homélie du jours de Pâques
Aujourd’hui{joomplu:534} nous fêtons la victoire de l’amour, de l’amour de Dieu qui par la passion s’est rendu capable de saisir tous les hommes, d’aller à la rencontre du plus pécheur, de celui qui est dans la situation la plus désespérante. Cet amour dont la résurrection manifeste la victoire nous attire à la lumière. Et pour comprendre cela nous pourrions par exemple accompagner saint Pierre en ce matin de Pâques.
Pierre a renié Jésus alors que son souhait profond était de l’accompagner en toute circonstance, d’être d’une fidélité sans faille (Mt 26,33), jusqu’à mourir avec lui s’il le fallait (Jn 13,37). Pierre a renié son ami au moment le plus difficile pour lui. On peut imaginer la tristesse, le dégoût de soi qui l’habitait. Pierre devait vivre ces jours dans un profond regret, mais aussi l’inquiétude devant la lâcheté dont il s’était révélé capable. Dans cet état, on voudrait fuir, ou entrer dans le déni. Mais Pierre reste là, il ne fuit pas, et Marie-Madeleine le trouve même dans la compagnie de ce fameux disciple qui avait été le seul des apôtres au pied de la croix. Marie-Madeleine le trouve car il n’avait pas essayé d’aller se changer les idées en s’éloignant du groupe qui lui rappelait tous ces événements douloureux. Et parce qu’il n’avait pas fui sa situation, Pierre a pu entendre puis constater la nouvelle qui sera l’amorce de toute la suite : le tombeau est vide. Nous aussi, quand nous ne fuyons pas nos ténèbres, quand nous refusons de nous voiler la face et que nous recommençons à faire confiance à Dieu, nous lui permettons de commencer une histoire nouvelle.
Le tombeau est vide. Plusieurs explications sont possibles. Marie-Madeleine donne la plus logique : on a enlevé le Seigneur, quelqu’un a pris le corps déposé là l’avant-veille. Marie pense que ce sont des adversaires. Les grands-prêtres et les anciens feront raconter aux soldats que ce sont les disciples qui ont enlevé le corps (Mt 28,13). Amis et adversaires de Jésus sont dans le même désarroi : le corps de Jésus n’est plus là, et ce sont sûrement « les autres » qui ont fait cela. Une seule chose est sûre : le tombeau est vide.
C’est alors que Jean va inaugurer un chemin nouveau. « Il vit et il cru » (Jn 20,8). Il accueille la manière de faire de Dieu, celle que l’on découvre « selon l’Écriture ». Il va inaugurer ce chemin de foi qui va produire tant de fruit. Bientôt, Jésus lui-même pourra apparaître à ses disciples, non comme une vision ou un fantôme mais avec son corps glorieux, celui qui n’est plus au tombeau, celui qui préfigure ce que sera pour nous la résurrection des morts au dernier jour. Bientôt Pierre verra que son péché est englouti dans la mort et la résurrection de son Sauveur. La lumière de réconciliation et d’espérance qui va se lever dans sa vie l’emmènera jusqu’à Rome où il donnera enfin sa vie pour le Christ, lorsqu’il refusera de le renier devant la menace. Il sera inhumé dans une nécropole sur une colline à l’écart de Rome, qui s’appelait Vatican, où les chrétiens vénéreront sa tombe puis construiront une basilique, et en 1950 lors de fouilles sous l’autel majeur de Saint-Pierre de Rome on a trouvé la tombe d’un homme qui avait été crucifié la tête en bas… Revenons au tombeau vide… Bientôt les apôtres craintifs et incertains deviendront des amoureux du Christ que personne ne pourra faire taire.
Pour nous, demandons que la lumière de la résurrection pénètre nos vies jusqu’au plus intime, jusqu’au plus sombre, jusqu’au moins avouable de nous-mêmes. Que nos cœurs cèdent devant la puissance de l’amour, et que tout au long de ce temps pascal l’Esprit Saint fortifie notre foi. Alors il y aura en nous pour toujours une joie que personne ne pourra nous enlever (Jn 16,22).