homélie du 30e dimanche B, 28 octobre 2018
Dimanche{joomplu:186} passé nous entendions Jésus dire qu’il donnait sa vie en rançon pour la multitude. Aujourd’hui il n’a plus de temps à perdre, il se met en route pour Jérusalem. Mais en chemin il est interrompu par Bartimée, l’aveugle mendiant. Cet évangile nous laisse goûter la tendresse de Dieu qui vient sur cet homme par la puissance de Jésus. L’homme retrouve la vue à la simple parole du Maître : « va, ta foi t’a sauvé ! »
Les miracles opérés par le Christ ou ses disciples nous disent cela : Dieu est là et il t’aime. Ce ne sont pas d’abord des choses extraordinaires, pour nourrir le goût de merveilleux de certains. Ce sont des encouragements à un peuple qui n’en peut plus, qui crie « Seigneur, sauve ton peuple ! », « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! »
Aujourd’hui encore certaines personnes vivent un miracle dans leur vie, un événement dont elles se disent : « c’est du ciel ! Dieu a agit dans ma vie ! Cette visite change tout. Maintenant je vais changer ma façon de vivre, je vais donner au Seigneur toute la place. »
Dans la culture rationaliste qui s’est développée chez nous depuis 3 siècles, il est facile de douter que Dieu puisse agir concrètement dans nos vies. On peut se dire qu’il n’y a pas de miracles, soit parce qu’on n’en a jamais vu, soit parce qu’on sacralise les lois de la nature, soit encore parce qu’on ne parvient pas à concilier l’idée que Dieu peut faire des miracles, avec la constatation qu’il n’en fait pas souvent et qu’il laisse se passer des événements vraiment mauvais et injustes sans agir. Alors nous concluons que s’il n’agit pas c’est qu’il a les bras trop courts pour nous aider. D’autres encore, devant le scandale du mal qui arrive, en déduisent que Dieu n’existe carrément pas.
Comme Dieu doit souffrir de tout cela, de tous ces moment où l’adversaire, le satan, semble triompher en arrachant la foi du cœur des hommes ! Devant cette question du mal et des miracles, je voudrais donner quelques pistes pour réfléchir et pour croire, quelques garde-fous auxquels je tiens. D’abord, il est certain que Jésus a fait des miracles, des manifestations claires de sa puissance (dans le Nouveau Testament grec, c’est le mot « puissance » qui est utilisé lorsqu’on lit « miracle » en français). C’est la raison pour laquelle tant de foules le suivent. S’il n’avait pas fait des choses vraiment inconnues jusqu’alors, il n’y a pas de raison que tout le monde courre après lui au point qu’il doive parfois rester dans des endroits déserts (Mc 1,45).
Pour Jésus, faire des miracles c’est montrer aux gens que le Royaume de Dieu s’est approché d’eux, et qu’il s’est approché d’eux par lui, Jésus (Lc 7,22). Les miracles sont toujours liés au fait de reconnaître Jésus comme le Sauveur. Il ne s’agit pas pour lui de remédier à tout le mal du monde, d’ailleurs il a laissé bien plus d’infirmes qu’il n’en a guéris (Mc 1,38). Il s’agit de faire comprendre qu’avec lui tout change dans le cours de l’histoire. Et pour comprendre nous devons nous tourner vers le miracle décisif, la résurrection du Seigneur. Là, la mort n’est pas seulement vaincue chez quelques uns mais tous apprennent que l’appel du Père est plus fort que leur mort. Un jour il les appellera à la vie comme il a appelé son Fils. Il y a quelques années j’ai longuement supplié le Seigneur pour la guérison d’une amie très chère. Elle est morte, mais je sais qu’elle vit, qu’elle est arrivée à bon port.
Tout au long de l’histoire de l’Église il y a eu des miracles. Les apôtres ont fait des miracles, bien des saints aussi. Mais encore une fois le but du miracle n’est pas de remplacer l’hôpital ni de nous rendre immortels. Le miracle est là au service de la foi, au service de notre arrivée à bon port dans le Royaume de Dieu. Tout est centré sur le témoignage envers le règne de Dieu. Si le Christ n’est pas annoncé, il n’y a pas de miracle. C’est sans doute pourquoi il y a eu si peu de miracles dans l’Église catholique de ces dernières décennies.
Alors il nous faut demander à Dieu : « Seigneur, donne-nous des hommes et des femmes de foi, afin qu’à nouveau nous connaissions ta puissance au milieu de nous et que nous puissions jubiler de ton amour. Nous voudrions connaître ta tendresse, nous aussi. Apprends-nous à compter davantage sur toi. Apprends-nous à risquer notre vie, notre argent, notre réputation pour toi. Apprends-nous à vivre déjà comme des citoyens du ciel et à regarder notre vie et la vie de chacun comme cela : des vies appelées à la vie éternelle. » C’est ainsi que nous connaîtrons la tendresse de Dieu.