homélie du 2e dimanche de Pâques, 28 avril 2019
Jésus n’a rien écrit,{joomplu:413} mais il a formé des disciples, il les a initiés à la vie en groupe, en communauté. Et ces disciples ont eux-mêmes parcouru le monde pour fonder sur leur passage des communautés où on apprenait à connaître le Christ et à garder ses commandements.
Si nous connaissons l’Évangile, c’est parce que jusqu’à nous il y a eu une succession de communautés, qui priaient ensemble, qui écoutaient ensemble la Parole de Dieu et qui adoptaient un style de vie différent, conforme à l’enseignement de l’Évangile. Nous aussi, nous formons une communauté chrétienne au milieu de ces villages, et je suis convaincu que beaucoup de personnes dans nos quartiers sont appelées à connaître le Christ et à l’aimer grâce au témoignage de notre communauté. C’est normal qu’il se passe comme on disait dans les Actes des apôtres au sujet de la première communauté chrétienne : « personne n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge ; de plus en plus, des foules d’hommes et de femmes, en devenant croyants, s’attachaient au Seigneur » (Ac 5,13-14).
Bien sûr, notre époque très individualiste n’est pas favorable à la vie des communautés chrétiennes. Le dimanche matin ou le soir du groupe de prière, il y a tant d’autres choses intéressantes à faire ! Et il y a toujours le risque de venir à l’église comme au supermarché : en cas de besoin, ponctuellement. Dans ce cas, la communauté rend des services mais elle finit par s’épuiser. Ça ne peut fonctionner que quand beaucoup de gens se sentent responsables de la vie de la communauté et se disent : oui, c’est là que je veux prier le Seigneur avec les autres, écouter sa Parole et m’engager pour un monde meilleur. La volonté du Seigneur, c’est que nous sortions du mode « survie » pour nous soutenir les uns et les autres dans la foi, en priant pour tous ceux qu’il veut rejoindre par nous. Je vous remercie pour votre investissement dans les célébrations des fêtes de Pâques. C’est un des moyens par lequel le Seigneur peut nous faire rayonner. Le monde a tant besoin de sa lumière, de son amour.
Il y a encore une difficulté à surmonter : nous ne sommes pas seulement soumis à la pression individualiste, mais aussi au doute ambiant. Plein de gens racontent que la foi chrétienne, ce sont des fables d’une époque crédule, d’un temps où la science n’existait pas. Pourtant, il existe de grands scientifiques croyants. Et les apôtres ont montré par leur vie que ce qu’ils ont affirmé et écrit était vrai. D’abord, ils n’y ont pas cru eux-mêmes. Ce n’étaient pas des hommes crédules, ils voulaient pouvoir vérifier, ils avaient besoin d’expérience. Jésus leur offre cette expérience. Il n’y a pas que le tombeau vide, mais aussi les apparitions de Jésus ressuscité à ses apôtres, et ses demandes de le toucher, de vérifier qu’il n’est pas un fantôme, un pur esprit, mais que c’est vraiment lui, relevé d’entre les morts. Je suis content d’être de l’Église fondée sur les apôtres et que dans ces apôtres il y a saint Thomas.
Ces apôtres, qui racontent eux-mêmes qu’ils n’étaient pas faciles à convaincre, vont ensuite faire le choix d’une existence précaire, une vie sans cesse menacée, à annoncer cette nouvelle lumière qui brûlait leur cœur. Ils vont parcourir le monde antique, les uns vers l’est (Thaddée, Thomas et leurs disciples, jusqu’en Inde, en face du Sri Lanka, où se trouve le tombeau de saint Thomas), les autres vers l’ouest (Pierre, qui donne sa vie pour le Christ à Rome, Jean que nous retrouvons exilé sur l’île de Patmos, et tant d’autres au destin moins précis). Immédiatement après eux, une foule de gens touchés par leur exemple et leur enseignement vont s’attacher au Christ au point d’en faire le centre de leur vie et de tout endurer pour lui, jusqu’au martyre. Ô Seigneur, fais-nous la grâce de nous rendre compte de la solidité du fondement de notre foi ! Et attache-nous à toi de la même façon que ces premiers témoins, pour que leur joie soit notre joie et que ton Nom se répande chez nous aujourd’hui et demain ! Frères et sœurs, ensemble, aimons le Christ de tout notre cœur ! Et accueillons cette béatitude : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20,29)