homélie du 1er dimanche de l’Avent, 2 décembre 2018
En bref :{joomplu:95} Le Christ a promis de revenir pour une révolution de la vérité et de l’amour. Il s’agit de veiller et prier, pour se souvenir qu’on est aimé de Dieu. Veiller en aimant plus fort.
Parfois, dans la vie, on se demande comment on va s’en sortir. Et on a l’impression que Dieu est loin. C’est encore plus fort lorsqu’on est en butte à l’injustice. Quand il y a des injustices, on ne sait pas être heureux. Quand c’est toujours le plus fort qui impose sa loi, on souffre, mais aussi on est découragé et on perd l’espérance.
Dieu sait cela. Il voit son peuple fatigué. Il n’est indifférent à aucune souffrance. Aujourd’hui nous avons entendu qu’il promet la venue d’un « Germe de justice », celui qui rétablira toute justice (Jr 33,15).
Il ne veut pas le faire en créant une super-organisation de la justice mondiale, à laquelle tout le monde serait obligé d’obéir. Ça n’est pas valable pour lui, car il veut préserver notre liberté, elle qui nous permet d’aimer. Il ne veut donc pas d’une police céleste, même si parfois nous en rêvons. Alors il rétablit la justice en deux temps. D’abord il vient humblement, sans s’imposer. Dieu se propose à notre foi. Il cherche à nous persuader d’abandonner notre égoïsme pour aimer comme lui, et il répare le cœur de ceux qui l’accueillent en eux. C’est Jésus, le Christ, le Fils de Dieu fait homme. C’est Noël.
Et puis il a promis de revenir (Lc 21,27). Le chrétien est quelqu’un qui attend le retour du Christ. Il attend la Révolution de Dieu : pas une révolution comme nous savons en faire, où on écrase ses adversaires pour établir un nouvel ordre précaire. Mais un bouleversement de tout l’ordre des choses, du cours bien établi du monde — y compris du soleil, de la lune, des étoiles, c’est dire s’il y aura du changement, du changement comme on n’en a encore jamais connu depuis la création du monde ! À ce moment-là, chacun se retrouvera en pleine lumière, chaque cœur sera dévoilé, chaque intention secrète apparaîtra au grand jour (Lc 12,2-3). C’est ce qu’on appelle le jour du jugement. Ce sera la révolution de la vérité et de l’amour. Pas de la vérité seulement, sinon nous serions dévoilés uniquement pour notre honte. Ce sera la révolution de la vérité, oui, et de l’amour en même temps : nous vivrons la vérité sur notre vie mais en pouvant aussi nous sentir tant aimés. C’est pourquoi Jésus dit que, tandis que ceux qui ignorent le sens des événements « mourront de peur » (Lc 21,26), nous pourrons « redresser la tête » (v.28) si nous avons le courage de nous laisser aimer sans discuter, sans nous justifier nous-mêmes, humblement.
Maintenant c’est l’Avent, un temps qui nous est donné d’en haut pour nous préparer à la révolution de Dieu. Jésus nous en donne lui-même le contenu : « restez éveillés et priez en tout temps », pour avoir la force de « tenir debout devant le Fils de l’homme », de tenir dans la foi, dans la confiance d’être aimés.
Quand je passe du temps dans la prière, je me souviens que je suis aimé de Dieu, je laisse cette conviction pénétrer lentement en moi en me tenant avec amour devant mon Dieu. Le Christ reviendra, et il vient déjà. Même si tout est noir autour de moi, je sais que le Seigneur Jésus reviendra et il mettra tout le monde d’accord. Et dès maintenant il vient à la porte de mon cœur et il frappe (Ap 3,20). Si j’ouvre, il entrera et me donnera la paix et la force d’aimer et de tenir.
Pour ce temps de préparation, saint Paul nous donne lui aussi un outil qui change tout : cultiver un amour de plus en plus intense et débordant (1 Th 3,12). Un amour jamais rassi. Un amour qui cherche à échapper à la routine. En rentrant à la maison, dites-vous, en pensant à vos proches ou à quelqu’un qui est plus loin : qu’est-ce que je pourrais faire pour t’aimer davantage ?