homélie de la fête du Christ roi de l’univers, 25 novembre 2018
Jeudi{joomplu:526} une personne me partageait sa peine d’être moquée par ses collègues à cause de sa foi, parce que comme adulte elle se prépare au baptême et qu’elle s’engage envers le Seigneur en le cherchant dans la prière, en l’aimant. Quand elle me racontait son histoire, je pensais au Christ. À ce qu’il disait dans les Béatitudes : « Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5,12). Et je pensais aussi au Christ devant Pilate, humilié, conspué, méprisé.
Dans ce qu’elle vivait, cette personne se retrouvait vraiment à la suite du Christ, qui nous a avertis que cette étrange opposition au bon et au vrai était possible et qui l’a vécue lui-même. Plus généralement, il arrive que quelqu’un soit moqué, rejeté, harcelé, alors qu’il agit bien, qu’il est artisan de paix là où il vit. Pourquoi ces attitudes ? Il y a là un esprit à l’œuvre, l’esprit mondain, l’esprit de domination, de vaine gloire et de faux contentement, qui s’installe si fréquemment dans le cœur des hommes, aujourd’hui comme hier, quand ils cessent de rechercher l’humilité.
Aujourd’hui nous acclamons le Christ comme roi, c’est-à-dire comme chef, comme celui à qui nous faisons confiance pour notre avenir. Et nous le retrouvons humilié devant Pilate le gouverneur et la foule déchaînée. À première vue nous nous disons : mais ça ne marche pas, je ne peux pas faire confiance à un gars comme ça ! Comment va-t-il m’aider ? Pourquoi chercherai-je à vivre selon son Royaume, à faire ce qu’il me dit ?
Puis je me rappelle tous ses titres entendus dans le livre de l’Apocalypse, le livre du « dévoilement » de la réalité profonde des choses : le « prince des rois de la terre », le « premier-né d’entre les morts », le « témoin fidèle ». La royauté de Jésus « n’est pas de ce monde » (Jn 18,35). Il va au-devant des difficultés comme un roi dont le royaume est plus grand que tous les royaumes du monde. Son royaume est plus grand parce qu’il n’use pas d’une force extérieure, une police qui obligerait à bien agir. Son royaume repose sur une force intérieure, le choix de Dieu de nous guérir profondément du mal, de l’arrogance, de l’indifférence. Quand le Fils de Dieu vient dans le monde, il est étrangement rejeté, dévoilant ainsi la profondeur du mal qui ronge l’humanité. Mais quand il est rejeté, il ne maudit pas, il ne rejette pas. Au contraire, il donne sa vie. Nous le revivons à chaque eucharistie : le Christ donne sa vie au lieu de se protéger ou de rejeter. Alors le mal n’aura plus jamais le dernier mot. Toujours nous pourrons venir au Christ, le regarder sur la croix en disant : tu es le roi ! Tu as réussi ce que personne ne pouvait réussir : tourner le mal en bien. Donne-moi ta force pour te suivre, pour te laisser continuer ton œuvre dans ma vie. Là aussi, dans mes souffrances, dans mes peines, tu vas tourner le mal en bien.
Croyez-vous que le Christ peut tourner le mal en bien ? Oh, ne cessez jamais de progresser, de l’aimer de plus en plus, et vous verrez sa royauté dans votre vie. Il nous est bon de contempler la croix, de passer une minute près du Seigneur Jésus sur la croix, à penser à lui en l’aimant. Cela nous remplit de force d’en-haut. Alors nous pourrons davantage réaliser le commandement du Royaume, le commandement de l’amour, même des ennemis. Juste avant son arrestation, Jésus a dit a ses disciples : « Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde. » (Jn 16,33). C’est vrai ! Et nous avançons dans la lumière, coûte que coûte.