homélie du 26e dimanche B, 30 septembre 2018
En bref : prenons{joomplu:163} les moyens de nous convertir, au nom de tous ceux que Jésus aime et qui doivent pouvoir l’aimer un jour.
L’histoire commence avec quelqu’un qui aime Jésus mais qui ne fait pas partie des disciples identifiables. On ne le voit pas à la messe, mais il ne perd pas une occasion de tourner vers le ciel les pensées de ceux qui le rencontrent. Peut-être en connaissez-vous ? Jésus prend la défense de telles personnes. On ne doit pas se scandaliser qu’elles ne sont pas comme nous, mais nous réjouir de leur action en faveur du Christ. Car l’important, c’est qu’il soit connu et aimé.
Justement, l’histoire continue avec ceux qui l’aiment et qui sont scandalisés par des disciples qui agiraient mal. « Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer », dit Jésus (Mc 9,42). Comment ne pas penser au scandale de la pédophilie, qui, s’il fait des ravages dans toute la société, a blessé aussi tant de personnes dans le peuple de Dieu. C’est d’autant plus grave que Jésus prend souvent les enfants comme exemple d’ouverture du cœur à lui, de foi, d’accueil de la vie du Royaume de Dieu. Combien de fois n’a-t-il pas dit qu’il nous fallait redevenir comme des enfants. Alors, quand quelqu’un fait tomber un enfant à cause des passions qu’il laisse vivre en lui, quel drame ! C’est vraiment fermer la porte du ciel à cet enfant. Et la culture ambiante ferme également la porte du ciel aux enfants de bien des manières, par des films violents, par l’étalage de la pornographie, par la promotion de l’athéisme qui cherche à déraciner la petite pousse de foi que Dieu dépose en tout être à sa naissance. Et ce ne sont pas que les enfants qui en sont abîmés. Vous avez entendu comment saint Jacques parle aux chrétiens qui frustrent leurs moissonneurs de leur salaire tout en menant une vie bien confortable. Nos moissonneurs à nous, ils travaillent très loin, dans des ateliers sordides du Vietnam ou du Bangladesh, dans des mines artisanales de l’est du Congo qui s’avèrent le piège de tant d’enfants et de pères de familles ; ils travaillent dans des entrepôts sans fenêtres, ou derrière des webcams bien curieuses. Ils travaillent pour nous, pour que nous puissions être fascinés par ce que nous apporte la société de consommation, et que nous trouvions quantité de choses pour satisfaire notre convoitise. Tous ces gens sont ces petits que Dieu aime et qui doivent pouvoir l’aimer un jour.
Comme toujours, Jésus ne se satisfait pas que nous nous contentions de critiquer la société. Jésus nous renvoie à nous-mêmes, car il sait que c’est dans notre cœur que se trouve la solution. Il nous dit que Dieu préfère que son peuple soit un peuple de borgnes et d’estropiés plutôt qu’un peuple de gens qui scandalisent les petits à cause de leur comportement mauvais, parce qu’ils ont cédés aux tentations qui les assaillaient. Le Christ voudrait que nous prenions les moyens de nous convertir, au nom de tous ceux qu’il aime et qui doivent pouvoir l’aimer un jour.
Dimanche passé je vous invitais à imiter Jésus chaque jour. Aujourd’hui cette imitation prend la forme d’un combat spirituel, du combat contre la tentation. Et spécialement celle qui conduit à exploiter les autres, à les utiliser comme source de satisfaction ou de profit. Et plus encore quand ce sont des petits, qui n’ont que Dieu pour défense. Comment combattre les tentations ? Comme dans tous les sports de combats : en s’exerçant et en ne se trompant pas de cible. Inutile de chercher à vaincre une tentation en succombant à toutes les autres. C’est comme si on avait le bras droit de Ryad Merhy et le gauche musclé comme un câble de frein de vélo. Le combat contre la tentation, c’est tout azimut. C’est pourquoi on jeûne, par exemple. En nous privant pendant un temps de ce qui nous est nécessaire et légitime — rien de tel pour cela que de se priver de nourriture pour cela — nous devenons plus lucides et plus fermes dans notre volonté, et c’est utile autant pour repousser le mal que pour conquérir un bien qui est difficile à obtenir. En plus du jeûne, il y a tout ce qui nous décentre de nous-mêmes : visiter un malade, écrire à un ami en peine ou lui donner un coup de fil, rendre toute sorte de services. Cesser de se focaliser sur ce qui se passe en nous pour s’intéresser à ceux qui attendent notre attention et ne pourront pas nous le rendre, quel salut ! Enfin, et avant tout, il y a la prière, comme nous le demandons dans le Notre Père : ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal ! Oui, Père, je suis faible devant le mal, je ne peux pas m’en sortir par mes propres forces ; viens à mon secours ! Et cela fait tant de bien de demander la prière d’une sœur ou d’un frère chrétien. Il y a aussi le prêtre, qui dans la confession est tenu au secret le plus absolu. On peut tout lui dire. Il est pécheur lui aussi, et implore avec les autres pécheurs le pardon de Dieu et sa force pour lutter contre la tentation.