Et pour une part, il ne pouvaient pas nous donner un amour parfait : ils étaient blessés d’amour eux aussi.
C’est ce qu’on dit dans la foi quand on parle du péché originel. Tous, nous démarrons dans la vie en étant des blessés de l’amour. Et cette blessure, elle vient de très profond, elle vient d’un mensonge sur Dieu notre créateur (Gn 3). L’histoire du serpent au Jardin d’Adam et Ève raconte de façon imagée ce mensonge. En définitive, ce mensonge est le suivant : Dieu n’est pas bon comme tu le crois. Tu ne dois pas l’écouter, tu ne dois pas l’aimer, il est ton concurrent. Moins il y aura de Dieu, mieux ça sera.
Et l’homme se retrouve orphelin, privé de Dieu à l’image de qui il était fait. Dieu n’est plus un père auprès de qui je peux aller faire un câlin. Je suis seul, je dois assurer mon bonheur tout seul, me servir dans le monde comme je peux, me tailler mon petit royaume de petit chef. Et c’est le début de toutes les guerres, de toutes les trahisons, de tous les harcèlements, de toutes les exploitations.
C’est alors que vient le Christ. Il nous propose de retrouver l’intimité de notre Père. Lui, il la connaît. Si nous le prenons comme notre Seigneur, il est le chemin pour la retrouver.
Il dit non seulement « je suis le chemin », mais aussi « la vérité ». Cette vérité ultime sur le monde, c’est que je ne suis pas un orphelin, mais j’ai un Père, et le monde est créé par amour : l’amour, plutôt que l’argent ou le pouvoir, est le sens du monde et son fondement. C’est pourquoi Jésus nous montre ce chemin : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, en donnant votre vie ».
Enfin, Jésus dit : je suis la vie. La vie, c’est que j’avance en enfant de Dieu. L’Esprit Saint me fait vivre chaque jour dans une dépendance joyeuse : je parle à Dieu, je pense à lui en l’aimant, je me regarde comme son enfant et je dis : « béni sois-tu de m’avoir créé ! »
Que votre foi ne soit pas une foi morte, écrite dans un livre poussiéreux, mais une foi vivante, réactivée dans la prière, qui est un canal de vie, un câlin à notre Père du ciel.