homélie du 3e dimanche de Pâques C, 5 mai 2019
Cet épisode{joomplu:6} de pêche ratée qui se termine par une rencontre de Jésus ressuscité me fait penser que le Seigneur nous visite dans notre vie quotidienne et même plus particulièrement dans nos échecs, dans ce qui ne va pas. D’ailleurs beaucoup de personnes disent : je n’ai pas besoin de Dieu, je me débrouille tout seul, ça va bien ainsi. C’est souvent quand les épreuves de la vie nous dépouillent et nous forcent à l’humilité que nous finissons par choisir de faire une place à Dieu. C’est bon de considérer ainsi les épreuves de la vie.
Au cœur de la vie quotidienne le Fils de Dieu nous visite et il nous invite : « venez manger » (Jn 21,12). C’est ce que vous êtes venu faire, au milieu de vos activités, venir manger avec lui.
Dans cette communauté des disciples et de l’homme sur le rivage, on ne voit pas tout de suite que le Seigneur est présent. Il faut que quelqu’un le dise, le remarque, pour que les autres le voient et profitent consciemment de sa présence. Dans nos communautés, cela devrait être le rôle du prêtre, de dire : « c’est le Seigneur ! », lui qui commence la célébration en disant : « le Seigneur soit avec vous ! » Mais ce n’est pas un rôle réservé : il m’arrive souvent d’être bousculé par la foi de l’un d’entre vous, qui me dit : le Seigneur est là, il agit. C’est bon de nous stimuler mutuellement dans la foi. Demandez au Seigneur qu’il vous donne des occasions de dire simplement votre foi, comment vous le reconnaissez et comment vous comptez sur lui.
Le Seigneur a organisé un repas, un moment pour être ensemble. Dans un repas partagé, on se réjouit de la présence des autres, on souhaite avoir de leurs nouvelles ou simplement être avec eux. À moins qu’on se trouve à ce repas à contre-cœur, parce qu’il y a un froid et qu’on a besoin de se réconcilier avec ceux qui sont là (ou parce que nous nous disons que nous nous suffisons à nous-mêmes, ce qui est le début de l’endurcissement du cœur). On ne se demande pas : à quoi ça sert d’aller manger avec des amis ? Cela échappe à l’utilité, c’est tout simplement un élément de la vie.
Il en va de même du repas organisé par le Seigneur que l’on appelle eucharistie ou messe. On ne la comprend pas si on demande : à quoi ça sert que j’aille à la messe ? Sa juste place, c’est de faire partie de la vie, tout simplement. J’y vais comme je vais dîner avec des amis. Ceux qui sont là ne me paraissent-ils pas comme des amis ? C’est très possible, soit parce que je ne m’intéresse pas à eux, soit parce qu’ils ne s’intéresse pas à moi, soit parce qu’il y a un froid entre nous. C’est un domaine où notre paroisse doit encore progresser, même si nous faisons déjà quelques efforts. Le Seigneur attend que nous vivions les uns par rapport aux autres comme des frères et des sœurs. Regardons notre cœur pour voir par rapport à qui il y a un travail à faire dans ce sens. Cela n’est possible que si nous sommes conscients que le Seigneur est là, nous aime et nous invite. Nous nous rapprochons les uns des autres parce que nous aimons ensemble le Christ et parce qu’il nous donne à tous Dieu pour Père. Pensons à quelqu’un que nous aimons moins ici et disons-nous : Dieu est son Père, et avec lui je vais louer notre Seigneur.
Enfin, si nous avons la force de faire cela c’est parce que Jésus le Christ prend encore aujourd’hui le pain et dit : « ceci est mon corps, livré pour vous » ! Nous le voyons donner sa vie, nous mettons notre cœur à l’unisson du sien en rendant grâce et en pensant : je vais me donner comme toi.
Le Seigneur est présent. Laissons-le animer notre communauté !