homélie du 16e dimanche B, 22 juillet 2018
En bref :{joomplu:93} Chacun devrait pouvoir découvrir qu’il est un être très aimé de Dieu, que le Père veut conduire à une vie grandiose. Cette découverte est possible à qui se laisse guider par le Christ. Aux chrétiens de le monter…
Si quelqu’un me demande qu’est-ce que cela nous apporte d’être chrétien, les lectures d’aujourd’hui me suggèrent une réponse : savoir qui je suis et où je vais. Qui je suis ? Je ne suis pas un vivant quelconque qui est là par hasard, je ne suis pas perdu seul au milieu du monde, condamné à me faire remarquer ou crever, mais je suis cher aux yeux de Dieu au point qu’il a envoyé son Fils se faire homme pour moi.
Le Dieu saint, pur et juste n’a pas attendu que je sois irréprochable pour me dire qu’il m’aimait. Il ne nous dit pas : commencez par faire un effort et on verra après si je vous trouve digne de mon amour. Il dit plutôt : vous, chacun des hommes, vous m’êtes précieux, même les plus désinvoltes et égoïstes d’entre vous. Voilà qui nous sommes. Nous comptons pour Dieu, c’est pourquoi il ne veut pas nous laisser dans nos ténèbres, nos peurs, nos solitudes, nos déceptions, nos fermetures de cœur. Quand notre Père envoie son Christ, c’est pour être notre berger.
Alors nous saurons où nous allons. Car le Christ a quelque part où nous conduire. Il sait où il va. Il ne vient pas tourner en rond avec nous, nous flatter, nous distraire, marcher avec nous vers on ne sait où. Il est berger, pasteur, il est le maître. Il nous mène vers une vie réconciliée, où s’expérimente la joie d’exister ensemble comme créature du Père, dont je vous parlais il y a quelques semaines. Saint Paul s’émerveille de cela : le Christ a voulu nous réconcilier avec Dieu, ceux qui étaient proche comme ceux qui étaient loin de lui (Ép 2,16) ! Il nous ouvre le chemin vers la paix, la paix du cœur, la paix qui libère, la paix qui nous permet d’avoir une vie créative, lumineuse, donnée. Et le but ultime, c’est la vie éternelle, une vie à nous réjouir sans interruption de tout ce que Dieu est, de sa beauté, de son génie, de ses dons que nul ne peut énumérer. Pour nous rendre compte de cette joie, imaginons la fierté, le contentement que nous éprouvons devant quelqu’un que nous admirons beaucoup; imaginons la joie de découvrir que cette personne nous aime passionnément; et multiplions tout cela par un million. Ça commence peut-être à s’approcher de la joie du ciel…
C’est difficile pour nous d’accueillir un berger. Culturellement, nous avons davantage l’habitude d’être divertis que guidés. L’homme contemporain dit : « je ne veux pas être guidé vers ailleurs, je veux seulement pouvoir me changer les idées, ne plus devoir penser aux choses essentielles qui m’inquiètent ni à l’avenir incertain ». Au point que nous nous sommes fait une raison : nous acceptons avec résignation d’être des brebis sans berger, et nous nous disons : « sur base de quoi ferais-je confiance à un berger ? Je ne me fierai qu’à mes impressions du moment. » L’Église ? Elle a un lourd passé. Le Christ ? Puis-je vraiment le connaître ? Alors je suis seul, abreuvé du cynisme de la plupart des médias, qui me rend désabusé de tout ce qui est grand, noble et beau.
D’où l’urgence de retrouver des pasteurs selon le cœur de Dieu, qui donneront envie de se laisser conduire par le Christ — parce qu’eux-mêmes ont accepté une dépendance totale avec leur maître et Seigneur. Il nous faut des prêtres renouvelés, qui seront suscités par des paroisses renouvelées. Ce renouveau qui rend la vie de Dieu accessible est l’affaire de nous tous. Que cela soit plus clair que notre paroisse est un lieu où les gens ont soif d’être guidés par le Christ, un lieu où on parle du Christ, un lieu où les prêtres agissent comme le Christ et où tous les croyants font de même. Un lieu d’où sortirait le message suivant : « si une soif de vérité et de pureté t’habite, malgré tes erreurs et malgré la morosité ambiante, viens avec nous, car nous cherchons Dieu, notre source et notre vie, et nous savons où le trouver. » Que nos paroisses offrent clairement la vie du Père, la possibilité d’être conduit à lui, d’avoir les moyens d’être proche de lui par le Christ !